Concerts, La Scène, Musique symphonique

Création à Strasbourg de la suite « Siddharta » de Bruno Mantovani

Plus de détails

Strasbourg. Palais de la Musique et des Congrès. 6-X-2023. Bruno Mantovani (né en 1974) : Suite « Siddharta ». Léon Boëllmann (1862-1897) : Variations symphoniques pour violoncelle et orchestre. Gabriel Fauré (1845-1924) : Élégie pour violoncelle et orchestre. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Concerto pour violoncelle n° 1. Marc Coppey, violoncelle. Orchestre philharmonique de Strasbourg, direction : Pablo González

Dans un concert 100% français, l' offre trois pièces pour violoncelle à Marc Coppey, et assure la création de la Suite Siddharta de . Un choc.

Le ballet Siddharta créé en 2010 à Paris avait fait en son temps une certaine sensation, et l' en a commandé une Suite, dont c'était ce soir la création. Désormais sans le ballet qui raconte l'histoire et faute d'une présentation écrite dans la brochure du concert, l'auditeur ne peut savoir s'il entend une description de différents états de conscience du Siddharta Gautama, ou s'il s'agit d'une lecture en poème symphonique des différentes rencontres du prince de Kapilvastu jusqu'à l'illumination du Bouddha sous le ficus à Bodhgaya. Peu importe, à vrai dire : l'entraîne dans une aventure sonore puissante, voire violente, qui questionnera ses propres états d'âme. L'orchestre, renforcé de cinq percussionnistes et d'une guitare électrique est à même de déclencher des séismes et des tensions sonores extrêmes, ce qu'il fait pendant quarante minutes. Après un début sombre et percussif qui évoque l'horreur d'un chaos originel ou l'implacabilité du Samsara, suit un épisode plus mélodique mais combatif, où se mêlent les couleurs des cordes et celles de la guitare. Succèdent ensuite en alternance différents acmés et d'autres plages presque sereines, avec des contrastes qui font penser à Olivier Messiaen, et dont un est presque une citation de son merveilleux Saint François d'Assise. La recherche sur les couleurs sonores est passionnante, avec des glissements intra-tonaux, et le travail des percussions est fascinant. La dernière étape, où les rythmes se disloquent et où les phrases s'éteignent peu à peu dans un magma sonore splendide, amène enfin à une fusion du temps et de l'espace, et à une explosion de joie dans laquelle émerge une pulsation fondamentale (le xylophone). Ce moment d'une beauté supérieure clôt une œuvre magnifique, intimement troublante et percutante. Le public l'accueille avec enthousiasme, acclame le compositeur et salue l'engagement de l'orchestre, ainsi que la rigueur du chef .

 

Après un choc pareil, la suite de la programmation fin XIXe siècle parait bien sage, mais on est également bien aise de retrouver des formes plus traditionnelles qui expriment la sérénité. Surtout qu'on y peut découvrir une pièce orchestrale de l'Alsacien , davantage connu pour son œuvre pour orgue. Ses Variations symphoniques pour violoncelle et orchestre dévoilent un très beau lyrisme, élégant, puis de plus en plus brillant, qui se termine par une fusion admirable avec l'orchestre. Marc Coppey séduit par sa virtuosité tranquille, presque comme une évidence, et les couleurs très riches de son admirable instrument (un Goffriller de 1711). L'Élégie de Fauré continue de distiller le même bonheur, les mêmes couleurs boisées rehaussées de quelques traits de virtuosité de la flûte, de la clarinette ou du hautbois. Le Concerto pour violoncelle de Saint-Saëns est tout aussi réussi, et son menuet central fait comme un clin d'œil aux rythmes primaux de Mantovani, ces rythmes de la danse qui selon le Mahabharata a précédé la création des mondes. Architecte vigoureux et courageux de la soirée, mérite tous les éloges, ainsi que l'OPS, très concerné par cette création comme par les standards du répertoire. Marc Coppey, entre deux bis, prend la parole et a les mots justes pour les féliciter.

Crédits photographiques : et l'OPS © David Amiot, puis Marc Coppey et © Grégory Massat

(Visited 766 times, 1 visits today)

Plus de détails

Strasbourg. Palais de la Musique et des Congrès. 6-X-2023. Bruno Mantovani (né en 1974) : Suite « Siddharta ». Léon Boëllmann (1862-1897) : Variations symphoniques pour violoncelle et orchestre. Gabriel Fauré (1845-1924) : Élégie pour violoncelle et orchestre. Camille Saint-Saëns (1835-1921) : Concerto pour violoncelle n° 1. Marc Coppey, violoncelle. Orchestre philharmonique de Strasbourg, direction : Pablo González

Mots-clefs de cet article

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Reproduire cet article : Vous avez aimé cet article ? N’hésitez pas à le faire savoir sur votre site, votre blog, etc. ! Le site de ResMusica est protégé par la propriété intellectuelle, mais vous pouvez reproduire de courtes citations de cet article, à condition de faire un lien vers cette page. Pour toute demande de reproduction du texte, écrivez-nous en citant la source que vous voulez reproduire ainsi que le site sur lequel il sera éventuellement autorisé à être reproduit.