CAR/MEN, la belle andalouse en version cabaret masculin

Après Tutu, la compagnie Chicos Mambo déconstruit le mythe de Carmen en décalant l'usage de ses stéréotypes dans CAR/MEN. Un show qui associe danse, chant et humour potache.

Les huit danseurs de Chicos Mambo sont des habitués des plateaux. Ils en livrent une nouvelle fois la preuve avec CAR/MEN, une version exclusivement masculine de la mythique Carmencita. Le tableau d'ouverture, très plastique, annonce la couleur avec ses robes flamenca à pois rouges surdimensionnés sur fond blanc inspirées par l'artiste japonaise Yayoi Kusama et un discret hommage à la coupe courte de Zizi Jeanmaire dans Carmen de Roland Petit. La scénographie repose sur des projections vidéo du plus bel effet, qui reprennent ces pois surdimensionnés pour un véritable ballet !

Une fois les masques baissés, on découvre un corps de ballet exclusivement masculin et sa « diva » au crâne rasé et à la barbe taillée avec soin. Le chanteur, Antonio Macipe, est un vocaliste qui chante les grands airs de la Carmen de Bizet, autant ceux du rôle-titre que de Don José. Le contre ténor est parfois à côté de la tessiture, mais cette performance bicéphale est notable, de la habanera au chant final « Jamais Carmen ne cédera : libre elle est née, et libre elle mourra » en passant par « La fleur que tu m'avais jetée » chez Lillas Pastia.

Entre-temps, auront défilé les hilarantes majorettes de la garde montante, les sensuelles cigarières sur fond de gitane aux volutes bleutées ou une diseuse de bonne-aventure « made in XVIIIe arrondissement ». Mais aussi une touche de flamenco et un zeste de contemporain, avec un ballet de méduses très réussi, inspiré par les volants des robes et des châles flamenca. Le tout, mené tambour battant par les huit danseurs qui se coulent avec aisance dans la chorégraphie très efficace de Philippe Lafeuille, le chorégraphe, créateur du célèbre Tutu. L'ensemble qui s'enchaîne sans temps morts, lorgne en effet plutôt vers le registre du cabaret, avec son humour potache et ses sorties décalées qui font rire le public à gorge déployée. Une manière astucieuse et amusante de démocratiser l'œuvre de Bizet.

Crédits photographiques : © Michel Cavalca, David Bonnet