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Les Ballets de Monte-Carlo rendent un vibrant hommage à Ravel

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Salles des Princes, Grimaldi Forum, Principauté de Monaco. 21-XII-23. Ballets de Monte-Carlo : Soirée Ravel
Maurice Ravel (1875-1937) : La Valse, chorégraphie George Balanchine; Valses Nobles et Sentimentales (1911), La Valse (1920). Costumes : Karinska. Décors : Jean Rosenthal. Lumières : Ronald Bates (production originale), Mark Stanley (production actuelle). Ballet remonté par Patricia Neary. Première : 20 février 1951, New York City Ballet, City Center of Music and Drama.
L’Enfant et les sortilèges (création)
Chorégraphie : Jean-Christophe Maillot. Musique : Maurice Ravel, L’Enfant et les Sortilèges (1925), livret de Colette. Assistant chorégraphe : Bernice Coppieters. Costumes et décors : Jérôme Kaplan. Lumières : Dominique Drillot. Vidéo : Loic Van der Heyden. Dessins originaux : Ines Reddah. Perruquier : Sky Flores. Première création : le 18 avril 1992, dans le cadre du Printemps des Arts de Monte-Carlo, Salle Garnier, Opéra de Monte-Carlo, nouvelle création : le 19 décembre 2023, Salle des Princes, Grimaldi Forum. Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo, direction: Stefano Visconti); Les Académies lyriques de l’Opéra de Monte-Carlo (avec le soutien de la Cecilia Bartoli – Music Fondation); Chœur d’enfants de l’Académie de Musique et Théâtre Rainier III; Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, direction : David Molard Soriano

  • Monaco
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    À l'occasion du centenaire de Rainier III, les consacrent une soirée entière à Ravel, avec une reprise de La Valse de Balanchine et la re-création de L'enfant et les sortilèges par , pour une version XXL avec chœurs et orchestre.

    Entrée au répertoire des en 1994, La Valse est un bijou de Balanchine créé en 1951 par le New York City Ballet. Ce poème chorégraphique composé par Ravel en 1920 a connu de nombreuses versions. En effet, alors que l'oeuvre avait été composée à la demande de Serge de Diaghilev, elle ne plut pas à ce dernier, et fut d'abord donnée en concert. Nijinska en donne pourtant deux versions successives, en 1928 (cette fois, c'est au compositeur qu'elle ne plaît pas), puis en 1929 à l'Opéra de Paris, reprise par Fokine en 1931. Lifar et Massine en donneront aussi leur propre version avant celle de Balanchine, qui adjoint à la partition sept des huit Valses nobles et sentimentales.

    C'est la quintessence de la Haute société new-yorkaise des années 50 qui a inspiré le chorégraphe dans ce ballet, qui semble d'abord abstrait, puis révèle un twist narratif lors de son dénouement. Le personnage de la mort a en effet été introduit par Balanchine, une nouveauté par rapport aux versions antérieures.

    Les danseuses portent des tutus de tulle violet et de long gants blanc. Queue de cheval haute et bijoux strassés complètent leur look, très 5ème avenue ou Tiffany. Les danseurs sont en frac (collant et haut moulant à plastron), ils font preuve de l'élégance et de la vivacité nécessaire à l'interprétation de ce ballet très hollywoodien. Couple de solistes et corps de ballet sont vifs et étincelants, et l'on n'en attendait pas moins d'un ballet remonté par , gardienne du temple Balanchine depuis de nombreuses années.

    Soudain, cependant, la danseuse principale, incarné par , est attirée par un homme en plastron sombre, La mort, dansé par . Il passe au cou de la ballerine un collier de jais et lui fait enfiler des gants noirs, avant de la faire danser jusqu'à ce que mort s'en suive. Son cavalier, ici , ne peut rien faire et assiste impuissant au drame. On pense à la légende bretonne de la danse et de l'Ankou, raconté par Christophe Honoré, dans le film « Non ma fille, tu n'iras pas danser » ou au film « Les chaussons rouges ».

    L'enfant et les sortilèges a été créé à l'opéra de Monte-Carlo en 1925. C'était l'œuvre favorite du prince Rainier III, dont le Rocher fête cette année le centenaire de la naissance, raison suffisante pour une grande création pour danse, chant et orchestre à partir de ce poème écrit par Colette. Une première version pour la scène chorégraphiée par a été présentée à l'Opéra de Monte-Carlo en 1992, année où ce dernier rencontre , étoile emblématique des dont elle est aujourd'hui maîtresse de ballet. De nouveaux décors et costumes, signés , à partir des dessins originaux d'Ines Reddah, donnent aujourd'hui à cette délicieuse et subversive pièce musicale une résonance toute contemporaine.

    Avec 240 artistes, cette production XXL est aussi une expérience chorégraphique et musicale. 50 danseurs sur le plateau, 90 musiciens dans la fosse, les chanteurs solistes dans une loge d'avant-scène et une centaine de choristes répartis dans les loges du 2ème balcon à cour et à jardin, ou directement sur le plateau pour le chœur d'enfants. C'est à une spatialisation du son naturelle que nous convie David Molard Soriano, le chef de l'.

    L'enfant, dansé par la malicieuse et chanté par , s'ennuie en faisant ses devoirs entre son père et sa mère, dans un mobilier design très contemporain. Laissé seul, l'enfant entre dans un monde imaginaire où tout le décor se met en musique pour satisfaire sa fantaisie. L'horloge, tout d'abord, dont le mécanisme est réparti entre différents danseurs. La théière et la tasse posées sur le guéridon donnent vie à quatre filles style Crazy Horse, en perruque noire à frange et tutu rouge à anse. Puis le feu et la cendre entourent l'enfant dans une folle farandole. Délicieuse pastorale ensuite avec un pâtre et une pastourelle d'inspiration XVIIIème et un drôle de chien en tulle bleu juché sur un skateboard.

    L'enfant semble alors donner sa confiance à la princesse à la longue robe dorée, dansée par Marie Lombard, dans un beau passage ample et vif. Mais la farandole continue avec l'arithmétique, prétexte à la célébration chiffrée du centenaire de la naissance Rainier, et l'arrivée d'un large chœur d'enfants, tous vêtus de la marinière à rayures noires et blanches que porte L'enfant. S'ensuit un délicieux duo du chat et de la chatte, tant du côté du chant que du côté de la danse.

    Le décor s'élargit soudain pour nous amener dans une forêt peuplée d'un bestiaire fantastique. Des vidéos sont projetées sur des rideaux de fils mouvants, créant une illusion très réussie de nature en mouvement. Les animaux s'y succèdent : oiseaux, chauve-souris, grenouilles et l'incontournable écureuil, entourés de feuilles. La capture de l'écureuil dans sa cage est prétexte à un émouvant carnaval des animaux. Chaque personnage est bien caractérisé et la gestuelle augmentée de trouvailles astucieuses et drôles comme les chapeaux chinois et lunettes de soleil des trois rainettes ou le geste souple de l'écureuil quand il se saisit de sa queue.

    L'ensemble forme un ballet revisité par , plein de surprises et de richesse, où la puissance de la musique est mise en évidence par le dispositif scénique et où l'ensemble des artistes servent avec brio l'œuvre de Ravel et Colette.

    Crédit photographique : © Alice Blangero, Hans Geritsen / Ballets de Monte-Carlo

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    Maurice Ravel (1875-1937) : La Valse, chorégraphie George Balanchine; Valses Nobles et Sentimentales (1911), La Valse (1920). Costumes : Karinska. Décors : Jean Rosenthal. Lumières : Ronald Bates (production originale), Mark Stanley (production actuelle). Ballet remonté par Patricia Neary. Première : 20 février 1951, New York City Ballet, City Center of Music and Drama.
    L’Enfant et les sortilèges (création)
Chorégraphie : Jean-Christophe Maillot. Musique : Maurice Ravel, L’Enfant et les Sortilèges (1925), livret de Colette. Assistant chorégraphe : Bernice Coppieters. Costumes et décors : Jérôme Kaplan. Lumières : Dominique Drillot. Vidéo : Loic Van der Heyden. Dessins originaux : Ines Reddah. Perruquier : Sky Flores. Première création : le 18 avril 1992, dans le cadre du Printemps des Arts de Monte-Carlo, Salle Garnier, Opéra de Monte-Carlo, nouvelle création : le 19 décembre 2023, Salle des Princes, Grimaldi Forum. Chœur de l’Opéra de Monte-Carlo, direction: Stefano Visconti); Les Académies lyriques de l’Opéra de Monte-Carlo (avec le soutien de la Cecilia Bartoli – Music Fondation); Chœur d’enfants de l’Académie de Musique et Théâtre Rainier III; Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo, direction : David Molard Soriano

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