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Cenerentola au TCE : touchée en plein cœur !

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 9-X-2023. Gioachino Rossini (1792-1868) : Cenerentola, dramma giocoso en deux actes. Mise en scène : Damiano Michieletto. Scénographie : Paolo Fantin. Costumes : Agostino Cavalca. Lumières : Alessandro Carletti . Avec : Marina Viotti, Angelina ; Levy Sekgapane, Don Ramiro ; Edward Nelson, Dandin i; Peter Kálmán, Don Magnifico ; Alice Rossi, Clorinda ; Justyna Ołów, Tisbe ; Alexandros Stavrakakis, Alidoro. Orchestre et Chœurs Balthasar Neumann, direction : Thomas Hengelbrock

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La nouvelle Cenerentola qui ouvre la saison d'opéras mis en scène au Théâtre des Champs-Elysées est une coproduction avec le Semperoper de Dresde. Classique dans la scénographie et enthousiasmante par l'équipe vocale, le spectacle est ravissant et non moins émouvant pour autant.

Le rôle pivot de cette production est celui d'Alidoro. Descendant des nuages pendant l'Ouverture, tel Mary Poppins avec une valise à la main, Alidoro utilise des plumes, des livres, des flèches, des cartes géographiques pour orienter le Prince à trouver le chemin du cœur de sa belle comme s'il s'agissait d'un parcours sur la carte du Tendre. Manipulant en arrière-plan les rouages de l'action, il favorise le rapprochement du couple amoureux et tourne en dérision les sœurs teigneuses Clorinda et Tisbe. C'est donc un apport original de cette mise en scène que de proposer avec intelligence la magie apportée par le Précepteur du Prince, ce qui n'est pas dans l'idée du livret original.

Le décor est constitué d'une part d'un self service où Angelina fait le ménage, sert les clients et subit les vexations de son père qui est à la caisse et passe son temps à se faire servir. Il s'élève lors du tableau du palais du Prince pour laisser apparaître un luxueux appartement contemporain aux lignes chics et épurées, avec des meubles confortables et un comptoir de rafraichissements et de spiritueux. De retour dans la maison de Don Magnifico au dernier tableau, le décor redescend pour permettre le dénouement final. Les ressorts comiques de l'action sont donc favorisés par ces décors efficaces et parfaitement lisibles. Pour retenir l'attention du public, toute la pièce est parsemée de gags et d'effets drôlatiques qui suscitent la surprise (nous ne dévoilons rien, mais jusqu'aux derniers accords, l'étonnement occasionne le rire).

connaît avec ce rôle une adéquation passionnante. La voix est ronde, chaude, puissante et généreuse. Avec un grave d'une grande beauté, une belle étendue et des aigus pleinement assumés, la technique de la chanteuse n'omet aucune vocalise ou roulade. L'engagement de l'actrice est total et très naturel. Elle est accompagnée par un un peu terne et semblant fatigué. L'habileté technique est pleine, mais la voix semble très tenue, peut être victime d'une méforme passagère. Toutefois l'amusement du chanteur dans un rôle qu'il connaît bien, les interactions avec les sœurs ridicules et le mépris envers un Don Magnifico vantard sont suffisamment intéressants pour compenser le manque de brillance vocale de ce soir.

Don Magnifico est chanté par . Il s'investit dans le comique de situation en revêtant un bonnet d'âne, préfigurant ainsi la niaiserie dont il sera l'objet, tourné en dérision quand il est intronisé de titres fantoches dans la scène dix. Dandini est un gentleman sous les traits . Avec un physique élancé, tiré à quatre épingles, toujours élégant dans sa tenue vocale, la complicité avec le prince est très aboutie, quand bien même il semble un peu parfois dépassé par les complexités stylistiques. Le cas d' est différent. Le chanteur semble égaré dans une vocalité qui n'est clairement pas la sienne. La voix est énorme, quasiment verdienne, pleine d'harmoniques et parfois trop lyrique quand il faudrait plus d'abattage. Il s'agit plutôt d'une erreur de répertoire que de capacités vocales qui trouveront un plein épanouissement dans les rôles de basse noble. Enfin, les deux sœurs d' et s'entendent à merveille et le duo semble bien rôdé.

La direction de est plutôt désordonnée. Le chef est assez attentif à l'équilibre entre les voix et l'orchestre, mais perd ainsi en spontanéité ce qu'il gagne en sérieux. Ce n'est pas un chef pour Rossini, pour l'ivresse et pour l'insouciance, mais on entendra toutefois la richesse d'instrumentation du compositeur italien qui était qualifié en son époque de « tedeschino » (le petit Allemand).

Crédit photographique : Cenerentola © Klaus Gigga ; et © Vincent Pontet

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 9-X-2023. Gioachino Rossini (1792-1868) : Cenerentola, dramma giocoso en deux actes. Mise en scène : Damiano Michieletto. Scénographie : Paolo Fantin. Costumes : Agostino Cavalca. Lumières : Alessandro Carletti . Avec : Marina Viotti, Angelina ; Levy Sekgapane, Don Ramiro ; Edward Nelson, Dandin i; Peter Kálmán, Don Magnifico ; Alice Rossi, Clorinda ; Justyna Ołów, Tisbe ; Alexandros Stavrakakis, Alidoro. Orchestre et Chœurs Balthasar Neumann, direction : Thomas Hengelbrock

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