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Paris. Maison de l’Amérique latine. 24-XI-2023. Diogenes Rivas (né en 1942) : Quatuor à cordes n° 3 ; Jean Pascal Chaigne (né en 1977) : Dans l’ombre trace, pour quatuor à cordes ; Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Quatuor n° 3 en mi bémol majeur op. 30. Quatuor Atempo : David Nuñez, Sona Khochafian, violon ; Paul Wiener, alto ; Pierre Strauch, violoncelle

Deux œuvres en création côtoient la musique de Tchaïkovski lors d'une soirée entièrement dédiée à la formation du quatuor à cordes.

Stoppé dans son élan par la pandémie, le , co-fondé par le violoncelliste et le compositeur et violoniste vénézuélien , ne s'était pas produit en public depuis quatre ans. Les violonistes David Nuñez et Sona Khochafian, l'altiste Paul Wiener et , ex-soliste de l'EIC au violoncelle, ont investi le plateau de la Maison de l'Amérique latine et débutent leur concert avec le Quatuor n° 3 du compositeur et violoniste , donné en création mondiale.

L'œuvre, d'un seul tenant, impressionne par l'énergie qui s'en dégage et les multiples facettes d'une écriture très exigeante défendue bec et ongles par les quatre instrumentistes : musique intranquille, traversée de fulgurances, qui louvoie entre tension expressive et combinatoire abstraite. Sous les archets hyperactifs (explosion, fusées, déflagration), les figures naissent et se défont à mesure, ne ménageant que peu de répit aux instrumentistes durant les 22 minutes intenses du quatuor.

De l'énergie également, de la virtuosité et un sens aigu de la trajectoire se profilent dans le troisième quatuor à cordes de , présent dans les rangs du public. Compositeur et pédagogue, il enseigne l'écriture des XXᵉ et XXIᵉ siècles au CNSMD de Paris et à la Haute École de Lausanne. Son titre, Dans l'ombre trace, est emprunté à un poème de Charles Racine (1927-1995). C'est le violoncelle qui amorce le discours et dessine l'espace où le rejoignent ses trois partenaires. La partition se nourrit de contrastes, entre tension exacerbée au sein d'une complexité polyphonique grandissante et belles accalmies aux textures plus transparentes, succédant à des silences vertigineux. Entretenant la tension, le trémolo y est omniprésent tout comme cette cellule rythmique énergétique (brève-longue) qui lance les figures : ressassement et obstination du geste, tournoiement des motifs et matière incandescente des cordes qui se déplace vers les aigus. L'épilogue en accélération (dernier assaut des violons) est du plus bel effet et la récapitulation finale lumineuse.

La beauté du thème mâtiné de chant populaire dans l'Andante initial du Quatuor n° 3 de Tchaïkovski avec lequel les musiciens terminent le concert, modifie totalement les perspectives d'écoute. L'acoustique est malheureusement peu enveloppante pour les cordes qui n'en communiquent pas moins le charme mélodique et l'élégance des contrechants du maître russe. L'Allegro moderato prend une envergure orchestrale, investi d'une riche polyphonie et d'un cheminement formel très libre. Le Scherzo souligne le goût prononcé du compositeur pour les motifs en boucle que fait tourner le violoncelle. Si le dernier mouvement, explosif et d'une folle virtuosité, malmène la justesse et la stabilité rythmique du quatuor, l'Andante funèbre est certainement une des plus belles pages, où la veine mélodique du compositeur s'exprime généreusement sous l'archet d'un premier violon en parfaite synergie avec ses partenaires.

La soirée s'inscrivait dans le cadre de « La nuit D'Atempo », une réplique parisienne du festival Atempo de Caracas créé en 1992 où était accueilli chaque année le .

Crédit photographique : © Fraven

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Paris. Maison de l’Amérique latine. 24-XI-2023. Diogenes Rivas (né en 1942) : Quatuor à cordes n° 3 ; Jean Pascal Chaigne (né en 1977) : Dans l’ombre trace, pour quatuor à cordes ; Piotr Ilitch Tchaïkovski (1840-1893) : Quatuor n° 3 en mi bémol majeur op. 30. Quatuor Atempo : David Nuñez, Sona Khochafian, violon ; Paul Wiener, alto ; Pierre Strauch, violoncelle

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