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La trompette chambriste de Noé Nillni

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Georges Aperghis (né en 1945) : Triple, pour flûte, clarinette et trompette. Ricardo Nillni (né en 1960) : Les larmes sont dans la nature des choses, pour trompette et violoncelle. Pierre Fourré (né en 1992) : Là où les murs s’effondrent, pour trompette à double pavillon et électronique. Manon Lepauvre (née en 1990) : Cyclogenèse, pour flûte, trompette et voix. György Kurtag (né en 1926) : Les Dits de Péter Bornemisza (fragments tirés de Rückblick), pour trompette, contrebasse et claviers. Noé Nillni, trompette ; Charbel Charbel, violoncelle ; Lauriane Maudry, clarinette ; Viola Paço, piano ; Marie Ranvier, voix ; Haga Ratovo, piano / clavecin / célesta ; Lilas Réglat, contrebasse ; Wendy Vo Cong Tri, flûte. 1 CD Initiale. Enregistré en janvier 2023 au CNSMDP. Notice de présentation en français et en anglais. Durée : 57:00

 
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Intégrer la trompette dans un contexte chambriste, en phase avec ses partenaires et au sein d'une dramaturgie sonore : tel est le projet du trompettiste dans cet album, paru sous le label Initiale du CNSMDP, où il a réuni cinq pièces qui, à leur manière, mettent en scène les instruments.

On ne s'étonnera pas de voir figurer en tête de liste la musique instrumentale de . Dans Triple, la flûte, la clarinette et la trompette sont des personnages tenant une conversation imaginaire : bribes de phrases et répliques enjouées ; la trompette semble parfois ricaner à l'écoute des deux autres. L'écriture y est ciselée, le tracé agile et les motifs souvent tourbillonnants, exigeant une folle virtuosité. Au côté de et les fins éclats de sa trompette, (clarinette) et (flûte) animent ce petit théâtre de sons avec une vitalité extraordinaire.

Animée également est cette joute sonore entre la trompette et le violoncelle dans Les larmes sont dans la nature des choses de (le père compositeur). Le titre un rien énigmatique emprunte à l'Énéide de Virgile. La rencontre est improbable entre l'instrument sonore et solaire de et le violoncelle plus intimiste et ombrageux de . La confrontation ne manque pas d'humour et le jeu de séduction, entre lissage et granulation, est à l'œuvre via les modes de jeu (flatterzunge de la trompette, filtrage des sourdines) et les excentricités de timbre (via les techniques d'archet) recherchés sur les deux instruments qui s'imitent l'un l'autre et finissent par fusionner.

La trompette conquérante de Noé Nillni est à deux pavillons bouchés par deux sourdines différentes dans Là où les murs s'effondrent de . L'instrument soumis aux transformations et diffraction de l'électronique en temps réel est sans cesse menacé de submersion, n'était ce répit au mitan de l'œuvre où il fait valoir ses couleurs sans que le profil de l'écriture ne se renouvèle pour autant.

Rafraîchissante et espiègle, Cyclogenèse de nous ramène sur la scène avec la voix de , la trompette de Noé Nillni et la flûte de . La matière est bruiteuse dans une première séquence où les trois sources sonores s'épaulent et se contaminent. C'est la voix qui conduit ensuite, canalisée par les deux instruments qui brodent autour avant de la rejoindre. Ils ne la quittent plus d'une semelle, même quand elle fait son numéro, reprenant à leur compte sa drôle de langue « à clic » dont la version instrumentale préserve toute la saveur. La saynète/pantomime est délicieuse et les trois musiciens en parfaite synergie.

Composés en 1968, les dits de Péter Bornemisza de György Kurtag, sous-titrés concerto pour soprano et piano en raison de la difficulté d'exécution, mettent en musique des sermons de Péter Bornemisza, un prédicateur réformé hongrois du XVIᵉ siècle. Des quatre grandes parties de l'œuvre, Kurtag prélève onze fragments (portant chacun un titre en allemand) qu'il transcrit en 1993 pour trompette (remplaçant la voix), contrebasse et deux claviers, tantôt piano droit avec supersordino, clavecin, célesta ou piano à queue.

Ce regroupement d'instantanés qui referme l'album, renouvelle l'effectif à chaque numéro : du solo de contrebasse () marmonnant dans son registre sombre (4) à l'explosion du 5 avec ferraillement du clavecin () et trompette vindicative. Condensée à l'extrême, l'écriture constellatoire du duo trompette et piano droit () du 7 est toute webernienne. Les numéros 8 et 9 sont d'une fulgurante brièveté tandis que le 10, plus long que les autres, fait entendre la trompette de Noé Nillni dans sa plénitude sonore et laisse apprécier le son charnu et fruité, la précision des attaques et la beauté solaire du timbre. Le trompettiste, qui rédige lui-même les notes de programme, évoque le doïna ou blues roumain dans la dernière miniature laissant le cycle ouvert, dans son inachèvement définitif.

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Georges Aperghis (né en 1945) : Triple, pour flûte, clarinette et trompette. Ricardo Nillni (né en 1960) : Les larmes sont dans la nature des choses, pour trompette et violoncelle. Pierre Fourré (né en 1992) : Là où les murs s’effondrent, pour trompette à double pavillon et électronique. Manon Lepauvre (née en 1990) : Cyclogenèse, pour flûte, trompette et voix. György Kurtag (né en 1926) : Les Dits de Péter Bornemisza (fragments tirés de Rückblick), pour trompette, contrebasse et claviers. Noé Nillni, trompette ; Charbel Charbel, violoncelle ; Lauriane Maudry, clarinette ; Viola Paço, piano ; Marie Ranvier, voix ; Haga Ratovo, piano / clavecin / célesta ; Lilas Réglat, contrebasse ; Wendy Vo Cong Tri, flûte. 1 CD Initiale. Enregistré en janvier 2023 au CNSMDP. Notice de présentation en français et en anglais. Durée : 57:00

 
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