Comédies musicales, La Scène

Pour les fêtes de fin d’année, le Titanic vogue à Metz

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Metz. Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz. 23-XII-2023. Maury Yeston (né en 1945) : Titanic, comédie musicale en deux actes sur un livret de Peter Stone. Adaptation française : Stéphane Laporte et Jean-Louis Grinda. Mise en scène : Paul-Émile Fourny. Chorégraphie : Graham Erhardt-Kotowich. Décors : Emmanuelle Favre. Costumes : Dominique Louis. Lumières : Patrick Méeüs. Avec Lisa Lanteri, Kate MacGowan ; Apolline Hachler, Kate Murphy ; Valérie Zaccomer, Alice Beade ; Philippe Ermelier, Le Capitaine E. J. Smith ; Grégory Juppin, William Murdoch, commandant en second ; Adrian Conquet, Charles Lightoller, 1er Lieutenant ; Fabrice Todaro, Frederick Barrett, soutier ; Hadrian Levêque Di Savona, Harold Bride, opérateur radio ; Olivier Lagarde, Henry Etches, steward 1ère classe ; Pierre Huntzinger, Frederick Fleet, vigie ; Gilles Vajou, J. Bruce Isamy, directeur de la White Star Line ; Jean-Michel Richer, Thomas Andrews, l’architecte ; Tadeusz Szczeblewski, Isidor Strauss ; Scott Emerson, Charles Clarke ; Laurent Montel, Edgar Beane ; Clément Malczuk, Jim Farrell. Chœur de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz (cheffe de chœur : Nathalie Marmeuse ; direction : Michel Capperon). Ballet de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz (cheffe de ballet : Laurence Bolsigner-May ; maîtresse de ballet : Maud Wachter). Ensemble Orchestral national de Metz Grand Est, direction : Aurélien Azan Zielinski

Nouvelle production de l'Opéra-Théâtre de Metz pour évoquer le sombre destin du Titanic, dans une comédie musicale tout à fait conforme aux lois du genre.

Cela faisait plus de quinze ans qu'on n'avait pas entendu la version française de Titanic, concoctée en 2000 par Stéphane Laporte et Jean-Louis Grinda pour les théâtres de Liège et de Charleroi. Pour les premières représentations en France de la comédie musicale de et de , on saura donc gré à Paul-Émile Fourny et à l'Opéra-Théâtre de l'Eurométropole de Metz d'avoir fait le choix, pour les fêtes de Noël, d'un ouvrage tout à fait atypique, parfaitement à même d'emporter l'adhésion du public par la popularité de son sujet et par l'originalité de la proposition.

Contrairement à ce que l'on pourrait croire, la comédie musicale, créée à Broadway en 1997, n'est en rien une adaptation du célébrissime film de James Cameron, sorti dans les salles seulement quelques mois plus tard. Si l'on trouve forcément quelques dénominateurs communs, notamment un fil narratif qui s'intéresse aux différentes classes sociales dont chacune vit à sa manière ses aspirations et ses espoirs pour un monde meilleur, l'intrigue de la comédie musicale est privée d'une véritable romance telle que celle vécue par Rose et Jack dans le film. Cela ne veut pas dire que la comédie musicale est dépourvue d'histoires d'amour, bien au contraire. C'est par petites touches que s'expriment les sentiments des uns et des autres, tous emportés par le rêve que représente pour eux le paquebot annonciateur d'un avenir radieux. Une des trois Kate irlandaises croit rencontrer l'homme qui voudra bien élever l'enfant qu'elle porte en son sein ; Frederick Barrett compte sur la solidarité du télégraphiste Harold Bride pour adresser un message d'amour à sa fiancée ; la richissime Ida Strauss refuse, au moment du naufrage, de se séparer de l'homme dont elle partage la vie depuis quarante ans. Tout comme pour le film, la construction narrative est structurée par un double compte à rebours, celui constitué de l'accumulation de bévues et d'erreurs de jugement qui vont immanquablement conduire à la collision que tout le monde attend puis, ensuite, celui encore plus haletant qui sépare l'annonce du naufrage de la catastrophe finale. Cette dernière est habilement suggérée par la conjonction d'images vidéo représentant les chaloupes qu'on jette à la mer, et la bascule du plateau qui, en pivotant, donne l'impression de s'enfoncer dans la mer.

On soulignera l'ingéniosité et la beauté époustouflantes des décors d'Emmanuelle Favre, constitués d'un certain nombre d'éléments mobiles en dur – escaliers, plateformes et bastingages – et également d'images et de clips vidéo destinées à évoquer, dans le plus grand réalisme, le paquebot disparu en 1912. Même réalisme pour la confection des superbes costumes de Dominique Louis afin d'habiller les officiers et l'équipage du Titanic, mais également les passagers des 1ère, 2ème et 3ème classes. Parmi les moments les plus réussis, on pourra citer la gigue dansée des Irlandais, le ballet sur un rythme de ragtime, mais également des moments plus mélancoliques où certains des solistes expriment leurs espoirs et leurs sentiments. La musique de , très inspirée de la musique de film, n'est pas toujours de la plus grande subtilité, mais elle est fidèle aux lois du genre et finit par séduire par son à-propos et son efficacité. Écrite pour grand orchestre symphonique, elle n'est pas sans faire entendre quelques dissonances et elle peut de temps à autres impressionner par son caractère grave et solennel, comme au moment du chœur final, véritable hymne à la gloire de l'humanité et à la performance technologique. On sera peut-être moins indulgent envers la relative pauvreté de la version française du texte de , dont les parties chantées gagneraient à être revues pour gagner en naturel et en fluidité.


D'un plateau exceptionnellement fourni – près de 80 personnages à l'affiche – émergent quelques figures centrales, notamment parmi les officiers et l'équipage du Titanic : son capitaine, l'architecte-concepteur du navire, le riche armateur, le commandant en second, l'opérateur radio, le soutier, etc. Certains des nombreux passagers se taillent également un rôle plus important que d'autres même, si de manière générale, aucun personnage ne s'impose véritablement comme un ou une protagoniste de l'action. L'exceptionnelle qualité de la direction d'acteurs donne plutôt l'impression que chaque intervention, aussi brève soit-elle, est essentielle à l'économie générale de l'œuvre. L'Opéra-Théâtre de l'Eurométropole de Metz a ainsi mobilisé l'ensemble de ses forces et les membres du chœur et du corps de ballet se trouvent ainsi individualisés, sortis de l'anonymat de la troupe pour interpréter un personnage à part entière, chacun des choristes se voyant confier un ou plusieurs rôles parfaitement identifiés.


Pour les rôles plus importants, la distribution a fait appel à des chanteurs-acteurs expérimentés, tous familiers de l'univers de la comédie musicale. Le rôle du Capitaine E.J. Smith est ainsi incarné par la basse , autoritaire autant par son chant que par son jeu, parfaitement secondé en cela par le commandant en second d'Adrian Conquet, bien chantant lui aussi. Se détache également, pour le rôle de l'architecte Thomas Andrews, le ténor du Canadien , remarquable par sa diction et par le naturel de son jeu. Ce personnage central ouvre et ferme la comédie-musicale, plongé dans ses plans qu'il peaufine au démarrage puis corrige au moment du naufrage. Parmi les belles prestations de la soirée on citera également celle de , émouvant soutier, qui forme un sympathique duo avec le télégraphiste Harold Bryde élégamment chanté par Hadrian Levêque Di Savona. Joli numéro de chant également de la part de Tadeusz Szczeblewski, qui parvient lui aussi à émouvoir dans son dernier air chanté en face de son épouse. Une mention également pour les trois Kate, menées par le soprano de , très joliment assorti à la voix de Clément Malczuk dans le rôle du passager de 3ème classe Tim Farrell.

Très sollicité également, autant pour ses performances collectives qu'individuelles, le Chœur de l'Opéra-Théâtre de l'Eurométropole de Metz donne toute satisfaction et brille par son professionnalisme et son engagement sans faille. Même constat pour le ballet, qui sait lui aussi habiter le plateau de façon particulièrement convaincante. De toute évidence, la partition de gagne à être jouée par un orchestre de la qualité de l', qu' dirige avec élégance et efficacité.

En somme, un spectacle riche et stimulant, plus peut-être pour l'œil que pour l'oreille. Le public extrêmement nombreux a réservé le meilleur accueil à cette belle production qui mériterait assurément d'être vue par d'autres dans d'autres théâtres.

Crédit photographique : © Luc Bertau – Opéra-Théâtre Eurométropole de Metz

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Metz. Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz. 23-XII-2023. Maury Yeston (né en 1945) : Titanic, comédie musicale en deux actes sur un livret de Peter Stone. Adaptation française : Stéphane Laporte et Jean-Louis Grinda. Mise en scène : Paul-Émile Fourny. Chorégraphie : Graham Erhardt-Kotowich. Décors : Emmanuelle Favre. Costumes : Dominique Louis. Lumières : Patrick Méeüs. Avec Lisa Lanteri, Kate MacGowan ; Apolline Hachler, Kate Murphy ; Valérie Zaccomer, Alice Beade ; Philippe Ermelier, Le Capitaine E. J. Smith ; Grégory Juppin, William Murdoch, commandant en second ; Adrian Conquet, Charles Lightoller, 1er Lieutenant ; Fabrice Todaro, Frederick Barrett, soutier ; Hadrian Levêque Di Savona, Harold Bride, opérateur radio ; Olivier Lagarde, Henry Etches, steward 1ère classe ; Pierre Huntzinger, Frederick Fleet, vigie ; Gilles Vajou, J. Bruce Isamy, directeur de la White Star Line ; Jean-Michel Richer, Thomas Andrews, l’architecte ; Tadeusz Szczeblewski, Isidor Strauss ; Scott Emerson, Charles Clarke ; Laurent Montel, Edgar Beane ; Clément Malczuk, Jim Farrell. Chœur de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz (cheffe de chœur : Nathalie Marmeuse ; direction : Michel Capperon). Ballet de l’Opéra-Théâtre de l’Eurométropole de Metz (cheffe de ballet : Laurence Bolsigner-May ; maîtresse de ballet : Maud Wachter). Ensemble Orchestral national de Metz Grand Est, direction : Aurélien Azan Zielinski

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