Compositeur français de musique électroacoustique, Francis Dhomont, né en 1926, vient de nous quitter. Formé à la musique auprès de Nadia Boulanger et Charles Koechlin, il se familiarise très tôt avec les techniques d'enregistrement qu'il pratique d'abord en pionnier et en solitaire. L'installation de son studio électroacoustique personnel en Provence en 1963 marque le début d'une carrière associée à la composition acousmatique. Il effectue un stage au Groupe de Recherches Musicales (GRM) en 1973-1974 et fonde dans la foulée le festival Musiques multiples de Saint-Rémy-de-Provence où seront programmées les œuvres du GRM.
Il choisit ensuite de s'établir au Québec. Il y effectue une résidence d'un an à la Faculté de Musique de l'Université de Montréal et reste vingt-six ans sur le sol canadien, pendant lesquels il écrit, compose et enseigne, notamment à l'Université de Montréal de 1980 à 1996, avant son retour en France en 2004 et son installation en Avignon. Pédagogue réputé, il formera plusieurs générations d'électroacousticiens et d'acousmaticiens qui mèneront une carrière internationale, représentant ce qu'on reconnaît aujourd'hui comme l'École de Montréal.
Des problèmes d'yeux dans sa jeunesse l'obligeant à rester dans le noir expliquent la présence récurrente du thème de l'obscurité et de la nuit dans un catalogue qui affiche, à partir des années 1950, principalement des pièces acousmatiques : Figures de la nuit (1991), Studio de nuit (1992), Forêt profonde (1996). La psychanalyse est également un terrain qui va nourrir sa création : en témoigne sa pièce Sous le regard d'un soleil noir (1979-1981) qui traite de la schizophrénie.
Parmi les titres et les récompenses qui l'honorent, il est Docteur honoris causa de l'Université de Montréal en 2007 et reçoit la même année le Prix de la meilleure création contemporaine électroacoustique de la Sacem. Le Prix du Concours International de Bourges lui sera décerné en 1976, 1979, 1981, 1984 et 1988. (MT)