Samson de Jean-Philippe Rameau. Cet opéra qui n'a jamais été joué et dont la partition s'est perdue sera donné dans une libre (re)création de Raphaël Pichon et Claus Guth au festival d'Aix en Provence 2024, a annoncé le festival à la presse ce matin. Deux fois censuré pour cause d'impiété en raison du livret de Voltaire, à l'initiative du projet à l'époque, l'œuvre conte la trajectoire du héros biblique, Samson. Plutôt qu'une reconstitution impossible, Raphaël Pichon s'est attaché à retrouver l'esprit de cet opéra à partir de la correspondance entre Voltaire et Rameau et en piochant dans quatre opéras du compositeur dans lesquels certaines pièces de Samson ont été redistribuées : Les fêtes d'Hébé, Castor et Pollux, Zoroastre et Anacréon. Le chœur (Pygmalion) sera le moteur du drame de cette curiosité, en coproduction avec l'Opéra Comique.
Cette 76e édition en 2024 sera celle du trio fondateur Rameau-Gluck-Mozart se réjouit Pierre Audi le directeur du festival. Cinq opéras en version scénique sont à l'affiche dont quatre nouvelles productions, ainsi que deux nouvelles productions de théâtre musical par William Kentridge (commande de Luma Arles) : Songs and Fragments, sur la musique de Peter Maxwell Davies et György Kurtág interprétée par l'Ensemble intercontemporain et The Great yes, the Great no sur la musique de Nhlanhla Mahlangu. Sept orchestres sont invités dont l'Orchestre national de Lyon et l'Orchestre de Paris. Au total, le festival fera quarante-huit levers de rideaux dont trente-cinq en lyrique. Iphigénie en Aulide et Iphigénie en Tauride de Gluck seront donnés groupés dans une mise en scène de Dmitri Tcherniakov avec Corinne Winters dans le rôle-titre pour les deux œuvres ! Une nouvelle production de Madama Butterfly par Andrea Breth est proposée à l'occasion du centième anniversaire de la mort de Puccini. Ermonela Jaho sera Cio-Cio-San. Pierre Audi mettra de nouveau en scène Il Ritorno d'Ulisse in patria de Monteverdi (après Amsterdam en 1998), avec Leonardo García Alarcón à la direction musicale. La production de Pelléas et Mélisande de Debussy par Katie Mitchell (2016) sera redonnée revue et corrigée à l'aune de l'ère #Metoo, revendique la metteuse en scène, avec une cheffe à la baguette : Susanna Mälkki. Deux opéras en version de concert mis en espace seront présentés : La Clemenza di Tito de Mozart dirigé par Raphaël Pichon et Les Vêpres siciliennes de Verdi dirigé par Daniele Rustioni. En récital, Sondra Radvanvosky et Elīna Garanča feront leurs débuts à Aix. Un festival qui veut se tourner vers le futur et vers les jeunes avec des tarifs spéciaux, son académie et l'accueil de douze jeunes artistes internationaux dans différentes disciplines pour mener des projets d'expérimentation pluridisciplinaire, à même de séduire un nouveau public, le souhaite ardemment Pierre Audi. (NF)