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De Bach à Bhatia pour débuter la 11ᵉ Biennale de quatuors à cordes

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Paris. Philharmonie-Cité de la Musique. 14-I-2024. Biennale de quatuors à cordes
14h30 : Amphithéâtre : Marathon « 50 for the future » (2) : Quatuor Agate : Adrien Jurkovic, Thomas Deschamps, violons ; Raphaël Pagnon, alto ; Simon Iachemet, violoncelle ; œuvres de Charlton Singleton, Peni Candra Rini, Barry Guy, Nicole Lizée, Yotam Haber, Rafiq Bhatia.
18h : Quatuor Zaide : Charlotte Maclet, Leslie Boulin Raulet, violons ; Sarah Chenaf, alto ; Juliette Salmona, violoncelle ; artiste invité, Amrat Hussain, tablas ; œuvres de Bryce Dessner, Susie Ibarra, Onutė Narbutaitė, Joan Jeanrenaud et Aruna Narayan.
16h : Grande salle Pierre Boulez : Johann Sebastian Bach (1685-1750) : L’Art de la fugue ; Quatuor Casals.

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Un vent de jeunesse souffle sur la 11ᵉ de la Philharmonie de Paris grâce à l'ambitieux « Kronos Fifty for the Future », un marathon déroulé sur deux après-midi qui invite six jeunes phalanges à l'Amphithéâtre de la Cité de la Musique ; tandis que dans la Grande salle Pierre Boulez sonne sous les archets des Casals l'intemporel Art de la fugue de J.S. Bach.

Pour fêter son demi-siècle en 2023, le mythique , phalange américaine dévouée à la musique de notre temps, a lancé depuis 2016, et à l'internationale, cinquante commandes (pensées spécialement pour les jeunes professionnels) à autant d'artistes aux cultures et horizons les plus diversifiés : l'opportunité, pour les jeunes quatuors qui les ont mises à leur répertoire, d'élargir leur champ d'écoute et d'enrichir leur palette sonore.

Ainsi, au deuxième jour de ce marathon, le , quatre garçons « dans le vent », a-t-il à portée de main un ventilateur et de petites percussions requises pour certaines œuvres de leur programme. Après Testimony de l'Afro-américain , balançant entre séquences rythmiques et épanchement mélodique, l'Indonésienne Peni Candra Rini, dans Maduswara, fait entendre des échos de gamelan mâtiné d'échelles microtonales d'un grand raffinement. Les archets autant que la sonorité des Agate y sont toujours contrôlés, emmenés par un premier violon solaire et une belle synergie de l'ensemble. Des qualités qui se retrouvent dans l'œuvre tout en contrastes du britannique Barry Guy, musicien de jazz qui fait alterner polyphonie consonante et commentaires bruyants. Les ventilateurs tournent dans Darkness is not well lit de Nicole Lizée, une courte pièce où l'action du vent vient hybrider le son des cordes. Dans Glimmers (Lueurs) de résonnent les instruments du rituel (wood-block, tambour et gong) au terme d'une pièce augmentée d'une partie électroacoustique.

Elles étaient déjà sur la scène la veille (« 50 for the future 1 ») ; les Zaïde, quatre filles au caractère bien trempé, ont invité à leur côté le joueur de tablas avec lequel elles clôturent ce marathon. Entre séduction sonore et richesse polyrythmique, l'Américain puise aux sources de la musique médiévale dans Le bois, sollicitant l'énergie du geste et la précision d'archet de nos quatre interprètes superbement investies.

Just strings and a light wind above them de la lituanienne est une étude aux allures, diversifiant à l'envi le profil ondulatoire du son sur les quatre cordes. Première violoncelliste du Quatuor Kronos, est également compositrice, à l'affiche du concert des Zaïde. Combinant divers modes de jeu sur les cordes, Knock est une pièce aussi séduisante que bien maîtrisée par nos musiciennes tout terrain. C'est le tanpura (sorte de luth égrenant les notes du mode requis pour le raga) entendu sur les haut-parleurs qui introduit Mishra Pilu de l'Indienne Aruna Narayan. À l'œuvre sur ses deux fûts accordés (les tablas), nous régale d'une performance virtuose tandis que les cordes, en relai ou en doublures sous les pizzicati du violoncelle, déroulent leur mélopée très ornementale, nous éloignant d'autant de l'univers et de l'écriture du quatuor à cordes.

Jouer Bach en quatuor

Autre projet, longuement muri lui-aussi, celui du célébrant ses 25 ans avec l'Art de la fugue (BWN 1080), cette somme commencée en 1744 où Bach concentre et synthétise tout son savoir en matière d'écriture. Si le Cantor ne précise pas son médium instrumental (vraisemblablement le clavier), force est de constater que le contrepoint à quatre voix acquiert sa plénitude via les instruments du quatuor à cordes, surtout lorsqu'ils bénéficient de l'acoustique porteuse de la Grande salle Pierre Boulez. On est d'emblée séduit par la ductilité du son (gageons que les cordes sont en boyau), l'homogénéité des quatre archets, l'élan de la phrase et la justesse de l'articulation des Casals dont l'aisance du jeu et l'intelligence du texte nous comblent. Entre fugues (« contrapunctus », note Bach sur la partition) et canons à quatre, dûment conduits par les musiciens, les duo et trios sont ces moments privilégiés « où le contrepoint devient par lui-même et en lui-même expressif », écrit Gilles Cantagrel dans la notice de programme. Ils sont mis en valeur par le déplacement à cour et à jardin des interprètes qui ne jouent pas. Une trajectoire ainsi se dessine, qui culmine avec la « Fuga a tre soggetti » (le troisième « sujet » épèle les quatre notes sur le nom de Bach) du quatorzième et dernier Contrapunctus que le Cantor laisse inachevé au milieu de l'année 1749. Plutôt que de laisser l'écoute en suspend, comme aiment le faire certains interprètes, les Casals optent pour une solution plus conclusive, achevant l'ultime opus du Cantor, dont l'exécution tutoie ce soir la perfection, par le Choral « Wenn wir in Höchsten Nöten sein » (« Quand nous sommes dans une situation désespérée ») BWV 668a.

Crédit photographique : © Philharmonie de Paris

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Paris. Philharmonie-Cité de la Musique. 14-I-2024. Biennale de quatuors à cordes
14h30 : Amphithéâtre : Marathon « 50 for the future » (2) : Quatuor Agate : Adrien Jurkovic, Thomas Deschamps, violons ; Raphaël Pagnon, alto ; Simon Iachemet, violoncelle ; œuvres de Charlton Singleton, Peni Candra Rini, Barry Guy, Nicole Lizée, Yotam Haber, Rafiq Bhatia.
18h : Quatuor Zaide : Charlotte Maclet, Leslie Boulin Raulet, violons ; Sarah Chenaf, alto ; Juliette Salmona, violoncelle ; artiste invité, Amrat Hussain, tablas ; œuvres de Bryce Dessner, Susie Ibarra, Onutė Narbutaitė, Joan Jeanrenaud et Aruna Narayan.
16h : Grande salle Pierre Boulez : Johann Sebastian Bach (1685-1750) : L’Art de la fugue ; Quatuor Casals.

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