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Paris. Cité de la Musique-Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 18-I-2024. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour clarinette en la majeur, K.622. Martin Fröst, clarinette. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°6 en la mineur « Tragique ». Orchestre de Paris, direction : Lahav Shani
D'abord accompagnateurs de Martin Fröst dans le Concerto pour clarinette de Mozart, Lahav Shani et l'Orchestre de Paris se plongent ensuite dans la Symphonie n°6 de Mahler, interprétée comme en 2020 dans le sens le moins conventionnel aujourd'hui, avec le Scherzo en deuxième position.
Parmi les clarinettistes les plus impressionnants du moment, Martin Fröst retrouve la Philharmonie de Paris pour interpréter l'ultime concerto de Mozart, K.622, écrit quelques semaines avant de mourir par un compositeur encore en pleine possession de ses moyens. Bien qu'il ait d'abord été prévu pour un instrument totalement oublié aujourd'hui, la clarinette de basset (de même que les concertos pour cors étaient écrits pour cornobone), l'ouvrage transcrit par la suite pour clarinette profite à Paris de l'interprétation d'un seul souffle et sans partition du soliste, toujours aussi impressionnant par la longueur des phrases et l'absence de prise d'air audible.
Parfois un peu trop légère, cette approche toujours claire et éthérée bénéficie particulièrement au long Allegro introductif, l'Adagio pouvant manquer de mélancolie, sans autre développement que son caractère classique par l'accompagnement de l'Orchestre de Paris et la direction de Lahav Shani. Jamais à bout de souffle, Martin Fröst répond le deuxième soir aux longs applaudissements par un premier bis en lien avec la suite, puisqu'il s'agit d'une improvisation de la Symphonie n° 6 de Mahler liée aux Klezmer Dances, préparées pour clarinette et ensemble par Göran Fröst. Puis il revient encore, avec la transcription pour clarinette et contrebasses en pédale de Nature Boy d'Eden Ahbez, superbement mise en lumière par son jeu.
En seconde partie, Lahav Shani rentre en scène devant une formation bien plus fournie pour s'attaquer à la « Tragique » de Mahler, donnée pour la deuxième fois cette saison à la Philharmonie, après la Bayerischen Rundfunk et Simon Rattle, mais comme la dernière fois qu'elle avait été jouée par l'Orchestre de Paris, avec le placement du Scherzo en deuxième position. Sans reprendre le développement de nos précédents articles sur le sujet, nous ne pouvons qu'une fois de plus totalement valider cet ordre, tant le retour de la tension de la seconde marche semble plus logique après le premier mouvement qu'avant le Finale, avec pour avantage de moins fatiguer l'auditeur et surtout les musiciens en dernière partie.
Lancé dans une grande concentration grâce à des cordes parfaitement tendues, l'Allegro energico, ma non troppo démontre l'aisance de l'Orchestre de Paris à présent dans cette musique, en même temps qu'il perd un peu plus chaque année sa sonorité française pour tendre vers un style plus international, perdant au passage une certaine transparence des cordes et certaines couleurs des bois. Impeccables, les cuivres et notamment les cors donnent du son dès qu'il le faut tout au long de la partition, tandis que de la petite harmonie ressort particulièrement la clarinette basse, ainsi que la flûte au troisième mouvement. Placé à droite mais jamais bien intégré au tout dans cette acoustique moderne, le célesta ressort parfois trop, là où l'on aurait aimé entendre plus les cloches d'alpages, tant sur scène qu'en coulisse.
Encore sans forte vision personnelle, Lahav Shani gère la partition d'une manière dynamique et claire en parvenant à bien utiliser les forces en présence, dont la première violon invitée, Byol Kang, en plus de trouver un joli lyrisme à l'Andante. Mais pas encore assez mûr pour donner une proposition intellectuelle profonde du Finale, il n'ose pas le troisième coup de marteau entendu avec Saraste en 2020, et livre avant tout avec l'Orchestre de Paris une prestation symphonique de grande tenue, jusqu'aux derniers instants.
Crédits photographiques : © ResMusica
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Paris. Cité de la Musique-Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 18-I-2024. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Concerto pour clarinette en la majeur, K.622. Martin Fröst, clarinette. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie n°6 en la mineur « Tragique ». Orchestre de Paris, direction : Lahav Shani