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Cavaillon. La Garance. 16-XI-2023. Maldonne. Chorégraphie : Leïla Ka. Interprétation : Jennifer Dubreuil Houthemann, Jane Fournier Dumet, Leïla Ka, Zoé Lakhnati, Jade Logmo. Assistante chorégraphique : Jane Fournier Dumet. Création lumière : Laurent Fallot. Régie lumière : Laurent Fallot ou Clara Coll Bigot
Après une trilogie commencée avec le multiprimé Pode Ser en 2018, puis C'est toi qu'on adore en 2019 et enfin Se faire la belle en 2022, Leïla Ka propose sa première pièce de groupe. Avec quatre autres danseuses, elle offre aujourd'hui Maldonne, un spectacle dense et lumineux à son image.
Sans qu'on s'en aperçoive, dans le silence, les corps se mettent en mouvement, avec de tout petits gestes, presque imperceptibles qui petit à petit prennent plus d'ampleur. Le début de Maldonne reflète bien le travail de la chorégraphe et danseuse Leïla Ka qui nous enchante depuis sa première création solo, Pode Ser. Les corps des femmes parlent, crient parfois, s'expriment et se libèrent de tout ce qui les entrave. Pour mieux marquer les différents états qui traversent ces femmes fortes, bien que fragilisées parfois, mais qui se relèvent toujours, la chorégraphe a choisi de les vêtir de robes différentes à chaque tableau. Des robes trop grandes, ou au contraire trop petites, trop fleuries, mal ajustées… elles ont toutes « quelque chose qui cloche » comme aime à le dire Leïla Ka. La musique est également là pour appuyer le propos, même si elle laisse des respirations durant lesquelles le corps et le souffle peuvent s'exprimer. De Je suis malade, standard de Serge Lama interprété ici par Lara Fabian et repris en cœur par les cinq danseuses à vous en donner des frissons d'émotion, au merveilleux Léonard Cohen, Danse me to the end of love, en passant par Vivaldi, pour conclure sur les festifs Inside de Plastikman ou Skywalking de Matham, chaque morceau retranscrit un état d'esprit, un moment dans la vie de ces femmes.
Si elles semblent unies et faire bloc dans les épreuves, les cinq danseuses peuvent également passer rapidement de la plus grande douceur à la violence, y compris entre elles. Leïla Ka ne se contente pas de nous montrer un univers de sororité rose bonbon, dans lequel tout va toujours pour le mieux. Elle n'hésite pas à exprimer les moqueries, les disputes, les jalousies qui peuvent surgir dans un groupe. Et pour mieux les dénoncer, elle fait appel à l'humour et la dérision. Ayant fait ses classes avec Maguy Marin, Leïla Ka en a retenu sa théâtralité et réjouit le public avec des scène mi cartoon-mi Chaplin d'une drôlerie rare. Leïla Ka s'est lancée dans la chorégraphie pour pouvoir danser et c'est tant mieux. Elle irradie sur scène et insuffle une énergie communicative, du plateau à la salle, au cours d'une sorte de grande soirée pyjama extrêmement réjouissante à laquelle elle semble avoir convié le public. Sur le plateau, les cinq femmes expriment leurs frustrations, leur lassitude, leurs joies, leurs révoltes, comme de multiples identités qui nous habitent. En transmettant par leurs corps les émotions qui les traversent, elles arrivent à s'en défaire, comme elles changent de robes tout au long de ce spectacle très réussi.
Créé à la Garance, scène nationale de Cavaillon, Maldonne sera en tournée fin 2023 et en 2024 dans toute la France.
Photo : © Nora Houguenade
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