Clap de fin pour l’intégrale des pièces de viole de Marin Marais par l’Achéron

A la tête de L'Achéron, François Joubert-Caillet clôture l'enregistrement de son intégrale des pièces de viole de Marin Marais démarrée en 2017. Pour les plus assidus, ce n'est pas moins de cinq livres-coffrets, 600 pièces et une vingtaine de CDs !

Lors de la composition de ce Cinquième Livre de Pièces de viole, Marin Marais est un retraité actif : son retrait de la cour après le décès de Louis XIV ne l'empêche guère de maintenir l'enseignement de la viole et de suivre assidument la vie musicale parisienne. Ce Cinquième Livre retrace cette activité, le musicien proposant des « pièces chantantes et faciles » et d'autres « plus ou moins chargées d'accords, ornées d'un petit cartouche » en bon pédagogue qu'il est. Ces sept suites sont ainsi organisées: les premières proposent une suite de danses succédant un prélude, accessibles au plus grand nombre, puis des pièces de caractère, et enfin des danses, des préludes et des fantaisies pour les interprètes les plus érudits dont François Joubert-Caillet fait incontestablement partie. Ce dernier recueil traduit également l'attrait de Marin Marais pour les innovations sonores, à l'instar du Rondeau moitié pincé et moitié coup d'archet, Le Tact ou encore Le touché du clavecin.

Du côté des interprètes, soulignons pour commencer la persévérance de l'Achéron pour ce projet ambitieux désormais mené à son terme. Cette démarche discographique alimente sans conteste l'approche que nous pouvons avoir de la musique du grand maître. La viole de François Joubert-Caillet chante, soutenue par un continuo varié avec les violes de gambe de Marie-Suzanne De Loye et Andréas Linos, le théorbe et la guitare de Miguel Henry et André Heinrich et le clavecin de Philippe Grisvard, loin des réserves formulées à l'écoute du Deuxième Livre en 2019. La rhétorique est particulièrement travaillée même si les atmosphères auraient pu être plus marquées, donnant l'impression lors de l'audition continue de ces trois disques (3 heures 43 de musique), d'une interprétation quelque peu routinière malgré le caractère original bien trempé de certaines pièces (Tombeau pour Marais le Cadet par exemple).

Malgré tout, cet enregistrement fait partie des incontournables pour les amoureux de la viole de gambe, mené par des interprètes de premier plan.