Léna et l’orchestre enchanté, un livre-disque à découvrir pour la musique

Cette commande de Radio France à Carl Norac et Mathieu Lamboley, avec la voix de Julie Gayet, est centrée sur la découverte des instruments de l'orchestre.

En recevant un livre-disque au texte signé Carl Norac, nous espérions trouver, sinon une réussite éclatante comme celle du Bazar Circus ou celle de Monsieur Satie, du moins la qualité d'écriture des Mille et un voyages de Monteverdi. Hélas, l'histoire de la petite Léna qui s'aventure dans la ville désertée à cause d'une tempête et qui rentre par hasard dans le théâtre où sommeillent les instruments de l'orchestre, tire en longueur et manque singulièrement de ressort. L'adulte détectera des références venues de la littérature (Alice au pays des merveilles) ou de l'actualité (la situation de départ est une transposition limpide des confinements de 2020-2021), et l'enfant (à partir de 6 ans) sera sûrement amusé la première fois par les instruments de musique qui s'animent. Mais tout cela pour quoi ? Pour dire que les instruments sont faits pour être joués et la musique pour rassembler les hommes. C'est un peu court, pour un conte qui, dans sa version audio, dit par la voix pourtant prenante de Julie Gayet, dure tout de même plus de 45 minutes. Après l'histoire, une présentation des principaux instruments de l'orchestre, un par un et par famille, offre un moment plus didactique. Mais, outre que les instruments jouent alors des thèmes que l'on vient d'entendre dans le fil de la narration, il n'y a pas de lien avec le reste de l'histoire. Visiblement, la volonté était de ne pas trop s'approcher du modèle de Piccolo, Saxo et Compagnie.

Les illustrations de Sébastien Pelon, qui jouent habilement de l'apparition de touches de couleurs sur des fonds plus ternes, sont quant à elles une franche réussite. Tout comme la musique de Mathieu Lamboley, très présente (peut-être parfois sur d'un peu trop longues plages de temps), mais efficace comme une musique de film, genre de prédilection du compositeur. Plus qu'une influence, on perçoit un tribut à Ravel et à Stravinsky, et à Prokoviev bien sûr dont l'ombre de Pierre et le loup plane d'un bout à l'autre même si les personnages ne sont pas systématiquement caractérisés par un instrument (mais les instruments sont eux-mêmes leurs propres personnages). La marche triomphale des instruments sortant du théâtre frise même le pastiche de la marche de Pierre et des chasseurs emmenant le loup au bout d'une corde. Mais pour le reste Mathieu Lamboley trouve sa manière à lui de caractériser les ambiances et de jouer avec le retour des différents thèmes. La partition donne envie d'y revenir, ou de découvrir Léna et l'orchestre enchanté sur scène, où l'on imagine que voir les instruments en action pourra aider à soutenir l'attention.