Petits essais illustrés sur Erik Satie et Nina Simone

Après notamment Bartók (Clef ResMusica) et Liszt, voici deux nouveaux petitx livres illustrés de la collection « Supersoniques » aux éditions de la Philharmonie de Paris, cette fois consacrés à Erik Satie et Nina Simone.

De la maison natale du compositeur, rue Haute à Honfleur, que l'on peut visiter aujourd'hui avec son charmant musée, à l'hôpital où il meurt en 1925, les 64 pages de ce petit livre original suivent la vie de Satie et de ses fantaisies, par petites touches sensibles.

Le style de Célia Houdart, à la fois simple et précis, fait de courtes phrases, semble s'accorder sur la forme à la musique du compositeur. Parallèlement, le travail de l'illustrateur Alain Huck rythme également l'ouvrage par ses compositions graphiques, la plus part abstraites, mais parfois évocatrices des compositions tel ce dessin…en forme de poire. Des bribes de phrases, issues du livre-même ou provenant des écrits de Satie, manuscrites ou en caractères d'imprimeries, parfois à la façon d'une Underwood, se mêlent aux dessins avec une certaine étrangeté ou constituent un prolongement du texte. Celui-ci, par une succession d'anecdotes, suit à la fois le récit de la vie d'ES (l'une des signatures du compositeur) et les propres réflexions de l'autrice, telles que ses recherches sur la correspondance de Satie, son écoute de certaines œuvres pour « approcher leur mystère », des références cinématographiques ou son itinérance sur les lieux où il vécut. De petites histoires sur les compositions de Satie, ses manies, son humour, ses rencontres, sont mises bout à bout. On croise ses amis et mécènes, les artistes et compositeurs avec qui il a collaboré, et également les admirateurs en un chassé-croisé entre l'époque de Satie et la nôtre. Des repères biographiques et une trop courte play-list concluent ce petit livre dont l'originalité et la poésie se prêtent tout particulièrement à l'univers du compositeur.

En même temps, dans la même collection et toujours en 64 pages illustrées, parait un livre consacré à Nina Simone. Eunice Waymon (son nom de naissance) était une pianiste prodigue qui aurait voulu être la première pianiste classique noire. Mais la vie en a décidé autrement. Eunice, qui a emprunté à Simone Signoret son prénom pour en faire son nouveau patronyme, est devenue la grande prêtresse de la soul, avec une voix fascinante qui était « tantôt du gravier, tantôt du café crème ». Cette petite biographie attachante, sous la plume de la poétesse Valérie Rouzeau et avec les illustrations tourmentées, tantôt sombres, tantôt lumineuses, du plasticien Florent Chopin, fait découvrir avant la diva, la femme libre et militante, ses combats, son empathie, sa solitude aussi et pour ce qui est de sa musique, son style si particulier, « créant du neuf » en mêlant les genres et s'affranchissant des étiquettes. Ne disait-elle pas que la musique classique noire est « une infusion de pop, de gospel, de classique, de jazz, de folk et de balades ».