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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 18-X-2023. Sergeï Prokofiev (1891-1953) : Ouverture sur des thèmes juifs ; Dmitri Chostakovitch (1906-1975) : Concerto pour violoncelle n° 1 en mi bémol majeur, op. 107 ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 6 en fa majeur, op. 68 dite « Pastorale » ; Sheku Kanneh-Mason, violoncelle. Orchestre de Paris, direction : Nathalie Stutzmann
Après des débuts remarqués face à l'Orchestre de Paris en 2021, Nathalie Stutzmann peine à convaincre aujourd'hui face à la phalange parisienne dans un programme convoquant Prokofiev, Chostakovitch et Beethoven avec le violoncelliste Sheku Kanneh-Mason.
Malgré une brillante carrière de cheffe d'orchestre (cheffe titulaire de l'Orchestre d'Atlanta, cheffe principale invitée à l'Orchestre de Philadelphie, cheffe principale de l'Orchestre de Kristiansand en Norvège et comptant également parmi les rares femmes cheffes d'orchestre à avoir conquis Bayreuth et le MET dans le domaine lyrique) Nathalie Stutzmann déçoit ce soir dans ce programme sans véritable unité thématique débutant par l'Ouverture sur des thèmes juifs de Serge Prokofiev : une œuvre de musique de chambre initialement composée en 1920 pour quatuor à cordes, clarinette et piano, orchestrée en 1935 dont la cheffe française donne une interprétation qui manque de couleur, sans âme, trop policée et trop lyrique en contradiction avec la tradition klezmer où la clarinette de Pascal Moragues sonne « petit » et le cor de Benoit de Barsony parait bien approximatif…
Le Concerto pour violoncelle n° 1 de Dimitri Chostakovitch (1959) interprété par le violoncelliste Sheku Kanneh-Mason n'est, hélas, guère plus satisfaisant, s'abimant rapidement dans une lecture fade où soliste et orchestre manquent cruellement de relief. L'Allegro déçoit par son défaut d'engagement : le violoncelle (Matteo Goffriller de 1700) sonne étonnamment petit et les attaques paraissent molles dans le dialogue avec la petite harmonie ; le Moderato développe une belle cantilène du soliste dont on admire le legato bien soutenu par les cordes graves, le cor et la clarinette avec une belle incursion du célesta dans la coda, mais la tension reste absente ; La Cadence est menée sur un tempo exagérément lent, virtuose certes mais baignée d'un lyrisme douloureux où l'ennui gagne ; Seul le Finale retrouve enfin une vraie joute tendue entre Sheku Kanneh-Mason et l'Orchestre de Paris dans la reprise sauvage et endiablée du thème initial, mais malheureusement, cela semble bien peu…
La Symphonie n° 6 dite « Pastorale » de Beethoven (1808) referme ce concert morose sur une interprétation qui s'inscrit dans la même veine, sans tension, terne et sans saveur. Le premier mouvement « L'Éveil d'impressions joyeuses en arrivant à la campagne » empreint de sérénité parait un peu prosaïque, sans poésie, ni délicatesse malgré la fluidité du phrasé et les belles performances solistiques des cordes et de la petite harmonie ; l'Andante « Scène au bord du ruisseau » permet d'apprécier le legato des cordes et les chants d'oiseaux bien timidement individualisés ( flute, hautbois et clarinette) ; l'Allegro « Réunion joyeuse de paysans » déploie un peu plus d'énergie et de rusticité sur une scansion des cordes à laquelle se mêlent les chants du cor et du hautbois d'Alexandre Gattet. On admire la belle transition toute imprégnée d'attente avant la survenue saisissante de l'« Orage », bien négocié dans un maelstrom assez narratif de cordes graves, de timbales, de cuivres et de bois (piccolo) avant que l'Allegretto final ne retrouve dans le « Chant des pâtres » une embellie sereine , lumineuse et apaisée.
Si Nathalie Stutzmann a séduit dans ses interprétations lyriques récentes, qu'il s'agisse de Don Giovanni au MET ou de Tannhäuser à Bayreuth, elle déçoit dans ce concert symphonique.
Crédit photographique : © Brice Toul ; une © Simon Fowler
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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 18-X-2023. Sergeï Prokofiev (1891-1953) : Ouverture sur des thèmes juifs ; Dmitri Chostakovitch (1906-1975) : Concerto pour violoncelle n° 1 en mi bémol majeur, op. 107 ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 6 en fa majeur, op. 68 dite « Pastorale » ; Sheku Kanneh-Mason, violoncelle. Orchestre de Paris, direction : Nathalie Stutzmann