Rue de Valois, le grand salon était comble ce matin pour la passation de pouvoir entre Rima Abdul Malak et Rachida Dati : le personnel du ministère de la Culture, les représentants des établissements territoriaux… on pouvait y apercevoir Agnès Saal (haute fonctionnaire au ministère de longue date), Philippe Jost (à la tête du chantier de Notre-Dame) ou encore l'écrivain Erik Orsenna. On jouait des coudes pour être au premier rang tout en s'interrogeant sur cette nomination surprise qui fait réagir (exclusion-sanction de la nouvelle ministre de son parti LR…) et qui fait débat (mise en examen en cours pour « corruption passive », « trafic d'influence passif » et « recel d'abus de pouvoir » depuis 2021 dans l'affaire Renault-Nissan).
Très applaudie à son arrivée dans la salle et à l'issue de son discours de départ, Rima Abdul Malak, très souriante, exprime ses regrets de devoir partir au bout de 20 mois seulement (« c'est court ») n'ayant pu déjouer la malédiction du ministère qui sévit depuis 10 ans, dit-elle, à savoir qu'un ministre ne dure pas plus de 2 ans. L'ex-ministre rappelle son engagement pour la féminisation des postes, la transition écologique, la lutte contre la désinformation, et, à son actif, la création du Centre national de la musique, la contribution demandée aux plateformes de streaming, l'élargissement du pass culture notamment. Déclarant que son « mentor absolu » est Bertrand Delanoë pour qui elle a été conseillère culture à la mairie de Paris, elle réaffirme son engagement pour le droit des femmes et la lutte contre les violences sexistes… Elle laisse un budget 2024 en hausse de 6% à la nouvelle ministre.
Pour Rachida Dati qui ne peut se prévaloir d'une expérience dans le secteur culturel, le discours est accès sur l'expérience personnelle. La ministre se dit « très fière et très émue » d'accéder à ce poste, elle qui doit tant à la culture française, mettant en avant ses origines et le fait d'être une femme. Il est important pour les femmes d'avoir une liberté de penser, de parler, d'agir, insiste-t-elle. Rachida Dati pose les axes de ce qui pourra être son projet au ministère : rendre accessible la culture au plus grand nombre, avec une attention particulière aux quartiers et à la ruralité, promouvoir la culture populaire et le patrimoine (pour lequel elle est attentive à Paris, souligne-t-elle, en clin d'œil à Anne Hidalgo), privilégier l'exception culturelle. Si elle admet que son arrivée à ce poste peut surprendre, elle se déclare pas surprise par sa propre nomination, étant, de par son parcours, une représentante de la France populaire. Devant les dossiers et les projets qui l'attendent : « J'aime me battre » dit-elle, en forme de défi. (NF)
Mis à jour le 12/01/2024 à 12h23