Ma mère l’Oye / L’Enfant et les Sortilèges à Garnier : pas que pour les enfants !
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Paris. Palais Garnier. 24-XI-2023. Maurice Ravel (1875-1937). Ma mère l’Oye, ballet. Chorégraphie : Martin Chaix. Décors : Camille Dugas. Costumes : Aleksander Noshpal. Avec les élèves de l’École de danse. L’enfant et les sortilèges, fantaisie lyrique en deux parties. Mise en scène, décors et costumes : Richard Jones, Antony Mcdonald. Avec : Seray Pinar, l’Enfant ; Cornelia Oncioiu, Maman, la Tasse chinoise, la Libellule ; Emy Gazeilles, Le Feu, le Rossignol ; Boglarka Brindas, La Bergère, la Chauve-Souris ; Teona Todua, La Princesse ; Amandine Portelli, La Chatte, l’Écureuil ; Sofiia Anisimova, La Chouette, un Pâtre ; Sima Ouahman, une Pastourelle ; Ihor Mostovoi, Le Fauteuil ; Adrien Mathonat, L’Arbre ; Andres Cascante, L’Horloge comtoise, le Chat ; Tobias Westman, La Théière, la Rainette, le Petit vieillard. Avec la Maîtrise Notre-Dame de Paris (chœur d’adultes) et la Maîtrise des Hauts-de-Seine/ Chœur d’enfants de l’Opéra National de Paris. Orchestre de l’Opéra National de Paris, direction musicale : Patrick Lange
L'Opéra de Paris réunit en une soirée deux pièces de Maurice Ravel en faisant appel aux forces vives de ses deux académies : l'École de danse de l'Opéra pour une chorégraphie de Ma mère l'Oye signée Martin Chaix, et les artistes lyriques en résidence à l'Académie de l'Opéra pour la reprise de L'Enfant et les Sortilèges.
Ma mère l'Oye, qui ouvre la soirée est la reprise du ballet monté pour l'École de danse en avril 2023. Il est original de faire sortir l'académie des jeunes danseurs des soirées qui leur sont habituellement dédiées (que ce soit les démonstrations attendues impatiemment chaque année ou bien l'annuel spectacle de l'École, en plus des rares galas d'écoles). C'est un pari risqué que de les confronter à un spectacle de professionnels (qu'ils sont certes, mais en formation tout de même).
Les individualités sont très visibles dans ce ballet sensible où les jeunes artistes font preuve d'une poésie en écho avec la chorégraphie tendre de Martin Chaix. Les décors et costumes en origami et de couleur blanche appellent à une rêverie et répondent à la féérie du conte de Charles Perrault en permettant tant aux enfants qu'aux adultes de s'embarquer pour le monde des songes.
L'Enfant et les Sortilèges est la reprise d'un diptyque créé en 1998 au Palais Garnier (qui se couplait alors avec le Nain de Zemlinsky). On peut ne pas apprécier la mise en scène et les décors, tant la simplicité fleure une certaine paresse de créativité. Toutefois, les aspects boursouflés des personnages (le bodybuilder survitaminé, le professeur d'arithmétique sadique, les personnages bucoliques issus d'une toile de Jouy) font appel à un imaginaire onirique et disproportionné que le regard de l'enfant peut avoir du monde adulte. Les angoisses de l'Enfant sont liées à son apprentissage progressif des règles de politesse et de correction désirées par Maman qui l'embrasse de toute sa bienveillance sans que celle-ci ne se doute des affres de souffrance psychologique qu'il traverse.
La mise en scène joue avec la mise en abyme d'une pièce d'intérieur bourgeois s'élevant pour laisser apparaître la grandeur d'une effrayante forêt ou d'une classe où les pupitres bien alignés soulignent l'incongruité de la conduite de l'Enfant. Malheureusement la succession des scènes manque parfois de cohérence et fait perdre de vue le parcours initiatique du garçon qui éprouve ses peurs.
Les chanteurs sont exclusivement issus de l'Académie de l'Opéra National de Paris. On y remarque l'habile Emy Gazeilles dans le Feu et Amandine Portelli qui soutient vocalement ses rôles (la Chatte et l'Écureuil) et ceux de l'indisposée Cornelia Oncioiu qui mime les siens (Maman, la Tasse chinoise, la Libellule). Toutefois, l'ensemble du plateau pâtit d'une scène peut être encore trop vaste pour cette œuvre aux dimensions chambristes et où l'orchestre accompagne gentiment mais sans grand entrain.
Cette soirée offre un équilibre appréciable des facettes d'une enfance fantasmée par le regard d'un compositeur qui propose une musique pleine de contrastes et sollicitant toute la jeunesse des arts lyriques et chorégraphiques des lendemains de l'Opéra de Paris.
Crédits photographiques : Ma mère l'Oye / L'Enfant et les Sortilèges © Julien Benhamou / Opéra National de Paris
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Paris. Palais Garnier. 24-XI-2023. Maurice Ravel (1875-1937). Ma mère l’Oye, ballet. Chorégraphie : Martin Chaix. Décors : Camille Dugas. Costumes : Aleksander Noshpal. Avec les élèves de l’École de danse. L’enfant et les sortilèges, fantaisie lyrique en deux parties. Mise en scène, décors et costumes : Richard Jones, Antony Mcdonald. Avec : Seray Pinar, l’Enfant ; Cornelia Oncioiu, Maman, la Tasse chinoise, la Libellule ; Emy Gazeilles, Le Feu, le Rossignol ; Boglarka Brindas, La Bergère, la Chauve-Souris ; Teona Todua, La Princesse ; Amandine Portelli, La Chatte, l’Écureuil ; Sofiia Anisimova, La Chouette, un Pâtre ; Sima Ouahman, une Pastourelle ; Ihor Mostovoi, Le Fauteuil ; Adrien Mathonat, L’Arbre ; Andres Cascante, L’Horloge comtoise, le Chat ; Tobias Westman, La Théière, la Rainette, le Petit vieillard. Avec la Maîtrise Notre-Dame de Paris (chœur d’adultes) et la Maîtrise des Hauts-de-Seine/ Chœur d’enfants de l’Opéra National de Paris. Orchestre de l’Opéra National de Paris, direction musicale : Patrick Lange