Une messe inédite de Jacques Arcadelt par Leonardo García Alarcón et ses musiciens de Namur

Le label Ricercar propose au discophile un nouvel album consacré à des pièces religieuses de Jacques Arcadelt, fameux compositeur franco-flamand de la Renaissance. Leonardo García Alarcón nous révèle une magnifique Messe de Noël entourée d'un cortège de Motets et de Magnificat.

En 2018 paraissait un passionnant coffret de trois disques sous le même label réunissant alors les principales œuvres de Jacques Arcadelt (Motets, Madrigaux et Chansons). Déjà le Chœur de chambre de Namur, ville natale du compositeur, avait été sollicité. On trouvait même dans cet album le fameux Ave Maria suivi d'une paraphrase à l'orgue de Franz Liszt. Cette pièce s'est avérée en fait plus tard de la plume de Pierre-Louis Dietch (1808-1865). Ironie du sort assez récurrente dans l'histoire de la musique qui fait parfois la célébrité d'un compositeur à partir d'une œuvre qui n'est pas de lui.

La nouvelle production vient donc, en complément de ce coffret initial, nous offrir plusieurs découvertes dont la Misse Noe Noe pour le temps de Noël et des Motets dédiés à la Vierge Marie. La Missa Noe Noe est écrite pour quatre voix mixtes et fait partie du groupe des trois Messes que nous a laissé le compositeur. Le moteur compositionnel réside en la reprise d'un matériau pré-existant pris chez d'autres compositeurs selon une pratique bien courante à l'époque. On parle de « messes parodies » où se reconnaissent des thèmes déjà empruntés souvent dans les Hymnes. Arcadelt s'inspire des anciens maitres dont Josquin Desprez et des modèles de l'Ars perfecta. Cette messe de Noël est entourée de motets liés à la Nativité. En hommage à Josquin Deprez, le programme débute par le Motet Illibata Deo Virgo nutrix chanté à la Chapelle Sixtine où œuvrait le compositeur et s'achève avec un autre imposant Motet de Josquin Benedicta es à six voix, déployé à douze voix par Jean Guyot de Châtelet l'un de ses contemporains.

Comme il avait été remarqué dans le premier coffret consacré à Arcadelt, les ensembles réunis du Chœur de chambre de Namur et de la Cappella Mediterranea Les Pastoureaux font merveille sous la baguette magique de Leonardo García Alarcón. Captés par Jérôme Lejeune dans une acoustique chaude et reposante, les mélismes des polyphonies se déroulent avec logique et intériorité. Les accents du discours soutenues par une parfaite émission vocale reposant sur les textes liturgiques apportent le relief nécessaire à une belle compréhension de l'ensemble. La préoccupation des compositeurs de ce temps-là de rendre le discours agréable et attrayant pour l'auditeur est ici complètement confirmée par une interprétation qui garde l'attention de l'auditeur en haleine au sein d'une savante rhétorique.

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