Concerts, La Scène, Musique d'ensemble, Musique symphonique

Karine Deshayes fête le jeune Mozart à Gaveau

Plus de détails

Paris. Salle Gaveau. 5-XII-2023. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonie n° 17 en sol majeur K. 129 ; Davide penitente : Lungi le cure ingrate ; Sonates d’église : K. 212, K. 67, K. 68, K. 69, K. 144, K. 274 ; La Betulia Liberata : quel nocchier che in gran procella ; Messe du couronnement K. 317 : Agnus Dei ; Exsultate, Jubilate K. 165. Karine Deshayes, soprano. Ensemble Les Paladins, direction : Jerôme Correas.

Pour ce concert donné par le hasard du calendrier le jour de la mort du compositeur, la mezzo-soprano et l'ensemble baroque Les Paladins dirigé par reprennent le programme exclusivement mozartien de leur dernier disque (Aparté), organisé autour du virtuose Exsultate, jubilate.


Après le Mozart de la maturité mis en avant sur son disque intitulé « Mozart 1791 », en compagnie du clarinettiste Pierre Génisson (Label Erato), c'est aujourd'hui le tout jeune Mozart qui est fêté par autour du célèbre « Exsultate, Jubilate » : motet pour soprano et orchestre, composé en 1773 à l'âge de 17 ans, alors que Mozart vient d'entrer au service du prince-archevêque Colloredo à Salzbourg ; une pièce écrite pour le castrat Venanzio Rauzzini qui créa son opéra Lucio Silla.

Dans ce programme qui va crescendo alternant pièces instrumentales et vocales, la Symphonie n° 17 ouvre la soirée sur une belle interprétation des Paladins dont on admire d'emblée la cohésion, la belle sonorité des cordes jouant sans vibrato, autant que la dynamique pleine d'allant, joliment nuancée.

L'aria « Lungi le cure ingrate » extrait de la cantate Davide penitente (1785), « Quel nocchier che in gran procella » tiré l'oratorio Betullia Liberata (1771) et l'« Agnus Dei » de la Messe du couronnement (1779) donnent l'occasion à de faire son entrée sur la scène de la salle Gaveau. On est séduit par le timbre chaud, le large ambitus depuis des aigus stratosphériques jusqu'à des graves bien timbrés, comme par le legato sublime, la précision des vocalises, la puissance, la théâtralité ou la ferveur de l'interprétation, portée par un souffle infini et une technique vocale sans faille exaltée par un accompagnement orchestral complice.

Raretés quasiment oubliées de nos jours, cinq Sonates d'église (K. 67, 68, 69, 144 et 274) s'intercalent entre les passages chantés. Mozart en composa 17 entre 1772 et 1780 lors de son service religieux à Salzbourg : pièces brèves en un seul mouvement conçues pour être interprétées durant la messe entre l'épître et l'évangile, écrites pour cordes et orgue, sans altos. On est à l'évidence impressionnés par la dynamique et la mise en place de l'interprétation en même temps que surpris par le caractère très profane, virevoltant, cantabile, ludique et presque galant de ces sonates dont on comprend aisément qu'elles déplurent profondément à Colloredo qui leur préféra ultérieurement les motets et chorals après le renvoi de Mozart.

L'« Exsultate, jubilate » conclut en beauté cet agréable concert sur une lecture très opératique, virtuose, jubilatoire et haute en couleurs. Quatre parties s'y succèdent : un allegro très théâtralisé, un récitatif implorant, une hymne mariale en forme d'andante, avant un Alléluia conclusif virtuose et acrobatique dont Karine Deshayes, forte de son répertoire étendu du baroque au bel canto, ne fait qu'une formalité forte de vocalises brillantes et périlleuses qui seront reprises en bis, bientôt suivies, devant l'insistance du public, d'un magnifique Laudate Dominum des Vêpres du confesseur dont certains passages rappellent l'air de la Comtesse des Noces de Figaro (Dove sono) soulignant, une fois de plus, l'étonnante proximité du religieux et du profane chez Mozart.

Crédit photographique : © Aymeric Giraudel

(Visited 202 times, 1 visits today)

Plus de détails

Paris. Salle Gaveau. 5-XII-2023. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonie n° 17 en sol majeur K. 129 ; Davide penitente : Lungi le cure ingrate ; Sonates d’église : K. 212, K. 67, K. 68, K. 69, K. 144, K. 274 ; La Betulia Liberata : quel nocchier che in gran procella ; Messe du couronnement K. 317 : Agnus Dei ; Exsultate, Jubilate K. 165. Karine Deshayes, soprano. Ensemble Les Paladins, direction : Jerôme Correas.

Mots-clefs de cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.