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Les pierres sonnantes de Justine Emard et Laura Morciano

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Boulogne-Billancourt. La Seine musicale. 19-I-2024. Lithophonic. Voyage de l’écoute et du regard. Lara Morciano (née en 1968), création musicale pour six instruments et électronique ; Justine Emard (née en 1987) : installation visuelle et sonore. Ensemble TM+ : Florent Jodelet et Gianny Pizzolato, percussions et lithophones ; Anne-Cécile Cuniot, flûte ; Vincent David, saxophone ; Maud Lovett, violon ; Charlotte Testu, contrebasse ; direction : Laurent Cuniot

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Après Diffractions, jouant sur l'interaction du son et de la lumière, Lithophonic, donné sur le plateau de la Seine Musicale, est une nouvelle collaboration de la plasticienne Justine Emard avec l', un nouveau voyage de l'écoute et du regard embarquant dans l'aventure la compositrice .

Dans Lithophonic, créé en octobre dernier à la Maison de la Musique de Nanterre, les deux artistes se sont concentrées sur la pierre, matière originelle que Justine Emard façonne et filme et que fait sonner, s'aidant toutes deux des outils technologiques qui en modèlent les composantes. La première a sélectionné elle-même les pierres des trois lithophones exposés sur le plateau, en fonction de la nature de la roche et ses capacités à résonner. À jardin, les pierres sont suspendues à une structure métallique, variant leur morphologie et leur sonorité. À cour, elles sont disposées, du grave à l'aigu, sur un support aussi léger que possible pour ne pas entraver la résonance. Au centre, trône une stèle qui semble porter des inscriptions, sorte d'objet rituel qui devient instrument de musique lorsqu'on en joue. Sans pause ni applaudissements, ce voyage au cœur de la matière, magnifié par les images de la plasticienne, invite sur la scène six instrumentistes (flûte, saxophone, violon, contrebasse et percussions) sous la direction de ainsi qu'un dispositif d'écoute immersif (six haut-parleurs distribués dans l'espace) que contrôle en direct la compositrice épaulée par le Réalisateur en Informatique Musicale (RIM) José Miguel Fernandez.

Avec une pierre dans chaque main, nous fait entrer dans l'énergie et la poésie de la matière brute en frottant doucement la stèle centrale. Ainsi commence l'exploration. L'amplification restitue l'entrechoc délicat et les fins éclats de la roche avant que les instruments, qui entrent progressivement dans le jeu, étoffent la résonance et colorent l'espace : du souffle aux sons multiphoniques de la flûte basse () et du saxophone baryton (Vincent David) sous les vibrations de la peau du tom grave () : le son sourd lentement des profondeurs, le spectre se déploie et la matière s'anime autant que les pierres sur le lithophone. s'est installé à cour, baguettes en main, devant son « clavier de pierres » qu'il joue avec une virtuosité qui sidère. La matière est fragile et s'érode à chaque exécution, fait-il remarquer. Il faut la frapper sur les bords pour en obtenir le meilleur rendement. Louvoyant entre temps resserré et dilaté, énergie survoltée et moments plus apaisés où le son se diffracte dans l'espace, la musique de nous met à l'écoute d'une matière sonore qui se transforme via l'action des logiciels (le Somax2 notamment, développé à l'Ircam) générant en direct un flux électronique qui passe par les haut-parleurs et démultiplie les sources sonores.

Modifiant les ambiances colorées, Justine Emard sollicite, elle aussi, la technologie (mapping et perspective en 3D) pour projeter ses images, profitant des anfractuosités du mur de la « Petite Seine » pour créer des effets singuliers. En noir et blanc ou en couleur, les morphologies rocheuses évoluent ou s'effilochent dans un temps qui s'accorde avec celui de la musique, générant parfois des relations synchrones entre sons et images.

On sent l'auditoire captivé par ce spectacle pluridisciplinaire, y compris le jeune public que TM+ aime convier à ses représentations. Attentifs autant que curieux, les élèves d'une des écoles environnantes ont été préparés en amont par les instrumentistes, animant pratiquement à eux-seuls le « bord de plateau » proposé par à la fin de la soirée.

Crédit photographique : ©

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