Luttant depuis deux ans et avec un rare courage contre la maladie, Bruno Ducol, compositeur, pianiste et pédagogue, nous a quittés à l'âge de 74 ans, laissant sur son piano son dernier opus inachevé au titre prémonitoire, « Entre regard et silence », une pièce vocale sur des poèmes de François Cheng.
D'une culture immense et d'un imaginaire vagabond, Bruno Ducol aimait puiser aux sources multiples de la civilisation pour nourrir son inspiration : de la musique antique (À Corinna) à l'art pré-colombien (Nuevo Amor) et à l'Extrême Orient (Li-Po), au carrefour des mythes et des sons. Son catalogue d'une soixantaine d'opus révèle son attachement pour la nature (Une aube en clair-obscur), sa passion pour les volcans dont les résonances s'entendent dans sa musique (Alpaya, En bleu et cendres, Les espaces etnéens, Les Feux du Fuji…), son goût pour la littérature et la peinture (Vibrations chromatiques, Nu descendant un escalier, Treize fenêtres…) : finesse de l'écriture, combinatoire rythmique et raffinement des couleurs sont l'apanage d'une musique d'une grande intensité expressive.
Parallèlement à des études de philosophie et de musicologie, Bruno Ducol se forme au Conservatoire de Lyon puis de Paris (classes d'Olivier Messiaen, Yvonne Desportes, Claude Ballif, Pierre Schaeffer). Il sera pensionnaire de la Villa Médicis et de la Casa Velasquez. Professeur d'analyse au CNSMD de Paris jusqu'en 2014, il a formé bon nombre de musiciens, compositeurs et interprètes aujourd'hui sur la scène internationale. En 2015, il obtient le Prix de composition René Dumesnil de l'Académie des Beaux-Arts (Institut de France). (MT)
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