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Les 10 ans de La Belle Saison aux Bouffes du Nord

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Paris. Théâtre des Bouffes du Nord. 9-X-2023. Maurice Ravel (1875-1937) : Trio en la mineur M. 67. Trio Pantoum. Antonín Dvořák (1841-1904) : Quatuor à cordes n° 12 en fa majeur B. 179 (op. 96) « Américain ». Quatuor Hermès. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Triple concerto en do majeur op. 56. Jean-Frédéric Neuburger, piano ; Pierre Fouchenneret, violon ; Xavier Phillips, violoncelle. Orchestre Ostinato, direction : Jean-François Heisser

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Lancée par le Théâtre des Bouffes du Nord en 2013, La Belle Saison fête cette année son 10e anniversaire dans ce même lieu, avec un concert de très grande qualité débuté par le jeune , suivi du , puis achevé avec l' dirigé par .

Inspirée par l'atmosphère du Théâtre des Bouffes du Nord, La Belle Saison est aujourd'hui présente dans une quinzaine de lieux en France, tant pour des concerts que pour des actions avec les scolaires, afin de faire découvrir ou redécouvrir le répertoire de musique de chambre. Le réseau souffle ses dix bougies à Paris, dans son lieu de création, avec un concert anniversaire présenté par le directeur artistique Antoine Manceau.

Prometteur, le programme introduit par le ne laissait toutefois pas prévoir un tel niveau d'excellence, ce dès les premières mesures du Trio en la mineur de , parfaitement introduites par le piano de Virgile Roche, puis emportées par le violon de . Passé le superbe développement du thème basque par le violon, bien repris ensuite par le vibrant violoncelle de Bogeun Park, le trio entre dans le mouvement inspirateur du nom de la formation, le Pantoum. Les deux thèmes alternés y profitent de la justesse et de la dynamique des deux archets, et du]doigté du pianiste, parfois comme en pizz dans sa façon de pointer les notes sur le clavier du Steinway D. La Passacaille ramène à plus de plénitude et de douceur, parfaitement colorée par les jeunes instrumentistes passés par le Conservatoire de Paris, où ils ont créé leur trio en 2016. Le geste s'exalte une dernière fois dans un vif finale, qui démontre encore l'accord total entre les trois musiciens.

Plus mature, le – dont La Belle Saison avait permis les gravures de magnifiques quatuors de Brahms pour le label La Dolce Volta – pouvait toutefois laisser douter quant à son approche du plus célèbre des quatuors de Dvořák, n'ayant pour lui ni la tradition tchèque, ni le style américain. Mais là encore, les doutes s'effacent dans les premières phrases du Quatuor « Américain », pour surtout laisser s'exprimer d'abord le premier violon , puis mettre en évidence le violoncelle de . Splendide de bout en bout, le violoncelliste ressort tant par la chaleur de son instrument à chaque phrase d'archet, notamment lorsqu'il doit porter les thèmes, que par ses pizz, si marquants au Lento pour accompagner le premier violon, que ses trois collègues ne parviennent pas à retrouver la même ampleur pour l'escorter ensuite lorsqu'il tient lui-même le thème principal. Bien accordée par plus de discrétion, la seconde violon attire plus par sa minutie lorsqu'elle doit reprendre les grandes phrases que l'altiste , un peu plus effacée du fait de la moindre importance donnée à sa partie et par à sa gauche, vibrant jusqu'au passage lent du Finale, et pour le reste superbement accordé au jeu joueur et plein de coloris des autres musiciens pendant le Molto vivace.

En seconde partie, le programme s'invite dans le répertoire symphonique avec l'un des ouvrages les plus proche de la musique de chambre. Présenté comme un « trio augmenté » et tout simplement pièce dans le style des concertos grosso baroque, le Triple Concerto de Beethoven devait donner de la visibilité à trois habitués de La Belle Saison, mais Anne Gastinel ayant dû annuler, la place du violoncelle revient à , pour la première fois partenaire du réseau. Autour viennent s'intégrer et . Ce dernier est très familier de la partie de piano, mais son idée de jouer sur une partition montrant les trois voix solistes le met souvent en difficulté pour arriver à suivre. Finalement, cela créé plusieurs instants facétieux, dont celui où se lève d'un bond pour tenter de jouer au tourneur de page, bien que le résultat montre de toute façon que Neuburger n'a aucune difficulté avec l'œuvre, même sans partition.

Sans jamais laisser l'ascendant à l'un des trois solistes, mais sans non plus présenter l'unité qui ressort souvent lorsqu'il est joué par une formation trio comme aurait pu le faire les Pantoum, le Triple Concerto met finalement en avant l'agilité du chef, , toujours aussi souple lorsqu'il s'agit d'interpréter Beethoven. Ce soir, il est en plus très bien aidé par les frais et vivaces musiciens de l', ensemble de jeunes déjà très prometteurs, dont certains (par exemple les cors !) pourraient en remontrer à de bien plus grande formation. Sans faire revenir saluer les artistes de la première partie, le concert anniversaire s'achève avec un bis porté seulement par les trois musiciens du concerto, l'Adagio du Trio n°4 op. 11 de Beethoven, évidemment dans sa version piano-violon-violoncelle.

Crédits photographiques : © Lydia Kasparian

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Paris. Théâtre des Bouffes du Nord. 9-X-2023. Maurice Ravel (1875-1937) : Trio en la mineur M. 67. Trio Pantoum. Antonín Dvořák (1841-1904) : Quatuor à cordes n° 12 en fa majeur B. 179 (op. 96) « Américain ». Quatuor Hermès. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Triple concerto en do majeur op. 56. Jean-Frédéric Neuburger, piano ; Pierre Fouchenneret, violon ; Xavier Phillips, violoncelle. Orchestre Ostinato, direction : Jean-François Heisser

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