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Berlioz, Saint-Saëns et Ravel par Marie-Nicole Lemieux : une très belle réussite

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Hector Berlioz (1803-1869) : Les Nuits d’été op. 7. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Mélodies persanes op. 26, éd. Palazetto Bru Zane. Maurice Ravel (1875-1937) : Shéhérazade M.41. Marie-Nicole Lemieux, contralto ; Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo ; direction : Kazuki Yamada. 1 CD Erato. Enregistré en mai et juillet 2022 à l’auditorium Rainier III, Monte-Carlo. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Poèmes en français, sans traduction. Durée : 70:54

 

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Associer Les nuits d'été de Berlioz avec le Shéhérazade de Ravel est presque une habitude discographique. Y adjoindre les Mélodies persanes de Saint-Saëns est une nouveauté, et même un défi que remporte haut-la-main.

Il fallait en effet démontrer que la nouvelle version des Mélodies persanes d'Armand Renaud et nouvellement éditée par le était judicieuse, et d'une cohérence suffisante pour se mesurer aux deux autres chefs-d'œuvre du répertoire des mélodies avec orchestre. Après une première publication en complément de La Princesse jaune, c'est maintenant au tour de d'achever de nous en convaincre. Étrange histoire que celle de ces Mélodies persanes : d'abord un cycle pour ténor et piano dont la genèse compliquée s'emmêle avec le siège de Paris par les prussiens en 1870, il a subi une orchestration par vagues successives par Saint-Saëns lui-même, puis une greffe de deux passages orchestraux extraits de Nuit persane op.26b opérée par le . Le résultat est heureux. Non que les vers d'Armand Renaud soient irréprochables ! Leur mélange d'hermétisme et parfois de pauvreté fait piètre figure après les vers de Théophile Gautier. Mais leur disposition en symétrie fonctionne bien : « La splendeur vive » et le « Tournoiement » se répondent, aspiration du vide de l'âme, puis griserie mystique. De même, l'énergie belliqueuse de « Sabre en main » s'insère adroitement après l'impatience amoureuse de « La solitaire » et avant la nostalgie de « Au cimetière ». La musique de Saint-Saëns est évidemment de haute facture, certes académique, mais toujours élégante et raffinée, avec un orientalisme de bon aloi, mesuré et efficace, qui fait immanquablement penser à son Samson et Dalila. Positionné entre Berlioz et Ravel, ce très bon cycle trouve une place juste, chronologiquement et en niveau de qualité.

La réussite de cet enregistrement doit beaucoup aux talents de . Son timbre velouté, clair et chatoyant ajoute de nombreuses couleurs sonores à celle de l'orchestre, et son art de diseuse fait merveille : colère, tendresse, rêverie, ivresse… elle sait tout évoquer avec quelques nuances fines ou quelques inflexions délicates, sans aucun excès. Il faut malheureusement remarquer que les emplois lyriques dramatiques (Cassandre, Azucena…) ont laissé des stigmates dans sa voix d'alto. Le vibrato a de temps en temps une fâcheuse tendance à échapper au contrôle, et les aigus sont proches du cri. Mais peu importe, cela n'altère pas son phrasé somptueux, son élocution parfaite, c'est-à-dire transparente et sans exagération, son enthousiasme et son plaisir communicatifs, et encore une fois, sa magnifique capacité d'évocation poétique. partage le même plaisir que sa chanteuse, et dirige avec clarté le Philharmonique de Monte-Carlo, luxueux et voluptueux.

Dans Shéhérazade de Ravel, l'enchantement est encore plus fort et tourne à la magie. Le catalogue touristique de « Asie » devient un kaléidoscope de portraits humains et de fantasmes inavouables, fascinant et grisant, dans un maelstrom d'émotions vives et contrastées. La concordance de vue de Marie-Nicole Lemieux et de est ici particulièrement admirable. « La flûte enchantée » est suffisamment légère et adolescente pour restituer avec justesse les premiers émois amoureux, et « L'indifférent » passe comme un rêve à demi-éveillé, dans une délicieuse ambiguïté de sentiment. On ne va pas se livrer ici à une discographie comparée de Shéhérazade, mais de toute évidence, il s'agit d'une des meilleures gravures possibles de cette œuvre.

Le meilleur pour la fin ? Non, car tout est au même niveau d'excellence dans ce disque. On croyait connaitre Les nuits d'été de Berlioz sur le bout des doigts, mais en découvre encore de nouvelles merveilles grâce à Lemieux et Yamada. Ah, la gourmandise des fraises des bois, le moelleux du banc de mousse, le brillant de l'arrivée du paradis, la douleur de « Sur les lagunes »… Le retour du souvenir dans « Au cimetière » est un pur joyau, et il y en a de nombreux autres dans ce cycle, révélés par cette interprétation inspirée.

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Hector Berlioz (1803-1869) : Les Nuits d’été op. 7. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Mélodies persanes op. 26, éd. Palazetto Bru Zane. Maurice Ravel (1875-1937) : Shéhérazade M.41. Marie-Nicole Lemieux, contralto ; Orchestre Philharmonique de Monte-Carlo ; direction : Kazuki Yamada. 1 CD Erato. Enregistré en mai et juillet 2022 à l’auditorium Rainier III, Monte-Carlo. Notice de présentation en français, anglais et allemand. Poèmes en français, sans traduction. Durée : 70:54

 
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