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Un concert pour la paix par le RIAS Kammerchor pour le Nouvel an à Berlin

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Berlin. Philharmonie. 1-I-2024. Hubert Parry (1848-1918) : I was glad when they said unto me, pour chœur et orgue ; Georg Friedrich Haendel (1685-1759) : Te Deum HWV 278 pour la paix d’Utrecht ; concerto pour orgue et orchestre n° 13 HWV 295 « Le coucou et le rossignol » ; Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Magnificat en mi bémol majeur, BWV 243a. Nuria Rial, Marie-Sophie Pollak, sopranos ; Alex Potter, alto ; Kieran Carrel, ténor ; Roderick Williams, basse ; Raphael Alpermann, orgue positif ; Martin Baker, grand orgue de la Philharmonie ; RIAS Kammerchor Berlin ; Akademie für alte Musik Berlin ; Justin Doyle, direction.

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Avec son directeur musical Justin Doyle, le RIAS Kammerchor Berlin et l'Akademie für alte Musik, ouvrent l'année musicale avec une gravité bienvenue.


Le temps est décidément propice aux polémiques et même les fêtes ne les arrêtent pas : le RIAS Kammerchor avait annoncé pour son concert de Nouvel an à la Philharmonie de Berlin l'oratorio de Haendel Israel in Egypt, mais a préféré le remplacer en raison du caractère guerrier de l'œuvre, peu adapté dans les circonstances présentes. On peut contester cette décision, mais elle nous semble compréhensible, et quoi qu'il en soit sa remise en cause, qui conduit le chœur à une abondante communication pour expliquer son choix, ne conduit heureusement à aucune perturbation pendant et autour du concert lui-même. Le titre choisi pour le programme de substitution, Es möge Friede sein, que la paix règne, est au moins un message que personne ne peut contester.

Haendel est resté au programme de la soirée, avec le sympathique concert pour orgue Le coucou et le rossignol, et surtout avec son Te Deum de 1713, pour la paix d'Utrecht qui met un terme à la guerre de succession d'Espagne. Il y a bien des genres de Te Deum, de la version lumineuse de Haydn en 1799/1800 aux accents martiaux et triomphalistes de la France de Louis XIV (sans parler de celui de Tosca) : cette version haendelienne se distingue par son austérité pleine d'émotion, loin de toute emphase martiale. Le court adagio initial donne le ton, et sans pesanteur inutile Justin Doyle développe son interprétation sur ce moment initial de recueillement. Le chœur fondé en pleine guerre froide, comme son nom le rappelle (RIAS est l'acronyme de la Radio du secteur d'occupation américain), et qui fête aujourd'hui ses 75 ans, n'a pas perdu la cohérence et la force qui font depuis longtemps son identité ; la transparence des dialogues polyphoniques est naturellement assurée, mais ni les chanteurs ni leur directeur musical ne s'en contentent, au profit d'une force expressive que Doyle suscite aussi dans l'orchestre – le solo de flûte traversière de en dialogue avec les solistes est un bonheur instrumental.

Pour ouvrir le concert, le grand orgue de la Philharmonie se fait entendre pour accompagner le chœur dans une autre œuvre anglaise, beaucoup plus tardive, I was glad de (1901), qui s'est fait entendre récemment pour le couronnement de Charles III. La paix à Jérusalem est invoquée dans le texte, ce qui justifie son inclusion dans ce programme : ce rappel de la culture chorale britannique au fil des siècles est bienvenu, et le grand orgue sous les doigts de se montre un partenaire efficace, ample mais pas écrasant, pour un chœur dont on admire décidément la variété des équilibres sonores.

Il y a à peine plus d'un an, nous avions déjà vu le Magnificat de Bach à la Philharmonie de Berlin. La différence, cette fois, est non seulement que les deux ensembles qui l'interprètent sont tous deux implantés à Berlin, mais surtout que c'est dans la grande salle et non dans la salle de musique de chambre : c'est certainement un avantage en matière d'acoustique, la grande salle laissant se développer la polyphonie que le cadre plus étouffant qu'intime de la salle de musique de chambre ne favorise pas à ce point. L'effectif du chœur, plus vaste que celui de Vox Luminis il y a un an, permet sans difficulté de remplir la salle, et le recours à des solistes extérieurs au chœur, à commencer par la soprano et le contre-ténor , apporte en présence sonore ce qu'il fait un peu perdre en intimité et en concentration.

Dans l'orchestre, l'héroïne de la soirée est certainement la hautboïste Xenia Löffler, déjà chez Haendel, et plus encore dans son dialogue avec dans le Magnificat – sans oublier qu'elle se saisit aussi à l'occasion de la flûte à bec. Justin Doyle a beau être chef de chœur, il dirige l'orchestre avec une remarquable précision qui en fait tout sauf un simple accompagnement.

Crédits photographiques : © Oliver Look

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