La renaissance des Dames de Ferrare au Théâtre Grévin
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Paris. Théâtre Grévin. 9-X-2023. Luzzasco Luzzaschi (1545-1607) : Non sa che sia dolore, Deh vieni ormai, Cor mio, Ch’io non t’ami, T’amo mia vita, O dolcezze amarissime, Stral pugente, Aura Soave, Troppo ben puo, Pirmavera, Io mi son giovinetta, Occhi del pianto mio. Francesca Caccini (1587-1640) : Le tre sirene, Le 3 Damigelle, Coro del piante incantate. Claudio Monteverdi (1567-1643) : Come dolce oggi l’auretta. Luca Marenzio (1553-1599) : Belle ne fe natura. Luigi Rossi (1597-1653) : Passacaille del Seigneur Louigi. Ensemble La Néréide : Julie Roset, soprano ; Ana Vieira Leite, soprano ; Camille Allérat, soprano ; Manon Papasergio, harpe et viole de gambe ; Gabriel Rignol, théorbe et guitare ; Ronan Khalil, clavecin.
À l'occasion de la sortie de son premier disque chez Ricercar, le jeune ensemble La Néréide fait revivre les concerts privés de la cour du duc d'Este à la fin de la Renaissance.
Trois dames, à la fois chanteuses et instrumentistes, y brillaient alors : Ana Guarini, Livia d'Arco et Laura Peverara. C'est dans le décor singulier et intime du Théâtre Grévin, entourées des stucs 1900 et des statues en cire du musée, que les tre donne Julie Roset, Camille Allérat et Ana Vieira Leite reprennent ce répertoire de polyphonie vocale pour le duc de Ferrare. Le principal compositeur de la cour était alors Luzzasco Luzzaschi, qui avait certes interdiction d'éditer sa musique, mais n'en était pas moins admiré de ses contemporains comme Rolland de Lassus ou Gesualdo. Si l'on retrouve des points communs aux madrigalistes de la Renaissance dans l'écriture (entrées en canon et contrepoint) et dans les codes littéraires (l'amour galant et la pastorale), Luzzaschi se démarque par son maniérisme et son art de l'ornementation. Il ajoute également des parties instrumentales, quand ce genre est traditionnellement chanté a capella. Dépassant parfois le simple statut d'accompagnement, les voix instrumentales offrent parfois de belles introductions au théorbe jouées avec sensibilité par Gabriel Rignol (Cor mio, Primavera), à la harpe ou à la viole (Manon Papasergio). Par ailleurs, l'élégante Passacaille del Seigneur Louigi pour clavecin de Luigi Rossi, tient lieu d'interlude.
D'autres artistes de la Renaissance italienne viennent compléter le programme : Claudio Monteverdi, dans un air très frais (Come dolge hoggi l'auretta) probablement choisi pour sa parenté avec le style de Luzzaschi ; Troppo ben può de Luca Marenzio, pièce d'autant plus émouvante qu'elle est la seule a capella du concert ; et surtout trois airs de Francesca Caccini, qui se distingue par son art d'alterner de longs solos avec les tutti mais aussi par la profondeur des sentiments exprimés, passant du lamento poignant à la gaité (Coro delle piante incantate). Les œuvres de Luzzaschi exigent une virtuosité dans l'ornementation et une diction claire, dont le trois sopranos disposent. Les voix sont de prime abord un peu légères dans cette salle et mettent un peu de temps à être bien projetées. Il faut reconnaître que l'amplitude requise est importante et on ne s'étonne pas de la faiblesse de certains graves. Légère et confortable dans les aigus chez Ana Vieira Leite, équilibrée chez Julie Roset, plus timbrée chez Camille Allérat, les trois voix se coordonnent parfaitement. Enfin, l'interprétation suit le sens dramatique au sein de chaque pièce.
Au cours du concert, les chanteuses lisent la traduction de certains textes particulièrement expressifs et présentent brièvement leur projet. Celui-ci, prenant la suite d'autres enregistrements (par exemple par l'ensemble Doulce Mémoire) participe en beauté à la redécouverte d'un répertoire un peu éclipsé par l'œuvre de Monteverdi.
Crédits photographiques : Julie Roset, Ana Vieira Leite, Camille Allérat © Jean-Baptiste Millot
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Paris. Théâtre Grévin. 9-X-2023. Luzzasco Luzzaschi (1545-1607) : Non sa che sia dolore, Deh vieni ormai, Cor mio, Ch’io non t’ami, T’amo mia vita, O dolcezze amarissime, Stral pugente, Aura Soave, Troppo ben puo, Pirmavera, Io mi son giovinetta, Occhi del pianto mio. Francesca Caccini (1587-1640) : Le tre sirene, Le 3 Damigelle, Coro del piante incantate. Claudio Monteverdi (1567-1643) : Come dolce oggi l’auretta. Luca Marenzio (1553-1599) : Belle ne fe natura. Luigi Rossi (1597-1653) : Passacaille del Seigneur Louigi. Ensemble La Néréide : Julie Roset, soprano ; Ana Vieira Leite, soprano ; Camille Allérat, soprano ; Manon Papasergio, harpe et viole de gambe ; Gabriel Rignol, théorbe et guitare ; Ronan Khalil, clavecin.