L'Académie des Beaux-Arts, sur proposition de son secrétaire perpétuel, Laurent Petitgirard, a décidé de décerner neuf Grands Prix, correspondant aux neuf sections de l'Académie des Beaux-Arts (peinture, sculpture, architecture, gravure et dessin, composition musical, membres libres, cinéma et audiovisuel, photographie, chorégraphie), à raison de trois prix par an.
Le Grand Prix en chorégraphie est l'un des premiers à être attribué. Germaine Acogny, danseuse, chorégraphie et pédagogue franco-sénégalaise âgée de 80 ans, l'a reçu des mains de Thierry Malandain, membre de la section de chorégraphie de l'Académie, le mercredi 25 octobre au cours d'une cérémonie à laquelle assistait également Angelin Preljocaj, autre membre de la section et de nombreuses personnalités de la danse et de la culture, dont les anciens ministres Frédéric Mitterrand et Roselyne Bachelot. Une sculpture de l'académicien Jean Anguera représentant une Minerve lui a été remise à cette occasion.
La particularité de ces Grands Prix, qui récompensent des artistes de nationalité française ou étrangère s'étant illustrés grâce à l'excellence de leur carrière ou de leur œuvre, est qu'ils sont financés sur les fonds propres de l'Académie des Beaux-Arts. Chaque récipiendaire est invité, non à conserver pour lui-même la dotation de 30 000 euros, mais à la répartir entre plusieurs artistes de son choix. Germaine Acogny a choisi de soutenir l'artiste et pédagogue béninoise Assiba Dinitri Rachelle Agbossou, le danseur sénégalais Amadou Lamine Sow et la chorégraphe d'origine ivoirienne Ange Kodro Aoussou-Dettmann, qui s'engagent chacun à leur manière sur les traces de leur illustre prédécesseure.
Germaine Acogny a mis en place sa propre technique de danse africaine moderne au Sénégal à la fin des années 1960. Présentée au chorégraphe Maurice Béjart par Léopold Sédar Senghor au cours d'un voyage officiel en Belgique, elle se voit confier en 1977 la direction de Mudra Afrique, jusqu'à sa fermeture en 1982, avant de poursuivre son enseignement à Bruxelles, au Sénégal et à Toulouse. Au-delà de son œuvre chorégraphique, l'influence de pédagogue de Germaine Acogny sur les artistes du continent africain continue aujourd'hui à l'École des Sables, qu'elle a fondé en 1998 avec son mari Helmut Vogt à Toubab Dialaw au Sénégal. Cette école s'est illustrée récemment par la reprise du Sacre du printemps de Pina Bausch, présentée à La Villette en septembre 2022 et captée au cinéma dans un documentaire. (DG)