L’ensemble La Rêveuse enchante le conte du Rossignol et l’empereur de Chine

Musiques inventives et images élégantes illustrent le conte d'Andersen, dans cette parution réussie chez Didier Jeunesse.

Quand l'empereur de Chine apprend qu'un Rossignol est la merveille de son empire, ses courtisans s'affairent pour le retrouver. Après avoir enchanté les oreilles de l'empereur, celui-ci est bientôt remplacé par un oiseau mécanique… Le conte du Rossignol et l'empereur de Chine est assurément un sujet musical, tant il est vrai que l'imitation des oiseaux fascine les compositeurs et offre pour les enfants une clé d'entrée vers la musique (voir par exemple Le violon et l'oiseau). La musique accompagne habilement l'histoire dans ses moments drôles, graves et poétiques. Elle joue aussi de la carte postale chinoise et de ses codes musicaux, à la fois sans mièvrerie et sans trahir le texte. Aussi, pour débuter cette chinoiserie, quoi de mieux que Laideronnette, impératrice des pagodes, tout droit sorti du livre d'images de Ravel (Ma Mère L'Oye) ? Il est encore plus original de l'entendre adapté pour les instruments baroques : flûte à bec, du minuscule flageolet d'oiseau à la grande flûte basse, théorbe et violes de gambe. Le compositeur Vincent Bouchot (Ubu, Cantates de Bistrot pour La Péniche Opéra) signe cette adaptation ainsi que plusieurs musiques, dans la suite de son dernier disque avec La Rêveuse Le Concert des oiseaux. Il invente l'entêtante musique de l'oiseau mécanique, illustre avec humour le personnage amusant du chancelier (qui était tellement hautain qu'il ne répondait rien d'autre que « Tsing-Pe ! ») ou la mort en personne qui menace l'empereur. Enfin des airs baroques complètent avec naturel l'illustration musicale : la Musette (avec un clin d'œil à un air bien connu) de Jean-Baptiste Cappus accompagne les courtisans dans leur quête de l'oiseau, et le chant du rossignol qui fait couler les larmes de l'empereur n'est autre que Pourquoi doux rossignol de Jean-Baptiste de Bousset.

Du spectacle inventif dont il est l'origine, le livre garde le récit aussi drôle que touchant de la comédienne Cécile Hurbault, qui joue tous les personnages. Pour le livre, le joli théâtre d'ombre inspiré des estampes chinoises fait place aux illustrations colorées et raffinées d'Anna Griot, dont la couverture donne une bonne idée. Ouvrage de belle facture, dans la collection au croissant de Didier Jeunesse, ce livre-disque a de quoi ravir les enfants dès 5-6 ans.