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Chagall à l’œuvre au Centre Pompidou

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Paris. Centre Pompidou. Chagall à l’œuvre. Dessins, céramiques et sculptures, 1945-1970. Commissariat : Anne Montfort, conservatrice au Cabinet d’art graphique, Musée national d’art moderne et Valérie Loth, attachée de conservation au Cabinet d’art graphique. 4 octobre 2023-26 février 2024

Le Centre Pompidou expose plus de 120 œuvres de , rarement montrées, principalement des dessins préparatoires pour l'Oiseau de feu et des esquisses pour le plafond du Palais Garnier, toutes dons récents de Bella et Meret Meyer, petites-filles de l'artiste.

Dans une grande galerie divisée en trois parties, trois axes présentent cet important fonds qui vient compléter les collections du Centre Pompidou : L'Oiseau de feu, le plafond du Palais Garnier ainsi qu'un ensemble de céramiques, collages et sculptures des années 1950 à 1970. L'exposition à la Philharmonie de Paris en 2016, « Marc Chagall, le triomphe de la musique », couvrait la période 1920-1960.

D'emblée on est saisi par le nombre de dessins exposés. Tout un mur présente les esquisses des costumes pour L'Oiseau de feu. À cette époque Chagall vient de perdre sa femme, Bella. C'est une période difficile pour l'artiste profondément déprimé. À New York où il habite, il hésite devant la proposition avant d'accepter, probablement poussé par sa fille Ida, qui collaborera ensuite à la réalisation des costumes. Pourtant, de ces dessins ressortent toute l'exubérance et les couleurs vives de son univers. Influences des folklores mexicains et russes se mêlent, animaux et figures hybrides sont omniprésents, comme ce monstre à tête d'âne. Le trait est en courbe et s'anime, les costumes semblent être déjà en mouvement, pensés pour le ballet, chatoyants et extravagants. En face un autre mur expose les projets de rideaux de fond de scène pour le ballet. Des bleus et verts intenses, des motifs foisonnants, montrent la forêt enchantée. Magnifiques. À côté, on peut voir des photos en noir et blanc du peintre dans son atelier new-yorkais pendant ces dessins préparatoires, également plus loin une très belle Danseuse au voile de 1945 et deux masques d'animaux pour le ballet Aleko (1942) issus d'autres collections.

La deuxième partie consacrée au plafond de l'Opéra Garnier est spectaculaire car on y découvre en particulier la série de la première phase des esquisses. Chagall veut y refléter le rythme de la musique et de la scène mais aussi l'effervescence du public dans la salle. En vitrine un alignement de gouaches, encre de chine et mine graphite sur papier découpé en cercle est tout à fait étonnant. On constate que Chagall travaille la couleur avant le trait, en appliquant par endroit des petits morceaux de tissus pour mieux définir les couleurs, avant que d'autres esquisses incorporent les personnages ou s'y consacrent. On admire par ailleurs des maquettes préparatoires de plus grands formats, représentant soit le futur plafond dans son ensemble, soit des détails comme l'ange bleu flûtiste, Pelléas et Melisande, Boris Godounov ou Le lac des cygnes (1963). Un assemblage de coupures de presse montre à quel point le projet a été décrié à l'époque : « Un plafond au-dessous de tout » titre Libération le 1er octobre 1964 ou « L'opération tête en l'air » pour Le Figaro du 22 septembre 1964 tandis que le Journal de Genève, lui, s'enthousiasme le 5 octobre 1964 : « Le nouveau plafond de l'Opéra est un joyau de lumière », « l'audace de Malraux ». Dans une vidéo, Chagall interviewé déclare avoir voulu rendre hommage à Garnier et parle de son amour pour Mozart (représenté dans l'œuvre par La Flûte enchantée), puis on y voit Georges Pompidou pour qui ce nouveau plafond introduit la couleur et la lumière dans cette « vieille salle », la rendant plus neuve et vivante. Le président de la République s'interroge même : « est ce qu'avant il y avait un plafond à l'opéra ? ». Lenepveu aurait apprécié… Vingt-quatre triangles recouverts de toiles peintes par le décorateur Roland Bierge selon les indications de Chagall, alors trop âgé, seront installés par dessus le décor du plafond d'origine en 1964.

Enfin la dernière partie présente des études pour des projets de peintures de la dernière période de Chagall (1960-1970), jamais exposés tous ensemble. Le dessin est toujours aussi spontané, faisant la part belle aux couleurs vives associées parfois à des collages de papiers, textiles, broderies ou végétaux. On retrouve l'inspiration et les thèmes des recherches effectuées précédemment pour les commandes pour la scène, telle cette Danseuse sur fond mauve (1970). Cinq céramiques et sept sculptures sont exposées. La bête fantastique (1952) en plâtre sur armature en métal, semble sortir d'un conte et porte sur son flanc le motif chagallien par excellence, un couple d'amoureux enlacé tel le peintre et sa femme Bella.


Crédits photographiques :

, L'Oiseau de feu, 1945, Collection Centre Pompidou, Paris. Musée national d'art moderne – Centre de création industrielle. Photo : Centre Pompidou, MNAM-CCI/Audrey Laurans/ Dist. RMN-GP © Adagp, Paris

, Maquette pour le plafond de l'Opéra Garnier : “Le Lac des cygnes”, 1963. Don de Mme Meret Meyer en 2022. Collection Centre Pompidou, Paris. Musée national d'art moderne – Centre de création industrielle. Photo : Centre Pompidou, MNAM-CCI/Hélène Mauri/ Dist. RMN-GP © Adagp, Paris

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Paris. Centre Pompidou. Chagall à l’œuvre. Dessins, céramiques et sculptures, 1945-1970. Commissariat : Anne Montfort, conservatrice au Cabinet d’art graphique, Musée national d’art moderne et Valérie Loth, attachée de conservation au Cabinet d’art graphique. 4 octobre 2023-26 février 2024

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