Noël américain pour le Chœur et le Philharmonique de Radio France

Remplaçant Andrés Orozco-Estrada, le chef Robert Treviño dirige pour deux soirs l'Orchestre Philharmonique de Radio France dans un concert de Noël intégralement américain, dans lequel sont mis en valeur le Chœur de Radio France et le tuba solo Florian Schuegraf.

Ouvert avec Song of Hope, le concert de Noël du Philharmonique de Radio France met à l'honneur la première œuvre symphonique de la compositrice Florence Price, redécouverte ces dernières années notamment grâce au Philadelphia Orchestra et Yannick Nézet-Séguin. Dans le style d'un spiritual, la pièce dont le texte chanté est également écrit par Price permet de profiter particulièrement du magnifique Chœur de Radio France, excellement préparé par Lionel Sow et dont ressortent ici trois solistes, la soprano Barbara Assouline, la contralto Elodie Salmon et la basse Chae-Wook Lim.

D'abord bien concentré pour dégager une sonorité pleine du Philharmonique, le chef Robert Treviño, annoncé remplaçant d'Orozco-Estrada quelques jours plus tôt, emmène ensuite une plus petite formation dans le Concerto pour tuba de Wynton Marsalis. Moins passionnant que son Concerto in D pour violon donné en juin dernier à la Philharmonie par Cristian Măcelaru devant un Orchestre de Paris plus apte à swinguer, le concerto reste sous la direction de Treviño un peu trop statique, et met surtout en valeur le cor solo de l'orchestre. Florian Schuegraf y livre une prestation de haute volée, même si son instrument ne permet pas les grandes envolées possibles avec d'autres cuivres comme la trompette ou le saxophone.

En seconde partie, on retrouve la ferveur du chœur et une belle présence de ses solistes pour les Chichester Psalms, d'un Leonard Berstein auquel le film Maestro de et avec Bradley Cooper rend justement hommage depuis le 20 décembre sur Nextflix. Parmi les plus belles œuvres du chef compositeur américain, les psaumes permettent aussi à deux reprises de donner la première place à un soliste de la Maîtrise de Radio France, superbe de pureté et de stabilité dans la ligne de chant. Encore bien concentré, l'Orchestre Philharmonique laisse ressortir ici ses plus belles sonorités, notamment de la violoncelle solo, tandis que même s'il se veut énergique par les gestes, Robert Treviño se montre comme au concerto toujours un peu limité en dernière partie de programme dans la dynamique des Danses symphoniques tirées de West Side Story.

Avec pas moins de huit percussionnistes et un trompettiste solo exalté dans le célèbre Mambo, les Danses montrent un orchestre plaisant, bien que lui aussi pas tout à fait assez libre pour s'accorder au style américain, là où dans le même Auditorium, le National de France il y a peu sous la direction de Pierre Bleuse avait réussi par sa rythmique à trouver des sonorités proches de celles des formations d'Outre-Atlantique. C'est avec un Mambo plus nerveux et un trompettiste survolté que se conclut le dernier programme de l'année, très applaudi, pour l'Orchestre Philharmonique et le Chœur.

Crédit photographique : © Radio France