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L’amie PatKop invitée par l’Ensemble intercontemporain

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Paris. Philharmonie – Cité de la Musique. 25-XI-2023. Salle des concerts. 17h30 : Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Ricercar à 3 voix : Thème initial, fugue canonique, canon à 4 voix « Quarendo invenietis », canon perpétuel à 3 voix, Canon n° 5 à 2 voix « Super thema regium, canon n°1 à 2 voix « Super thema regium, ricercar à 6 voix, extraits de l’Offrande musicale ; Anna Korsun (née en 1986) : Morok, pour petit ensemble (CM) ; Leonardo Marino (né en 1992) : Quando sarà finita, pour petit ensemble (CM) ; Sara Glojnarić (née en 1991) : Box of Chocolates, pour trombone, violon, percussion et bande ; Clemens K. Thomas (né en 1992) : Girls und Panzer pour ensemble (CM) ; Blaise Ubaldini (né en 1979) : Rusty Song, pour trompette, violon, alto et contrebasse (CM) ; PatKop (née en 1977) : FlügelnWund, pour violon et bande. Patricia Kopatchinskaja, violon ; Ensemble intercontemporain, direction : Nicolò Umberto Foron

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La fougueuse (alias PatKop) était l'invitée de l' pour deux rendez-vous le week-end dernier, inaugurant une nouvelle série de concerts aux allures de festival, EIC & Friends, une lumineuse idée de qui fait bouger les lignes au sein de l'Ensemble.

« Ce qui m'intéresse le plus, c'est de découvrir de nouveaux univers, de nouvelles pensées, de nouveaux sons  », confie PatKop à Jérémie Szpirglas dans les notes de programme : autant de désir et d'engagement partagés par les musiciens de l'EIC avec lesquels elle a pensé le programme musical mais aussi la mise en espace des concerts, un travail de plateau incluant les lumières qui contribue également à la réussite de ces deux événements retransmis en direct sur Philharmonie live et Arte. Aussi la Salle des concerts a-t-elle été reconfigurée de manière à accueillir une partie du public debout (sur le modèle des Proms de Londres), qui peut déambuler entre les différents modules scéniques et se placer au plus près du geste des instrumentistes.

En lien avec le grand week-end de la Philharmonie dédié à la musique de J.S. Bach (Solo Bach), le programme du concert de 17h30 est élaboré autour de l'Offrande musicale du Cantor dont la musique dialogue avec cinq courtes pièces en création : une offrande à la paix contrée, voire parfois interrompue par les bruits de la guerre, un thème que tenait à aborder la violoniste et sur lequel les compositrices et compositeurs ayant reçus commande de l'EIC étaient invités à réfléchir.

Comment jouer Bach aujourd'hui, s'interroge la violoniste aux pieds nus, comment faire sonner sa musique pour en aviver les couleurs, questionnent les solistes de l'EIC s'agissant des différents canons et autre ricercar donnés en alternance dans ce premier concert : débuté par la violoniste levant très haut son instrument, le thème de l'Offrande musicale, dont chaque note est pris en relais par les musiciens spatialisés, devient une mélodie de timbres, une manière inaugurale d'inviter le public à l'écoute du son.

Le clavier au centre du plateau est un clavicorde, celui de sur lequel il interprète le ricercar à 3 voix, une fugue sur le thème royal entendue dans l'intimité du son de cet instrument. Il est brusquement interrompu par des manifestations guerrières qui mettent en émoi (une bande-son va participer aux transitions comme aux ruptures du parcours) tandis que s'enchaîne la première œuvre en création, Morok, de la compositrice ukrainienne . Elle est jouée sur une des plateformes aménagées en fond de salle : la pièce pour sept instruments distribués autour de la harpe met en tension une note aiguë, répétée et irradiée par l'ensemble, avant d'amorcer un mouvement de chute inéluctable (l'image n'est pas précisée par la compositrice) à laquelle se mêlent les voix puis le souffle des musiciens.

La fugue canonique du Cantor est jouée à mains nues par Aurélien Gignoux sur son marimba (légèrement amplifié), rejoint par le violon de PatKop qui adosse très finement sa sonorité soyeuse à celle du percussionniste pour un instant de pure poésie sonore… balayée par les déflagrations des instruments graves (contrebasson, clarinette basse et contrebasse) qui débutent la pièce pour six instruments de l'Italien , Quando sarà finita. La musique balance entre l'aspect sombre et angoissant des basses et les couleurs plus claires d'un chant d'espérance auquel se mêlent là encore la voix et le souffle des instrumentistes.

Alerte et jovial, le canon à 4 voix Quaerendo invenietis est multi-instrumental (une dizaine de musiciens), débuté à bonne allure par Nicolas Crosse et la sonorité filtrée (jeu près du chevalet) de sa contrebasse… le canon est interrompu lui aussi par des sirènes intempestives juste avant Box of Chocolates pour trois instruments et bande de la compositrice croate . Kopatchinskaja est debout, exerçant son geste offensif et survolté aux côtés du tromboniste (Simon Philippeau) dans une pièce tout en tension, rebonds, blocages rythmiques et percussions scintillantes (jeu de crotales et triangle). L'Allemand prend lui-aussi ses distances avec la thématique dans Girls and Panzer où l'utilisation d'appeaux et l'usage de la citation accusent l'hétérogénéité du matériau. La pièce est dirigée par , chef assistant de l'EIC.

Côté Bach, si est au clavecin dans le canon perpétuel à trois voix joué en parfaite synergie par les musiciens de l'EIC (flûte, violon et violoncelle), il est aussi au marimba, baguettes en main, aux côtés de ses deux collègues percussionnistes (Aurélien Gignoux et Gilles Durot) dans le canon n°5 à 2 voix « Super thema regium » qui laisse apprécier le velouté du hautbois d'amour de Philippe Grauvogel. Jouer Bach sur deux rangées de gongs, accordés, certes, mais toujours légèrement détempérés, est un défi relevé par les deux percussionnistes dans le savoureux canon n°1 à 2 voix « Super thema regium ».

La dernière pièce en création, Rusty Song (Chant rouillé), pour violon, alto, trompette et contrebasse du Français est sans aucun doute la plus attachante en matière de facture et d'émotion. Elle débute par la lecture de la dernière lettre du lieutenant Henri Valentin Herduin adressée à son épouse le jour même de son exécution (juin 1916), à laquelle Nicolas Crosse et prêtent leur voix. « Ma musique est vidée de son contenu harmonique », nous dit le compositeur. L'écriture est dans l'opposition constante entre l'âpre (gestes agressifs et bruiteux) et le soyeux (berceuses de Franz Schubert et Déodat de Séverac). Odile Auboin et Nicolas Crosse sifflent et PatKop joue et chante, dont la beauté et le naturel de la voix participent de l'émotion.

L'artiste débute ainsi sa propre composition FlügelWund (Aile blessée) pour violon et sons fixés, en chantant un air populaire moldave. Singulière est cette façon qu'elle a de lever son instrument pour établir la communication. L'archet est sensible et le timbre toujours recherché. Voix, souffle, morphologies bruiteuses passent par les haut-parleurs sur lesquels elle règle son propre jeu. Quant aux musiciens de l'EIC, ils se sont regroupés autour d'elle, invités à improviser dans la continuité de son geste instrumental.

revient in fine à son clavicorde et recentre l'écoute autour du ricercar à 6 de l'Offrande musicale, l'une des plus belles réalisations contrapuntiques du Cantor installant sur le plateau comme dans les rangs du public un silence quasi religieux.

Crédit photographique : © Luc Hossepied /

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Paris. Philharmonie – Cité de la Musique. 25-XI-2023. Salle des concerts. 17h30 : Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Ricercar à 3 voix : Thème initial, fugue canonique, canon à 4 voix « Quarendo invenietis », canon perpétuel à 3 voix, Canon n° 5 à 2 voix « Super thema regium, canon n°1 à 2 voix « Super thema regium, ricercar à 6 voix, extraits de l’Offrande musicale ; Anna Korsun (née en 1986) : Morok, pour petit ensemble (CM) ; Leonardo Marino (né en 1992) : Quando sarà finita, pour petit ensemble (CM) ; Sara Glojnarić (née en 1991) : Box of Chocolates, pour trombone, violon, percussion et bande ; Clemens K. Thomas (né en 1992) : Girls und Panzer pour ensemble (CM) ; Blaise Ubaldini (né en 1979) : Rusty Song, pour trompette, violon, alto et contrebasse (CM) ; PatKop (née en 1977) : FlügelnWund, pour violon et bande. Patricia Kopatchinskaja, violon ; Ensemble intercontemporain, direction : Nicolò Umberto Foron

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