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Evgeny Kissin enflamme le TCE avec le Concerto n° 3 de Rachmaninov

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Paris. Théâtre des Champs-Elysées. 24-X-2023. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Concerto pour piano et orchestre n°3 en ré mineur opus 30. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Symphonie n°5 en si bémol majeur, op.100. Evgeny Kissin, piano ; Orchestre National de France, direction : Cristian Macelaru

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était de retour au Théâtre des Champs-Elysées pour une mémorable interprétation du redoutable Concerto n°3 de Rachmaninov.

Ambiance des grands soirs, salle comble et atmosphère électrique au Théâtre des Champs-Elysées, le 24 octobre pour le retour d', désormais quinquagénaire. Le virtuose aux doigts d'acier qui avait impressionné Karajan n'a rien perdu de ses qualités pianistiques mais laisse désormais percevoir une maturité musicale impressionnante. L'entame du Concerto n° 3 de Rachmaninov, inhabituellement lente et avec peu de legato se situe à l'opposé des octaves fracassants du premier de Tchaïkovski qui l'avait fait connaître. Peu à peu les phrases s'épanouissent et ce Rachmaninov rappelle presque Schumann dans sa poésie, que renforcent les rallentandos des fins de phrase. Mais le caractère élégiaque de cette introduction laisse progressivement la place à une affirmation croissante qui trouve son accomplissement dans la formidable cadence, où l'on retrouve l'extraordinaire maître du clavier qu'est Kissin, avec une mention pour la poésie du bref passage où la flûte puis les bois colorent fugitivement le jeu pianistique. L'intermezzo qui suit met en valeur les cordes chaleureuses du National dans son introduction, la fabuleuse technique de Kissin, pleinement libéré de la relative timidité du début du concerto, mais aussi la qualité du pupitre des cors. Le spectaculaire finale qui s'enchaîne donne lieu à un feu d'artifice d'effets pianistiques et orchestraux, non sans un certain sentimentalisme dans la péroraison finale. Mais l'exploit que réalise Kissin dans ce concerto lui vaut un tonnerre d'applaudissements ; en bis, le pianiste russe nous gratifie d'une valse de Tchaïkovski, puis une de Chopin.

La seconde partie du concert offrait en complément de ce concerto, stylistiquement pertinent même si trente cinq ans séparent les deux œuvres la monumentale Symphonie n° 5 de Prokofiev, écrite dans un style volontairement accessible pour complaire aux diktats du régime communiste. L'art du musicien a consisté à garder son écriture reconnaissable malgré ce carcan idéologique. Dommage que à la tête de l' semble privilégier une succession d'épisodes qui paraissent disparates plutôt qu'une grande ligne symphonique. D'autant que la tenue orchestrale laisse cette fois à désirer, la mise en place s'avérant parfois imparfaite alors que Prokofiev exige justement une vraie virtuosité orchestrale pour que son orchestre donne toute sa mesure. Les cordes, notamment les premiers violons, ne sont pas toujours en place, et les cuivres confondent puissance et lourdeur en particulier dans le scherzo. Dommage mais il était sans doute difficile après le sommet atteint en première partie de rester sur les mêmes cimes.

En conclusion, Kissin, virtuose toujours foudroyant, montre aussi une musicalité profondément émouvante dans le morceau de bravoure de Rachmaninov, haussant l' qui l'accompagne à son niveau. On regrette que, seule, la phalange parisienne déçoive dans une Symphonie n° 5 de Prokofiev oubliable.

Crédits photographiques : © Sasha Gusov

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Paris. Théâtre des Champs-Elysées. 24-X-2023. Sergueï Rachmaninov (1873-1943) : Concerto pour piano et orchestre n°3 en ré mineur opus 30. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Symphonie n°5 en si bémol majeur, op.100. Evgeny Kissin, piano ; Orchestre National de France, direction : Cristian Macelaru

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