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Le Journal d’Hélène Berr de Bernard Foccroulle : émotion et dignité

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Strasbourg. Théâtre de Hautepierre. 13 XII 2023. Bernard Foccroulle (né en 1953) : Le Journal d’Hélène Berr, monodrame lyrique pour mezzo-soprano, piano et quatuor à cordes. Livret d’après le Journal d’Hélène Berr. Mise en scène : Mathieu Cruciani. Scénographie : Marc Lainé. Costumes : Thibaut Welchlin. Lumières : Kélig Le Bars. Avec : Adèle Charvet, Hélène Berr ; Jeanne Bleuse, piano ; Quatuor Béla : Julien Dieuregard, Frédéric Aurier, violons ; Paul Jullian Quillier, alto ; Alexa Ciciretti, violoncelle.

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Le beau monodrame lyrique de , créé à Cherbourg en mai 2023, a pu être entendu à Paris et à Arles. Mais c'est à l'Opéra du Rhin qu'échoit l'honneur de la création scénique, dans un dispositif minimaliste qui restitue avec justesse toutes les facettes de cette œuvre intense.

Après le dépôt au Mémorial de la Shoah en 2002, le Journal d'Hélène Berr a été publié en 2008 et a rencontré un succès éclatant, pour la qualité de son témoignage historique sur les années noires de l'occupation nazie et son cortège de persécutions, mais aussi pour la finesse de l'écriture d'Hélène Berr, sa clairvoyance, sa générosité et son courage étonnant. Les émotions que le texte déclenchent sont d'autant plus fortes que celles de l'héroïne sont justes et retenues, traduites avec une pudeur – presque une bonté – admirable. On comprend que pour mettre ce Journal en musique, ait voulu une formation réduite autour d'une interprète unique, de façon à rentrer avec discrétion dans l'intimité des sentiments d'Hélène, et pour les restituer au public avec une délicatesse similaire à celle de son écriture.

C'est donc une forme de monologue épistolaire qui a été choisie, alternant récit en mélodrame et chant, avec un accompagnement de piano et quatuor à cordes. Le personnage central écrit et lit son journal en parlant, jour après jour, et ses réflexions, citations, ou parfois ses émotions s'envolent dans le chant. Citons par exemple ce magnifique « J'ai peur de ne plus être là lorsque Jean reviendra » qui semble surgir de fond du cœur de la jeune fille. L'accompagnement musical du quintette pour piano et cordes évoque Poulenc et La Voix Humaine, mais avec discrétion. L'écriture musicale de est belle, tantôt tendue, tantôt foisonnante selon les émotions à décrire, avec encore quelques citations explicites de Schumann et de Beethoven suivant les évocations d'Hélène Berr, qui était musicienne en plus d'être agrégative en anglais.


La mise en scène de , dans le même esprit que le texte et la musique, est d'une simplicité et d'une efficacité remarquables. Quelques voiles blancs rectangulaires, comme des pages du journal en cours d'écriture ou celles des œuvres citées, finement mobiles comme la pensée d'Hélène Berr et transparentes comme son écriture meublent un espace intérieur. Les éclairages se resserrent progressivement sur sa personne, au fur et à mesure que les nouvelles du monde nous enfoncent dans l'horreur des persécutions et que la jeune fille progresse vers l'acceptation de son destin. L'émotion atteint son comble lorsque les musiciens cessent de jouer, et qu'ils nous racontent les derniers jours d'Hélène Berr et sa mort au camp de Bergen-Belsen. Pas de musique pour l'indicible. Rien que le vide, et ce silence apparait comme une quintessence de ce qu'exprimait la musique de Foccroulle. L'après-musique et la parole restent de la musique. Comment applaudir, après un moment pareil ? Le public de Strasbourg remercie néanmoins chaleureusement les interprètes, à commencer par , excellente actrice au jeu sobre, digne, et chanteuse valeureuse à la voix de velours, les cordes du , commanditaire de l'œuvre, la pianiste agile et surtout, le compositeur Bernard Foccroulle présent dans la salle lors de cette première strasbourgeoise.

Crédits photographiques : © Klara Beck / Opéra National du Rhin

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Strasbourg. Théâtre de Hautepierre. 13 XII 2023. Bernard Foccroulle (né en 1953) : Le Journal d’Hélène Berr, monodrame lyrique pour mezzo-soprano, piano et quatuor à cordes. Livret d’après le Journal d’Hélène Berr. Mise en scène : Mathieu Cruciani. Scénographie : Marc Lainé. Costumes : Thibaut Welchlin. Lumières : Kélig Le Bars. Avec : Adèle Charvet, Hélène Berr ; Jeanne Bleuse, piano ; Quatuor Béla : Julien Dieuregard, Frédéric Aurier, violons ; Paul Jullian Quillier, alto ; Alexa Ciciretti, violoncelle.

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