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Sans Blomstedt, l’orchestre de Bamberg fait merveille avec le jeune Giuseppe Mengoli

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Bamberg. Joseph-Keilberth-Halle. 25-XI-2023. Ludwig van Beethoven (1770-1828) : Concerto n° 4 pour piano et orchestre ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonie n° 41 KV 551. Francesco Piemontesi, piano ; Bamberger Symphoniker ; direction : Giuseppe Mengoli.

Une chute du doyen des chefs donne une chance à un jeune chef qui s'en saisit avec brio. 

Herbert Blomstedt n'a jamais été directeur musical de l', mais il lui reste très attaché, comme le montre cette saison où il est à l'affiche de deux séries de concerts. Hélas, la première série se fera sans lui : alors qu'il était déjà arrivé à Bamberg et prêt à répéter, le voilà à l'hôpital suite à une chute dont on espère qu'elle n'aura pas les conséquences redoutées. Le programme qu'il avait choisi, à Bamberg et avec d'autres orchestres dans les semaines précédentes et suivantes, est un modèle de classicisme : avant la Symphonie n°41 de Mozart, il devait interpréter le Concerto n°4 de Beethoven avec Maria João Pires, elle-même remplacée pour toute la tournée par .

Pour remplacer l'irremplaçable Blomstedt, l'orchestre a choisi , jeune chef vainqueur du concours de direction organisé par l'orchestre, The Mahler Competition, en 2023. Un tel remplacement de dernière minute a de quoi inquiéter, et il est rare que le remplaçant fasse mieux que sauver les meubles. Et pourtant : Mengoli propose à la tête de l'orchestre un concert vraiment formidable, qui ne fait pas oublier l'ombre du maître absent, mais porte une véritable voix personnelle qui a de quoi fasciner les auditeurs.

Dans le Quatrième concerto qui ouvre le programme, est tout aussi stimulant que le chef. Piemontesi n'est pas de ces pianistes qui lancent à la face du monde des albums-concepts aux titres ronflants, Waves, From Afar ou encore Life (sans oublier The Disney Book), mais sa discrétion ne prive pas ses interprétations de toute leur force. On ne peut qu'admirer la sûreté fluide de sa conduite mélodique, toujours discrètement expressive ; chez lui, la délicatesse ne s'accompagne d'aucune mièvrerie, et il n'hésite pas à se servir de toute la palette dynamique, avec décision et sans aucune pesanteur.

L'orchestre dirigé par fait bien mieux que de mettre en valeur les qualités du pianiste : il faut écouter le début du deuxième mouvement, ces accents orchestraux qui sonnent ici à la fois résolus et sombres, pour sentir toute la grandeur de son approche : sans restreindre le panache virtuose de la partie soliste, il propose ici une vision d'un romantisme fier et ombrageux, exempt de tout sentimentalisme. Pas plus que dans la Jupiter qui suit, Mengoli ne manifeste la moindre parenté avec les tenants de l' »interprétation historiquement informée », mais il n'est pas plus proche pour autant des défenseurs armés jusqu'aux dents d'une pesante tradition germanique : la rigueur va de pair avec la netteté du trait et avec le sens du mouvement, et des tempi plutôt vifs : seul le finale de la symphonie de Mozart va jusqu'à une certaine précipitation qui bouscule la vaste architecture fuguée. Le premier mouvement, volontiers martial, bien assis sur les cuivres et les timbales, est d'un très olympien sérieux que même la citation que fait Mozart d'un de ses récents airs de concert à tonalité comique vient à peine dérider.

Mais plus encore que ces directions interprétatives du reste stimulantes et réellement originales, c'est la maîtrise avec laquelle, avec des répétitions certainement raccourcies, le jeune chef parvient à les incarner dans le son de l'orchestre, sans le moindre flottement, et avec à sa disposition une palette sonore qui semblerait résulter d'un long travail et non d'une situation d'urgence. C'est aussi, bien sûr, un témoignage de la versatilité de l'orchestre, qui se montre bien digne de sa réputation construite patiemment il y a des décennies par Joseph Keilberth.

Crédit photographique : © Marian Lenhart

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Bamberg. Joseph-Keilberth-Halle. 25-XI-2023. Ludwig van Beethoven (1770-1828) : Concerto n° 4 pour piano et orchestre ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Symphonie n° 41 KV 551. Francesco Piemontesi, piano ; Bamberger Symphoniker ; direction : Giuseppe Mengoli.

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