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Paris. La Villette. Grande Halle. 1-XII–2023. Lucinda Childs x 100. Chorégraphie : Lucinda Childs. Assistant à la chorégraphie : Ty Boomershine. Avec : cent étudiantes et étudiants danseurs du CNSMD de Paris. Musique : Sunrise on the Planetary Dream Collector de Terry Riley ; Concerto pour clavecin et orchestre à cordes, op. 40 de Henryk Górecki. Quatuor à cordes, Étudiantes et étudiants du département des disciplines instrumentales classiques et contemporaines. Orchestre à cordes du Conservatoire, direction : Marc Coppey
Rares sont les occasions de voir cent danseurs évoluer au même moment sur un même plateau. Ce fût le cas avec Lucinda Childs x 100, un programme pensé pour les élèves danseurs du Conservatoire National Supérieur de Musique et de Danse de Paris. Hypnotique et laborieux à la fois.
En 2021, il y eut « Trisha Brown x 100 ». En 2019, « Cunningham x 100 ». Cette année, place à Lucinda Childs, la troisième grande chorégraphe américaine de cette génération, qui est « au programme » 2023 des devoirs des étudiants danseurs du CNSMD de Paris Cette grande figure de la post-modern dance est d'autant plus précieuse pour les élèves qu'elle est bien vivante et toujours très active, à 83 ans. Lucinda Childs est donc venue superviser les répétitions, et l'on imagine ce que cela peut valoir pour ces jeunes élèves de moins de vingt ans, que de travailler en direct avec une telle légende.
Le principe, conçu par Cédric Andrieu, l'ancien directeur des Etudes Chorégraphiques récemment nommé à la tête du Ballet de l'Opéra de Lyon, est désormais connu : il s'agit de s'emparer d'une œuvre contemporaine et de la faire danser par l'intégralité des danseurs en cours de scolarité au CNSMDP, qu'ils suivent le cursus classique ou contemporain. Une bonne manière de créer une émulation collective en début d'année, même si cela peut être un peu préjudiciable aux autres apprentissages, tant les répétitions sont chronophages.
Et l'on imagine combien d'heures il aura fallu aux si jeunes danseurs pour intégrer l'incroyable complexité d'une danse apparemment simple et pourtant tellement compliquée à mémoriser et à en entendre sa musicalité.
Tout débute avec les cent danseurs en plusieurs diagonales, les uns debout, les autres au sol, changeant de positions au simple son d'un métronome. Il faut compter, anticiper les silences, reprendre le mouvement tous ensemble. Le concept est artistiquement fastidieux, parfois très répétitif, mais on voit combien l'exercice est essentiel pour de jeunes apprentis au vivre et danser ensemble, à l'écoute du groupe, et à la conquête d'un espace quadrillé par l'effet de masse et l'esprit même de la chorégraphie.
S'ensuivent des séries de quatuors multipliés en quatre groupes, voire même un solo dansé par tous, ce qui interroge sur la force d'une chorégraphie dès lors qu'elle se démultiplie à l'infini. Elle perd de sa poésie et de sa solitude, inhérente à l'œuvre de Lucinda Childs, mais elle gagne autre chose, une puissance méconnue chez cette chorégraphe.
Si les jeunes danseurs ont acquis les courses, les marches rapides, les petits sauts, tours en dedans, grands battements et les constants changements de direction inhérents au style de Childs, ils n'ont pas encore acquis son haut du corps, qui reste toujours très droit, avec ses ports de bras faussement lâches et en réalité très tenus, ce qui n'est pas une mince affaire. On aura pu voir la différence de maturité chorégraphique dans le spectacle qui suivait, Relative Calm, dans la Grande Halle de la Villette, avec des pièces de Lucinda Childs habillées de lumières par Bob Wilson.
Les premières pièces de ce grand rassemblement « childsien » datant des années 70 mais finalement très intemporelles, sont dansées sans musique (mais pas sans silence), et deux autres sont signées Terry Riley et Henryk Gorecki dont son splendide Concerto pour clavecin et orchestre à cordes, tout deux interprétés par un quatuor à cordes puis un orchestre à cordes constitués des élèves du Conservatoire, sous la direction de Marc Coppey. Une belle manière de faire travailler ensemble élèves musiciens et élèves danseurs du CNSMDP.
Crédits photographiques : © Ferrante Ferranti / CNSMDP
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Paris. La Villette. Grande Halle. 1-XII–2023. Lucinda Childs x 100. Chorégraphie : Lucinda Childs. Assistant à la chorégraphie : Ty Boomershine. Avec : cent étudiantes et étudiants danseurs du CNSMD de Paris. Musique : Sunrise on the Planetary Dream Collector de Terry Riley ; Concerto pour clavecin et orchestre à cordes, op. 40 de Henryk Górecki. Quatuor à cordes, Étudiantes et étudiants du département des disciplines instrumentales classiques et contemporaines. Orchestre à cordes du Conservatoire, direction : Marc Coppey