Antonio Pappano et le LSO à Paris : une ouverture de mandat en fanfare
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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 17-X-2023. Richard Strauss (1864-1949) : Ainsi parlait Zarathoustra op. 30 ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 7 en la majeur, op. 92. London Symphony Orchestra, direction : Antonio Pappano
Pour ouvrir son nouveau mandat de directeur musical à la tête du London Symphony Orchestra, Antonio Pappano choisit un programme symphonique grandiose appariant Ainsi Parlait Zarathoustra de Richard Strauss et la Symphonie n° 7 de Beethoven.
Alors qu'il quittera très prochainement la direction du ROH de Covent Garden à Londres et celle de l'Académie Sainte Cécile de Rome, Antonio Pappano assume depuis septembre 2023 la destinée du LSO. C'est avec cette mise en miroir passionnante, et espérons-le prémonitoire, ardente et pleine de joie, qu'il ouvre cette nouvelle ère en compagnie de la prestigieuse phalange londonienne dans une véritable « Apothéose de la danse ».
Dans Ainsi parlait Zarathoustra (1896) Richard Strauss ne propose pas moins que de tracer un tableau de la race humaine depuis les origines jusqu'à l'avènement du Surhomme de Nietzsche ! Vaste, ambitieux et assez grandiloquent programme qu'Antonio Pappano décline de belle façon dans une interprétation puissante, claire, tendue, au phrasé souple et contrasté, riche en nuances rythmiques et dynamiques, en suivant les huit mystérieux apologues nietzschéens comme autant d'occasions de faire chanter les excellents pupitres du LSO. Après un portique grandiose et solennel unissant l'orgue, les contrebasses, les cuivres et les timbales, Antonio Pappano, échappant au piège de la fragmentation, enchaine les différentes sections dans une narration continue, transparente, haute en couleurs et impeccablement mise en place, portée par une direction précise, engagée et d'une parfaite lisibilité. Si la direction n'appelle aucun reproche, la virtuosité orchestrale impressionne tout autant en rendant parfaitement compte de la richesse foisonnante de l'orchestration : on admire la sonorité et le lyrisme sensuel des cordes (altos, violoncelles), l'élégance des bois (flute, cor anglais), la justesse des cuivres (cors), la véhémence bien contenue des percussions (timbales, cloches) maintenues dans un équilibre souverain, avec une mention particulière pour le violon solo d'Andrej Power magnifique dans la Valse aux accents quelque peu triviaux.
De forme bien différente mais inspirée de la même veine dionysiaque, portée par une dynamique très rythmique, la Symphonie n° 7 de Beethoven (1812) fut composée dans l'allégresse célébrant la victoire contre les armées napoléoniennes. Là encore Antonio Pappano en dresse un tableau jubilatoire très convaincant, beethovénien dans l'âme, animé d'un souffle épique dans une succession de quatre mouvements (sans mouvement lent) usant d'une rare économie de moyens, réduits à l'utilisation judicieuse de quelques motifs. La direction ardente d'Antonio Pappano, une fois encore y fait merveille, maintenant la tension, l'énergie et la rigueur rythmique, sans en oublier la fantaisie et l'exubérance exaltées par la richesse en nuances. Le premier mouvement Poco sostenuto et Vivace séduit par la clarté de la texture orchestrale, comme par les performances solistiques individuelles (hautbois) et collectives (contrebasses). L'Allegretto qui se substitue à l'habituel andante confirme la primauté de l'élément rythmique. Sur un rythme de marche lente se démarquent tout particulièrement le pupitre d'altos et l'ensemble du quatuor dans une cantilène soutenue par un rythme lancinant, renforcé par les traits de la petite harmonie. Dans une progression effrénée, presque ludique, le Presto fait la part belle aux timbales dans une alternance d'épisodes rythmiques (scherzo) et de sections au lyrisme délicat (trio). Impérieux, l'Allegro con brio final conclut cette remarquable interprétation sur une coda tellurique insoutenable d'urgence dans une complicité totale entre chef et orchestre.
Après tant de fureur, la Pavane de Gabriel Fauré clôt cette belle soirée dans la sérénité retrouvée.
Crédit photographique : © Mark Allan ; Une © Musacchio & Ianniello
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Paris. Philharmonie. Grande Salle Pierre Boulez. 17-X-2023. Richard Strauss (1864-1949) : Ainsi parlait Zarathoustra op. 30 ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 7 en la majeur, op. 92. London Symphony Orchestra, direction : Antonio Pappano