Le saxophone arctique et euphonique d’Ola Asdahl Rokkones

Le saxophoniste Ola Asdahl Rokkones et l'orchestre Arktisk Filharmoni pour cordes nous convient à parfaire notre curiosité par le biais de musiques très récentes, confortables, mélodieuses et euphoniques.

Le soliste, de part en part, offre une générosité de timbres et impose une présence sonore certaine, appuyé par une prise de son favorable ; de plus, il injecte aux œuvres défendues une force indéniable et dessine avec précision les contours des motifs joués qu'il amplifie de son timbre généreux.

Ola Asdahl Rokkones (né en 1983) se produit aussi bien dans le registre classique que jazzistique et bénéficie d'une réputation grandissante dans les deux domaines. Il intervient comme soliste avec nombre d'orchestres en Norvège, Russie, Allemagne et France et se trouve à l'origine de plusieurs commandes dont sa discographie témoigne en partie.

L'orchestre à cordes Arktisk Filharmoni (Philharmonique Arctique), phalange professionnelle la plus septentrionale au monde, donne environ 200 concerts par an dans les villes de Bodo et Tromsø (lesquelles ont uni leurs musiciens) mais également dans les autres provinces norvégiennes et à l'étranger. A son programme se trouvent la musique classique symphonique, de chambre et l'opéra, sans oublier l'héritage musical régional. Per Kristian Skalstad dirige son orchestre avec un dosage heureux de rigueur et de légèreté

Pour cet enregistrement réalisé en 2021, trois compositeurs vivants ont été retenus. Deux Norvégiens, Alexander Aarøen (30 ans), Terje Bjørklund (78 ans) et un Russe, Alexander Manotskov (51 ans) originaire de Saint-Pétersbourg mais vivant à présent à Düsseldorf et auteur d'une vingtaine d'opéras. Si leur renommée internationale demeure très relative, les œuvres défendues par Ola Asdahl Rokkones prouvent la qualité de leur inspiration se nourrissant à la fois de l'héritage musical classique, de diverses facettes du jazz et de réminiscences plus ou moins patentes du passé populaire. Ces traits similaires, associés à la nature esthétique du commanditaire, rendent compte de l'établissement d'un climat général présentant plusieurs traits communs suffisant pour les cataloguer, comme indiqués antérieurement, « d'exercice de cross-over heureux ».

Chacune de ces musiques est une invitation à déguster des pages mélodieuses, souvent belles, toujours construites à raison et visant à dorloter l'écoute. The Heart, It Soars (2019) de Aarøen, passé par le rock, la musique de film et le jazz, charme avec ses mélodies bien découpées et constitue une manière d'ode à l'amour (Spring) et à la vie (All Seasons Must Pass). Seven Portraits (2011) de Manotskov constituent un regard multiple inspiré par les sept archanges de l'église orthodoxe. Ils conduisent le saxophone à emprunter un intéressant panel expressif. Arctic Lines (2020) de Bjørklund, élève du renommé Finn Mortensen, s'est enrichi de diverses sources inspirant le créateur installé à Trondheim dans Arctic Winds, Short Sami Song, Arctic Landscapes…

Un voyage musical plaisant vers des cieux tour à tour cléments ou frugalement rugueux.