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La Katia Kabanova minimaliste de Barrie Kosky à l’épreuve de l’écran

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Leoš Janáček (1854-1828) : Káťa Kabanová, opéra d’après L’Orage d’Alexandre Ostrovski. Mise en scène : Barrie Kosky. Décor : Rufus Didwiszus. Costumes : Victoria Behr. Lumières : Franck Evin. Jens Larsen, basse (Dikoj) ; David Butt Philip, ténor (Boris Grigorjevič) ; Evelyn Herlitzius, soprano (Kabanicha) ; Jaroslav Březina, ténor (Tichon) ; Corinne Winters, soprano (Káťa) ; Benjamin Hulett, ténor (Váňa Kudrjáš) ; Jarmila Balážová, soprano (Varvara) ; Michael Modifian, baryton-basse (Kuligin) ; Nicole Chirka, mezzo-soprano (Glaša) ; Ann-Kathrin Niemczick, soprano (Fekluša). Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor (chef de chœur : Hux Rhys James) ; Wiener Philharmoniker, direction : Jakub Hrůša. Réalisation : Felix Breisach. 1 DVD Unitel Edition. Enregistré en août 2022 au Festival de Salzbourg à la Felsenreitschule. Sous-titrage : anglais, allemand, français, espagnol, coréen et japonais. Durée : 103:00

 
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La mise en scène du sixième opéra de présentée à Salzbourg par le grand metteur en scène australien peine à s'imposer dans le format intime du DVD.

Mon premier est le cadre du Manège des rochers (Felsenreitschule) : cette façade cinémascopique de niches et d'arcades taillées à même la roche semble avoir inspiré à une vénération telle que sa Katia salzbourgeoise apparaît comme une ode à ce lieu mythique. Les niches sont murées mais leur dessin transpire à l'arrière-plan de l'action. Pas de décor. Que des corps : ceux posés, en fonds de plateau, d'une foule muette de mannequins aussi vrais que nature, desquels se démarqueront les personnages en chair et en os de l'opéra. Une très belle idée que cette majorité silencieuse prête à tous les harcèlements, et qu'un long rideau tiré de cour à jardin permet de réagencer d'un tableau l'autre.

Mon second est une interprète hantée, en pleine possession de ses moyens, et entourée, jusque dans les moindres rôles, de solides comparses. , donc, bouleversante Katia éperdue de courses folles d'un bout à l'autre du Manège, toute de lyrisme désespéré, dont la jeunesse magnétique hypnotise à juste titre la caméra -un miracle d'incarnation que la soprano reproduira quelques mois plus tard à Lyon ; , Kudrjáš énergique et sensuel, composant avec la Varvara de une manière d'idéal d'inconséquence adolescente ; , Boris aussi intense que lâche, comme impliqué malgré lui dans les affres de la passion ; , électrisante cracheuse de venin d'un opéra où sa Kabanicha n'a aucun scrupule à reprocher à son fils de « davantage aimer sa femme que sa mère ».

Mon troisième est le prodigieux ensemble des pupitres de l'orchestre de haut vol qui, en 1977, révéla cet opéra au disque : les Wiener Philharmoniker dans l'enregistrement Decca du regretté Charles Mackerras, dirigés ici avec fièvre et une maîtrise avisée des incessantes ruptures de ton typiques du style Janáček, par l'actuel chef de l'Orchestre de Bamberg, . Bref, l'opéra est donné d'une traite.

Mon tout accouche du projet le plus minimaliste de , direction d'acteurs comprise. Sans réelle surprise, le spectacle, si l'on excepte les très beaux contre-jours découpés sur la roche nue de l'Acte II, repose quasi-entièrement sur les épaules de ses interprètes. De cette économie de moyens affichée ne subsiste pas grand-chose dans le filmage problématique de Félix Breisach, appliqué qu'il semble à cocher toutes les cases de la frustration. En premier lieu, un angle de vue systématiquement de biais en ce qui concerne la captation de l'intégralité du cadre de la Felsenreitschule, un comble en regard du parti-pris initial de Kosky d'en magnifier le format cinématographique ; à quoi il faut ajouter le mépris total des variations ascensionnelles d'un ciel de projecteurs dont on devine qu'il devait faire son petit effet in loco ; avec, corollaire obligé de ces choix absurdes, une pléthore de gros plans ne flattant pas tous les interprètes avec le même bonheur (le pénible duo Kabanicha/Dikoï) et même ratant parfois entrées et sorties, dernier manquement difficilement justifiable face à un spectacle qui s'annonçait pourtant comme du pain bénit pour un vidéaste peu concerné.

Dans ces conditions, on reviendra pour longtemps à la très spectaculaire version de Robert Carsen, durable choc esthétique amoureusement capté par François Roussillon (DVD FRA), plus à même de rendre indiscutables les beautés d'une partition qui peine encore à convaincre nombre d'amateurs d'opéra.

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Leoš Janáček (1854-1828) : Káťa Kabanová, opéra d’après L’Orage d’Alexandre Ostrovski. Mise en scène : Barrie Kosky. Décor : Rufus Didwiszus. Costumes : Victoria Behr. Lumières : Franck Evin. Jens Larsen, basse (Dikoj) ; David Butt Philip, ténor (Boris Grigorjevič) ; Evelyn Herlitzius, soprano (Kabanicha) ; Jaroslav Březina, ténor (Tichon) ; Corinne Winters, soprano (Káťa) ; Benjamin Hulett, ténor (Váňa Kudrjáš) ; Jarmila Balážová, soprano (Varvara) ; Michael Modifian, baryton-basse (Kuligin) ; Nicole Chirka, mezzo-soprano (Glaša) ; Ann-Kathrin Niemczick, soprano (Fekluša). Konzertvereinigung Wiener Staatsopernchor (chef de chœur : Hux Rhys James) ; Wiener Philharmoniker, direction : Jakub Hrůša. Réalisation : Felix Breisach. 1 DVD Unitel Edition. Enregistré en août 2022 au Festival de Salzbourg à la Felsenreitschule. Sous-titrage : anglais, allemand, français, espagnol, coréen et japonais. Durée : 103:00

 
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