Linn publie deux « liederabend » avec Malcolm Martineau, Thomas Oliemans et Florian Boesch
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Robert Schumann (1810-1856) : Dichterliebe op. 48 ; Kerner Lieder op. 35. Florian Boesch, baryton ; Malcolm Martineau, piano. 1 CD Linn. Enregistré du 11 au 14 décembre 2021 à Crear, Kilberry, Argyll (Grande-Bretagne). Notice de présentation en anglais, allemand et français. Poèmes traduits en anglais. Durée : 63:28
Johannes Brahms (1833-1897) : La Belle Maguelone op. 33 ; Quatre lieder sur des poèmes de Klaus Groth, extrait de Acht Lieder und Gesänge op. 59. Thomas Oliemans, baryton ; Malcolm Martineau, piano. 1 CD Linn. Enregistré du 25 au 27 octobre 2021 au Potton Hall, Suffolk (Grande-Bretagne). Notice de présentation en anglais. Poèmes traduits en anglais. Durée : 62:42
LinnTous deux accompagnés par Malcolm Martineau, voici en CD un Dichterliebe de Schumann par Florian Boesch, et une Belle Maguelone de Brahms par Thomas Oliemans. Dans les deux cas, la réussite est incomplète, mais pour des raisons différentes.
Malcolm Martineau est toujours un merveilleux pianiste-accompagnateur. Son jeu est fluide, transparent, et sa capacité d'évocation est vraiment bluffante. Il décrit les éléments du décor aussi bien qu'il crée les climats psychologiques. La torpeur à demi-consciente de Ich hab' im Traum geweinet (par exemple) est admirable. Les postludes de Am leuchtendes Sommermorgen et Die alten bösen Lieder deviennent de véritables nocturnes d'une beauté lunaire et on les voudrait plus longs encore.
Florian Boesch a une belle voix encore jeune, et une vraie capacité à phraser et à nuancer, mais il en abuse avec des pianissimi un peu trop allongés. Le vrai problème est qu'il est enregistré sur le bord du micro, à fleur de membrane comme un chanteur de variété, et qu'il ne projette pas sa voix plus loin. Cela confère sans doute une intelligibilité maximum aux textes en allemand, qu'il prononce évidemment de façon parfaite, mais donne également à l'auditeur le sentiment d'un Sprechgesang chantonné derrière lequel le piano prend l'importance d'un orchestre symphonique. On entend aussi bien l'un et l'autre, mais l'équilibre du duo est perturbé : la voix du baryton semble diaphanisée, et celle du piano hypertrophiée. Chaque auditeur réagira selon sa sensibilité. On peut aussi bien s'enthousiasmer de redécouvrir les textes admirables de Heine, que condamner cette prise de son trafiquée et esthétisante. Schumann, en tout cas, n'est pas trahi : même avec cette captation sonore artificieuse, l'émotion se laisse atteindre grâce à la restitution parfaite de la prosodie par Florian Boesch, et grâce au lyrisme juste de Martineau (et davantage encore dans les Kerner Lieder). Mais la concurrence pour le Dichterliebe est vraiment rude…
Avec Thomas Oliemans dans La belle Maguelone de Brahms, on entend un équilibre plus traditionnel, pianiste et chanteur retrouvant leurs places habituelles l'un par rapport à l'autre. Martineau fait toujours des merveilles dans cette succession de petites gravures romantiques et gothiques, mais Thomas Oliemans ne peut pas cacher sa méforme. Le timbre est désormais altéré, grisé, le vibrato instable et mal maîtrisé, et la ligne parfois mal tenue. Wie soll Ich die Freude avec ses grandes arches tendues devient presque une souffrance. C'est vraiment regrettable, car Thomas Oliemans est un authentique Liedersänger, sobre et concentré, et il peut faire des choses magnifiques, comme par exemple l'enthousiasme étonné de So willst du des Armen. Globalement, ce cycle s'écoute sans chute d'attention, et l'interprétation est toujours dans la poésie. Rien d'indigne, donc, mais là encore, rien qui puisse bousculer la discographie.
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Robert Schumann (1810-1856) : Dichterliebe op. 48 ; Kerner Lieder op. 35. Florian Boesch, baryton ; Malcolm Martineau, piano. 1 CD Linn. Enregistré du 11 au 14 décembre 2021 à Crear, Kilberry, Argyll (Grande-Bretagne). Notice de présentation en anglais, allemand et français. Poèmes traduits en anglais. Durée : 63:28
Johannes Brahms (1833-1897) : La Belle Maguelone op. 33 ; Quatre lieder sur des poèmes de Klaus Groth, extrait de Acht Lieder und Gesänge op. 59. Thomas Oliemans, baryton ; Malcolm Martineau, piano. 1 CD Linn. Enregistré du 25 au 27 octobre 2021 au Potton Hall, Suffolk (Grande-Bretagne). Notice de présentation en anglais. Poèmes traduits en anglais. Durée : 62:42
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