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La Vie parisienne termine sa tournée à Montpellier

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Montpellier. Opéra Comédie. 20-XII-2023. Jacques Offenbach (1819-1880) : La Vie parisienne, opéra-bouffe en 5 actes. Livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy. Mise en scène, décors, costumes : Christian Lacroix. Chorégraphie : Glyslein Lefever. Lumières : Bertrand Couderc. Avec : Florie Valiquette, Gabrielle ; Flannan Obé, Gardefeu ; Marc Mauillon, Bobinet ; Jérôme Boutillier, le Baron : Marion Grange, la Baronne ; Eléonore Pancrazi, Métella ; Pierre Derhet, le Brésilien/Gontran/Frick ; Philippe Estèphe, Urbain/Alfred ; Elena Galitskaya, Pauline ; Raphaël Brémard, Joseph/Alphonse/Prosper ; Marie Gautrot, Madame de Quimper-Karadec ; Louise Pingeot, Clara ; Caroline Meng, Madame de Folle-Verdure. Chœur et orchestre national Montpellier Occitanie, direction : Romain Dumas

Pour les fêtes, l'Opéra-Comédie offre un spectacle loufoque et ébouriffant : La Vie parisienne d'Offenbach dans la mise en scène pétillante de .

Après Rouen, Tours, Paris, Liège et Toulouse, et un DVD, c'est l'Orchestre national de Montpellier Occitanie qui reprend le flambeau de cette co-production, sous la direction musicale de . Un plateau impressionnant pour une œuvre emblématique du Second Empire. C'est la version originelle en cinq actes qui est reconstituée ici grâce aux travaux des musicologues du . En effet, lors de la création en 1866, l'œuvre avait été amputée de nombreux airs à la demande des chanteurs du Palais-Royal (plus acteurs que chanteurs), incapables de faire face aux nombreuses difficultés vocales. Si on ajoute la censure de l'époque et les nombreux remaniements dus au contexte anti-germanique, le livret de Meilhac et Halévy a été tronqué au fil des versions. Cette restitution originelle est donc un évènement, qui rend à l'œuvre ses deux derniers actes dans leur intégralité.

Sur scène, c'est un tourbillon d'énergie et de bonne humeur. Le décor un peu foutraque, qui fait un clin d'œil à la piste de cirque et aux structures métalliques Eiffel, passe de la gare aux salons et au café-concert avec des changements à vue bien intégrés à l'action. Les costumes chamarrés et extravagants dont les couleurs vives portent la marque du grand couturier , rappellent les tableaux de Manet et Degas et participent à la féérie du plateau. L'exotisme est omniprésent, avec des références au cosmopolitisme de la ville-lumière où le monde entier vient s'encanailler : chœur d'Allemands en goguette, airs provençaux d'une troupe de Marseillais, aristocrates décalés venus du Danemark, bourgeois brésilien aux poches remplies d'or… Et bien sûr, renversement des conventions sociales, avec les valets qui prennent la place des maîtres, ressort classique de toute comédie depuis la comedia dell'arte. Pour sa première mise en scène d'opéra, traduit la fantaisie et la liberté du Paris de l'époque avec un soupçon de gravité douce-amère. Une belle réussite.


L'orchestre semble heureux de participer à la fête, sous la baguette énergique de , qui réalise une liaison parfaite entre la scène et la fosse. Le quatrième acte se termine par une réjouissante parodie de french cancan sur le galop débridé « Feu partout ». Quant au cinquième acte, où la fête prend place au Café de Paris, il est l'occasion de découvertes inattendues où Offenbach se cite lui-même dans son charivari, avec des extraits de La Belle Hélène et d'Orphée aux enfers. Et c'est Mozart qui apparait soudain pendant les pantomimes, alors que Madame de Quimper-Karadec déclare « Un peu de Mozart, ça ne peut pas faire de mal ! ». On sait que Rossini qualifiait son contemporain Offenbach de « petit Mozart des Champs-Élysées »… Et l'évocation de la statue du Commandeur de Don Giovanni ajoute au drame latent qui couve sous chaque comédie.

La distribution vocale est somptueuse, avec des chanteurs qui font preuve d'une belle présence scénique d'acteurs. remplace avec verve Ingrid Perruche dans le rôle de Madame de Quimper-Karadec et campe une gantière très convaincante. On remarquera particulièrement les voix masculines, avec dans le rôle truculent du Baron de Gondremark. Mais la palme revient aux deux compères, Bobinet et Gardefeu, respectivement joués par et l'excellent , dont on connaissait déjà le grand talent d'acteur. On attend maintenant avec gourmandise d'autres mises en scène d'opéras par Christian Lacroix.

Crédit photographique : © Marc Ginot

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Montpellier. Opéra Comédie. 20-XII-2023. Jacques Offenbach (1819-1880) : La Vie parisienne, opéra-bouffe en 5 actes. Livret d’Henri Meilhac et Ludovic Halévy. Mise en scène, décors, costumes : Christian Lacroix. Chorégraphie : Glyslein Lefever. Lumières : Bertrand Couderc. Avec : Florie Valiquette, Gabrielle ; Flannan Obé, Gardefeu ; Marc Mauillon, Bobinet ; Jérôme Boutillier, le Baron : Marion Grange, la Baronne ; Eléonore Pancrazi, Métella ; Pierre Derhet, le Brésilien/Gontran/Frick ; Philippe Estèphe, Urbain/Alfred ; Elena Galitskaya, Pauline ; Raphaël Brémard, Joseph/Alphonse/Prosper ; Marie Gautrot, Madame de Quimper-Karadec ; Louise Pingeot, Clara ; Caroline Meng, Madame de Folle-Verdure. Chœur et orchestre national Montpellier Occitanie, direction : Romain Dumas

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