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Le Philhar part en tournée avec un programme « made in France »

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 20-X-2023. Maurice Ravel (1875-1937) : Alborada del Gracioso ; Daphnis et Chloé, Suite n° 2 ; Mel Bonis (1858-1937) : Trois femmes de légende) ; Edouard Lalo (1823-1892) : Concerto pour violoncelle et orchestre en ré mineur. Sol Gabetta, violoncelle. Orchestre Philharmonique de Radio-France, direction : Alexandre Bloch.

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Que des compositeurs français au programme du « Philhar » ce soir pour un dernier tour de chauffe avant le départ en tournée qui conduira l'orchestre à Vienne et en Allemagne : certains bien connus comme ou Edouard Lalo, d'autres en passe de retrouver une reconnaissance tardive bien méritée comme .

Un concert conçu comme une fête orchestrale ravélienne empreinte des couleurs vives d'une Espagne rêvée avec l'Alborada del Gracioso et de la sensualité débordante de la Suite n° 2 de Daphnis et Chloé, agrémentée d'une touche de virtuosité avec le Concerto pour violoncelle d'Edouard Lalo interprété par et d'une belle découverte avec Trois femmes de légende (Ophélie, Salomé et Cléopâtre) de .

Mikko Franck souffrant, c'est finalement à la baguette qui ouvre le concert avec l'Alborada del Gracioso, quatrième pièce des Miroirs pour piano (1905) orchestrée secondairement par Ravel en 1919 dont il donne avec beaucoup de vigueur (trop peut-être ?) une lecture rutilante et frénétique mettant en avant toute la nervosité percussive et rythmique de la partition, parfois aux dépens de la continuité de la narration qui souffre d'un excès de contrastes et de nuances et d'un équilibre parfois précaire entre les pupitres (cuivres et timbales mal contenus, harpes inaudibles) avec une mention particulière pour le beau solo de basson, poétique et douloureux de Jean-François Duquesnoy.

Place ensuite à pour une interprétation joliment menée du Concerto pour violoncelle d'Edouard Lalo (1877) où l'on regrettera toutefois un léger défaut de projection. Après une introduction solennelle, la soliste prend immédiatement la parole à découvert sur une cantilène gorgée de poésie où l'on admire d'emblée la beauté du legato et la profondeur d'intonation, avant que la virtuosité ne s'affirme dans le dialogue bien équilibré avec l'orchestre où se démarque tout particulièrement la flute. L'Andantino voit la soliste s'épancher dans une complainte tantôt méditative, tantôt joyeuse avant que le Finale ne retrouve soliste et orchestre dans une joute serrée fortement cuivrée (trompettes, cors) et percussives (timbales). Le sublime Chant des oiseaux de Pau Casals, donné en bis, accompagné par l'ensemble des violoncelles conduits par Nadine Pierre, conclut magnifiquement cette première partie.

La seconde partie s'ouvre sur une belle découverte, celle de la compositrice post romantique française (1858-1937) avec ses Trois femmes de légende,  trois portraits musicaux (Ophélie, Salomé, Cléopâtre) réorchestrés à partir d'une version initiale pour piano, comme autant d'occurrences à faire montre d'une science attentive et confirmée de l'orchestration : Ophélie, d'inspiration shakespearienne, se déploie sur un phrasé fluide, aquatique et très lyrique qui met en avant les harpes ; Salomé, aux accents orientalisants, plus rythmique fait appel à une orchestration plus développée (hautbois, flute, trompettes et percussions) où l'on est séduit par la richesse et l'agencement de la polyphonie ; le Rêve de Cléopâtre qui est sans doute la pièce la plus aboutie, puissante par sa richesse thématique, sensuelle par son foisonnement de timbres (clarinette langoureuse, cor anglais languissant, violon solo, harpe, cor solo), envoûtante par sa fluidité et ses scintillements comme par ses accès plus tourmentés regroupés dans une narration continue, claire et tendue.

La Suite n° 2 de Daphnis et Chloé clôt le concert sur une formidable lecture, enthousiasmante, d' où le Philhar se montre irréprochable debout en bout. On en retiendra surtout la poésie prégnante du « Lever du jour » tout de fluidité et de scintillements, se déployant par vagues sur une dynamique justement dosée d'une belle ampleur, riche en nuances rythmiques et dynamiques, équilibrée et transparente qui met au jour toutes les performances solistiques individuelles, et notamment la flûte de Magali Mosnier et le violon solo de Nathan Mierdl, ou collectives (altos et cordes graves), ainsi que la furieuse « Danse générale » engageant tout le tutti dans une bacchanale endiablée impressionnante de précision rythmique. Magnifique  et bon voyage!

Crédit photographique : © Susanne Diesner

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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 20-X-2023. Maurice Ravel (1875-1937) : Alborada del Gracioso ; Daphnis et Chloé, Suite n° 2 ; Mel Bonis (1858-1937) : Trois femmes de légende) ; Edouard Lalo (1823-1892) : Concerto pour violoncelle et orchestre en ré mineur. Sol Gabetta, violoncelle. Orchestre Philharmonique de Radio-France, direction : Alexandre Bloch.

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