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Un clap final en grand format pour le festival Musica 2023

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Strasbourg. Festival Musica.
29-IX-2023. 14h15. Cité de la musique et de la danse. Claudine Simon (née en 1979) : Anatomia. Concept, écriture et performance : Claudine Simon ; scénographie : Rudy Decelière ; son : Laurent Sassi ; regard extérieur, dramaturgie : Pau Simon ; lumière : Lucien Laborderie ; oreille extérieure : Alain Savouret ; régie lumière : Lila Burdet ; régie plateau et générale : Théo Vacheron ; regard extérieur : Marie-Lise Naud.
18h30. Salle Ponnelle. Jennifer Walshe (née en 1974) : Everything is Important. Jennifer Walshe, performance ; Quatuor Arditti : Irvine Arditti, violon ; Ashot Sarkissjan, violon ; Ralf Ehlers, alto ; Lucas Fels, violoncelle.

30-IX-2023. 11h00. Église Sainte-Aurélie. Concert programmé par le public. Pierre Boulez (1925-2016) : Le Livre sur le quatuor. Iannis Xenakis (1922-2001) : Tetras. György Ligeti : Quatuor n°2. Quatuor Arditti.
18h30. Palais des fêtes. Jérôme Combier (né en 1971) : Memento : un livre des matières. Corentin Marillier, percussions. Ensemble Cairn : Cédric Jullion, flûtes ; Ayumi Mori, clarinette basse ; André Feydy, trompette ; Julia Sinoimeri, accordéon ; Constance Ronzatti, violon ; Alexa Ciciretti, violoncelle ; Maroussia Gentet, piano ; Guillaume Bourgogne, direction. Étienne Démoulin, électronique. NN, création lumière.
20h30. Théâtre national de Strasbourg. Séverine Chavrier (née en 1974) ; Pierre Jodlowski (né en 1971) ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : KV 385. Séverine Chavrier, mise en scène. Pierre Jodlowski, adaptation de la partition et conception électroacoustique. Louise Sari, scénographie et régie plateau. Quentin Vigier, vidéo. Claire Willemann, régie vidéo. Frédéric Letterier, cadreur. Germain Fourvel, régie générale et lumière. Orchestre philharmonique de Strasbourg, direction : Jean Deroyer
22h00. Salle Ponnelle. Madame Arthur : Mourir sur scène. Lola Dragoness Von Flame, chant ; La Briochée, chant ; La Baronne du Bronx, violon et chant ; Tony Blanquette, piano et chant.

1-X-2023. 16h00. Bâle, centre Don Bosco. Musik inszeniert Musik. Simon Steen-Andersen (né en 1976) : Inszenierte Nacht pour sept instruments et électronique. Enno Poppe (né en 1969) : Fleisch pour saxophone ténor, guitare électrique, clavier et percussion. Georges Aperghis (né en 1945) : 7 Crimes de l’amour. Ensemble zone expérimentale Basel.
18h30. Saint-Louis. Sportzentrum Pfaffenholz. Play Big! Sofia Goubaïdoulina (née en 1931) : Revuemusik pour orchestre symphonique et jazz-band. Michael Wertmüller (né en 1966) : Shlimal pour orchestre symphonique et big band. Simon Steen-Andersen (né en 1976) : TRIO pour Orchestre, big band, chœur et vidéo. Basel Sinfonietta. NDR Bigband. Chorwerk Ruhr, direction : Titus Engel

Les trois derniers jours du ont foissoné de spectacles illustrant les voies fertiles de la musique d'aujourd'hui et de sa scénographie, un point crucial dans les recherches actuelles. Le festival s'est achevé en beauté par une journée de concerts à Bâle, en Suisse.

 

Le vendredi 29 septembre, nous assistons à Anatomia de Claudine Simon, créé la veille. C'est une séance hors programme, pour les scolaires et les professionnels. Le spectacle commence à la manière d'un récital de piano, avec Consolation n°4 de Franz Liszt. Il y a cependant quelque chose d'anormal. Est-ce le costume de la pianiste, qui entre en scène pieds nus, sans la robe de soirée qu'on pourrait attendre lors d'un tel rituel ? Non, car les codes du concert tendent à changer aujourd'hui, et c'est tant mieux. Seraient-ce les multiples fils de cuivre qui pendent des cintres sur tout l'espace scénique, en étincelant dans la lumière ? Certes, l'installation interpelle. Ou alors c'est ce petit piano quart de queue, étonnant par son apparence en bois brut, ni vernis ni laqué, qui produit une sonorité un peu frêle et sèche, mais suffisante pour un public placé en U autour de l'instrument. Cette disposition, quoique aujourd'hui courante, est une autre singularité. C'est peut-être la lumière crue qui questionne le plus, assez dérangeante, ne permettant pas au public de se réfugier dans la rassurante semi-obscurité habituelle.

Après la première pièce, Claudine Simon déplace le piano avant d'amorcer Funérailles, du même compositeur. Peu à peu, des traitements sonores par la prise de son et
l'amplification apparaissent et se mêlent à la texture de l'instrument,
à commencer par une sorte de petit larsen discret. La pianiste chante sur son jeu. Elle déplace une nouvelle fois l'instrument au milieu du morceau, qu'elle n'achèvera pas, puisqu'elle le fait littéralement disparaître, fondre dans un ostinato de graves qui prend progressivement tout l'espace sonore. Ce faisant, la lumière se tamise et se teinte de cuivre, offrant enfin au public le refuge et l'intimité de l'obscurité. Alors que
les traitements des sons par l'amplification s'intensifient dans des
textures bruitées, des granulations, des chocs, la musicienne entreprend
de démonter le piano pièce par pièce. Le public est alors invité à se plonger dans l'anatomie de l'instrument, dont les éléments sont posés au sol ou suspendus aux fils de cuivre, parfois avec l'aide d'un technicien, dans une parfaite chorégraphie. Même le clavier et ses marteaux sont retirés puis suspendus, à l'origine d'un des moments les plus captivants du spectacle : Claudine Simon actionne les marteaux qui entrent dans un ballet gracieux, animé par les sons percussifs qu'ils produisent, privés des cordes résonantes. Après une séance de jeu avec une brosse dans l'espace du cadre laissé béant, vidé de son clavier, puis sur les cordes, frappées ou frottées par différents ustensiles, dont un archet électronique et des baguettes, le cadre est ensuite suspendu, débarrassé de ses pieds, puis placé quasiment à la verticale dans un lent mouvement ascensionnel exécuté par le technicien, toujours sur scène, tirant sur des poulies. Claudine Simon place une enceinte contre les cordes, puis sur la table d'harmonie. Elle fait résonner Nuage de Franz Liszt sur ce bloc de piano désossé, suspendu devant tous dans sa nudité. Il reste seul au milieu de l'espace scénique, alors que la lumière blanche revient et expose crument l'intimité des organes de l'instrument. À la fin de ce récital démembré, la scène s'est transformée en une installation sonore.

À 18h30, dans la salle Ponnelle, entre en scène d'un pas décidé et dynamique, suivie par le Quatuor Arditti. Pendant une heure, la performeuse-compositrice va électriser la salle au fil de son spectacle Everything is important. Rien n'y fait, ni les images fractionnées et colorées façon publicité tapageuse du grand écran en fond de scène, ni la qualité de jeu et l'implication des musiciens du quatuor, ni même les traductions des propos de la vocaliste sur un deuxième écran en haut de scène ne peuvent détourner l'attention de sa performance fascinante. Voix, diction, chant, théâtralité, gestuelle, danse… éblouit par son énergie débordante et transforme les instrumentistes en de simples accompagnateurs de son show.

Comme souvent, la compositrice s'intéresse à notre monde surmédiatisé, pétri de télévision et surtout d'Internet, un univers de zapping continuel où un simple clic peut faire passer du banal au sublime, du merveilleux au scabreux, du morbide au tendre… Au fil de différentes séquences, elle évoque par exemple les bactéries, la digestion, la guerre, les rapports entre les êtres humains, la vodka, Weight Watchers ou la violence des villes et du capitalisme. Le quatuor l'accompagne avec des séquences souvent loufoques, comme un passage de musique façon Renaissance, des mimes, voire un peu de danse. Les confrontations entre ses phrases hachées, son chant, ses cris et les images vidéo produisent des significations complexes, jamais univoques. Ce spectacle riche, résolument politique, se révèle tout à la fois engagé, passionné, mais aussi désespéré, détaché, voire blasé. Tout est important, ou plus rien ne l'est…

Le lendemain matin, samedi 30 septembre, le Quatuor Arditti ressuscite à 11h00 un concert donné le 17 septembre 1985, sur la proposition d'une auditrice, Violaine Bouttier, qui fut subjuguée par ce qu'elle y a entendu. Le lieu est le même que trente ans auparavant, l'Église Sainte-Aurélie, et la disposition scénique se fonde sur des images d'archives. Le concert commence par Le Livre pour quatuor de . Las, ce n'est pas la version initiale de 1948-1949, celle qui fut jouée en 1985, qui dure à peu près une demi-heure, mais une version post-mortem (2017), avec un mouvement supplémentaire, le IVe, reconstitué par le compositeur Philippe Manoury et le musicologue Jean-Louis Leleu, une version qui fait elle-même suite à une première révision du compositeur pour Diotima en 2012. Elle fait plus du double de temps ! L'écoute complexe de cette œuvre radicale et aride, marquée par les positionnements sans concession de l'immédiate après-guerre, peut difficilement supporter une telle longueur. Les atmosphères et les édifices sonores ne cessent de changer sans que l'oreille puisse y trouver la moindre prise. Certains passages sont sublimes, mais ils disparaissent dans l'instant. Tout est éphémère, en constante reconstruction, et c'est bien trop, d'autant que le violoniste Ashot Sarkissjan casse une corde en plein spectacle et file la changer en coulisse, rallongeant encore l'exécution.

La moitié de la salle démissionne à l'entracte, et ce sont des rangs bien dégarnis qui assistent aux fabuleuses interprétations de Tetras de (1983) et du Quatuor n° 2 de (1968). Quel dommage ! L'énergie physique, le rapport au corps et le mouvement tactile de la matière sonore reviennent en force avec ces œuvres bien plus lisibles, dans un concert malheureusement trop déséquilibré. Il est utopique de vouloir renouer avec des émotions éprouvées trente ans auparavant (c'était le projet initial), mais c'est encore plus vrai si une des œuvres a été aliénée entre-temps. L'équilibre entre les pièces devait être bien plus fonctionnel en 1985. Il faut néanmoins saluer le talent du Quatuor Arditti pour avoir tenu ce répertoire exigeant d'un bout à l'autre avec un tel brio.

Memento : Un livre des matières de Jérôme Combier est créé à 18h30 au Palais des fêtes. Tour à tour, les musiciens de l'ensemble Cairn répondent, en groupe ou en solo, aux interventions d'un percussionniste au centre de la salle, , qui met en mouvement et en sons différentes matières : feuilles, bois, sable, verre, pierre, métal… Le compositeur adresse là un bel hommage à l'arte povera de Giuseppe Penone, Claudio Parmeggiani et Jannis Kounellis ainsi qu'au land art de Richard Long. Au fil de l'œuvre, différents espaces de la salle se révèlent, autant d'« îlots sonores ». Les musiciens se déplacent et s'assemblent dans des configurations nouvelles, parfois tout contre le public, sur des petites estrades, parfois plus loin, sur une scène en fond de salle où se trouve le piano. Leurs matières instrumentales, en écho aux matières manipulées par le percussionniste, sont toujours belles, ciselées, profondément sensuelles.

Si la symbiose entre les espaces et les séquences n'est pas évidente au début, elle s'affirme progressivement, tout naturellement. Il y a quelque chose de l'ordre de la chimie, voire de l'alchimie à chaque nouvelle intervention du percussionniste, qui oscille entre l'expérience scientifique ou le rituel magique. Un dispositif électronique spatialisé fond progressivement les différentes étapes. , d'abord assis au sein du public, disposé en U autour de l'espace scénique, finit par se lever pour diriger les musiciens réunis au complet, flûte, trompette, clarinette, piano, accordéon, violon et violoncelle. Il faut aussi évoquer un séduisant échange soliste entre quatre plaques de tonnerre aux quatre coins de la salle, mises en vibration par des micro piezo. Cette œuvre est une parenthèse de pure poésie, menée avec un amour des timbres et un savoir-faire admirable, écriture, temporalité, scénographie, qui emporte l'adhésion.

KV 385 est une lecture fascinante, orchestrale, électroacoustique et scénique, de la Symphonie n°35 « Haffner » de par le compositeur et la metteure-en-scène . L'œuvre n'a certainement pas été choisie au hasard. Elle est pour Mozart une composition affective (Haffner était un proche de la période salzbourgeoise), politique (Mozart s'adresse à lui au moment où il devient noble et le met en garde quant à cette nouvelle position sociale, cf. les recherches du musicologue Jean-Marie Jacono), révolutionnaire (l'œuvre est une des grandes symphonies de Mozart, par sa forme, son exploitation thématique et la richesse de ses couleurs orchestrales). L'Orchestre philharmonique de Strasbourg s'accorde dans un décor de forêt enneigée et le son se fige, comme il se figera à de nombreuses reprises sur les accords triomphaux du début de la symphonie, puis sur les différents thèmes qui constituent le premier mouvement. Sur chaque nouveau gel du son, une bande son diffuse des bruits de pas inquiétants, des sons de guerre… Un cameraman évolue dans le décor, il fixe les musiciens ou différents objets à terre, valises vides, photographies familiales, renard empaillé, tombe de Mozart ensevelie sous la neige (lui qui n'en eut jamais). Ces images sont diffusées derrière l'orchestre sur un grand écran, filtrées, brouillées, comme vieillies, au fur et à mesure que les thèmes de la symphonie sont joués, isolés, disséqués. L'impression est assez sombre, on pense à un monde en ruine, un cataclysme, un départ précipité, une déportation, des souvenirs disparus…

Les autres mouvements de la symphonie sont moins directement cités, comme si elle se délitait dans les strates de la mémoire, alors que les jeux entre l'orchestre et la bande deviennent de plus en plus intenses, s'éloignant de l'œuvre classique. Par exemple, au fil de vingt modules, une voix robotique donne des instructions à l'orchestre, qui s'exécute, offrant quasiment des méthodes pratiques pour écrire et jouer de la musique contemporaine : clusters, glissandos, agrégats, intensités, jeux de timbres, fluctuations… Dans certains modules, la symphonie reste évoquée, par exemple au travers d'une liste d'accords parfaits qui s'achève sur un ré majeur tonitruant : « And the winner is D major! » Plusieurs épisodes rythment le spectacle. Le public est tour à tour ébloui ou plongé dans le noir complet, constatant au sortir de la pénombre l'endormissement de l'orchestre au grand complet, chef compris (Jean Deroyer). À la fin, sur une longue série de départs de thèmes interrompus, scandée par un « One… Two… Three… Four… » obsédant, mêlés au Bolero de Ravel, à Ainsi parlait Zarathoustra de Strauss ou à un accord de The Wall de Pink Floyd, la scène du théâtre se dénude de ses pendrillons noirs et laisse apparaître ses murs de briques à nu. L'illusion est rompue, la symphonie retourne au fond de nos mémoires, ou peut-être dans l'oubli, et beaucoup de questions demeurent : qu'est-ce qu'une interprétation, qu'est-ce que le rituel du concert, qu'est-ce qu'un « tube » du répertoire, que veut nous dire une symphonie classique aujourd'hui, peut-on encore jouer Mozart en 2023 ? Brillant !

La journée se termine sur le spectacle de Madame Arthur à la Salle Ponnelle, Mourir sur scène, sur des reprises de Dalida, Queen, Brigitte Fontaine ou Vanessa Paradis par Lola Dragoness von Flame, La Briochée, La Baronne du Bronx et Tony Blanquette. Que dire de ce spectacle de fin, sinon peut-être qu'il n'y a qu'au , sous la direction de Stéphane Roth, qu'on peut commencer une journée avec un quatuor de Boulez et l'achever sur une revue de cabaret travesti ?

La dernière journée du festival, le dimanche 1er octobre, se déroule à Bâle, où elle commence par une visite guidée du musée Jean Tinguely. C'est l'occasion de constater à quel point l'artiste est passionné par les sons et les expériences musicales.

Le centre culturel Don Bosco accueille ensuite le concert des étudiants de la Hochschule für Musik de Bâle (ensemble zone expérimentale Basel), Musik inzeniert Musik. Ce programme haut en couleur alterne trois œuvres de , tirées de inzenierte Nacht (2013) – des lectures de Bach, Schumann et Mozart entre poétique et comique, notamment une reine de la nuit qui finit en dance-floor techno – avec une œuvre d', Fleish (2017) pour saxophone ténor, guitare électrique, clavier et batterie, aux frontières du rock, de l'indus et du free jazz, et les Sept Crimes de l'amour (1979) de Georges Aperghis. Les interprétations, et tout particulièrement cette dernière, qui revêt toute la théâtralité nécessaire avec la voix d'Alena Verin-Galitskaya, la clarinette de Martijn Susla et la percussion d'Alexandre Ferreira Silva, sont fraîches, enthousiastes, colorées et dynamiques. Cette belle assemblée de jeunes musiciens talentueux est pleinement investie dans ce spectacle scénographié par Sarah Maria Sun.

Enfin, la journée s'achève sur Play Big! au Sportzentrum Pfaffenholz de Saint-Louis (une salle suisse du côté français de la frontière). Musica voit effectivement les choses en grand : un grand chœur (Chorwerk Ruhr), un orchestre symphonique () et un big band de jazz (NDR Bigband), réunis sous la baguette de pour interpréter TRIO (2019) de en bouquet final. La première œuvre jouée est Revuemusik de Sofia Goubaïdoulina (1976, rev. 1995 et 2002). La compositrice aménage des contrastes intenses entre un orchestre symphonique résolument romantique, rubato et passionné, et une rythmique jazzy qui swingue au big band, enlevée et pêchue. Trois voix féminines éthérées complètent l'ensemble. Tout débute et tout s'achèvera dans les sonorités féériques des cloches tubulaires. La création de la pièce de Michael Wertmüller, Shimazl, semble bien fade après ces contrastes saisissants. Le compositeur ne parvient pas à user des dynamiques spatiales offertes par la disposition frontale des deux ensembles. Il ne cesse de mélanger les genres et les effectifs, dans une esthétique plutôt néoclassique, évoquant aussi la comédie musicale (on pense notamment à un West Side Story réchauffé), et des ostinatos récurrents qui peinent à faire mouche. Toute autre est la composition de , fondé sur des archives de la SWR des années cinquante et soixante, montrant des orchestres en concert ou en répétition. On y croise des monstres sacrés, comme Carlos Kleiber, Sergiu Celibidache ou Duke Ellington, dans des images hachurées, segmentées, séquencées auxquelles les trois ensembles répondent en écho avec une virtuosité débridée : un seul accord, un bout d'accord, un accord et des applaudissements, un souffle, un commentaire, un geste, une indication, un silence, un son soliste et ainsi de suite… Au début, la fin est le commencement, car tout part d'un spectaculaire accord orchestral de conclusion suivi d'applaudissements, qui lance le ballet des questions-réponses incessantes entre le film et les ensembles. Ils suivent tout du long un rythme haletant et débridé, époustouflant et plein de surprises ! L'interprétation est brillante, un hommage décalé à l'orchestre et à la musique, classique ou jazz, dans tous leurs clichés et toutes leurs exubérances, mais aussi dans tout leur mystère et toute leur force. Par moment, les chœurs reprennent ou doublent les indications données à l'orchestre par les chefs à l'écran. Les coulisses, les répétitions et leurs scories se font musique, une musique sur la musique. Superbe clap final pour un festival !

Crédits photographiques : Anatomia – Claudine Simon © Rudy Decelière ; Everything is important – , Quatuor Arditti © DR ; Memento – © DR ; K 385 © DR ; Play Big! © Laurent Zufferey

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Strasbourg. Festival Musica.
29-IX-2023. 14h15. Cité de la musique et de la danse. Claudine Simon (née en 1979) : Anatomia. Concept, écriture et performance : Claudine Simon ; scénographie : Rudy Decelière ; son : Laurent Sassi ; regard extérieur, dramaturgie : Pau Simon ; lumière : Lucien Laborderie ; oreille extérieure : Alain Savouret ; régie lumière : Lila Burdet ; régie plateau et générale : Théo Vacheron ; regard extérieur : Marie-Lise Naud.
18h30. Salle Ponnelle. Jennifer Walshe (née en 1974) : Everything is Important. Jennifer Walshe, performance ; Quatuor Arditti : Irvine Arditti, violon ; Ashot Sarkissjan, violon ; Ralf Ehlers, alto ; Lucas Fels, violoncelle.

30-IX-2023. 11h00. Église Sainte-Aurélie. Concert programmé par le public. Pierre Boulez (1925-2016) : Le Livre sur le quatuor. Iannis Xenakis (1922-2001) : Tetras. György Ligeti : Quatuor n°2. Quatuor Arditti.
18h30. Palais des fêtes. Jérôme Combier (né en 1971) : Memento : un livre des matières. Corentin Marillier, percussions. Ensemble Cairn : Cédric Jullion, flûtes ; Ayumi Mori, clarinette basse ; André Feydy, trompette ; Julia Sinoimeri, accordéon ; Constance Ronzatti, violon ; Alexa Ciciretti, violoncelle ; Maroussia Gentet, piano ; Guillaume Bourgogne, direction. Étienne Démoulin, électronique. NN, création lumière.
20h30. Théâtre national de Strasbourg. Séverine Chavrier (née en 1974) ; Pierre Jodlowski (né en 1971) ; Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : KV 385. Séverine Chavrier, mise en scène. Pierre Jodlowski, adaptation de la partition et conception électroacoustique. Louise Sari, scénographie et régie plateau. Quentin Vigier, vidéo. Claire Willemann, régie vidéo. Frédéric Letterier, cadreur. Germain Fourvel, régie générale et lumière. Orchestre philharmonique de Strasbourg, direction : Jean Deroyer
22h00. Salle Ponnelle. Madame Arthur : Mourir sur scène. Lola Dragoness Von Flame, chant ; La Briochée, chant ; La Baronne du Bronx, violon et chant ; Tony Blanquette, piano et chant.

1-X-2023. 16h00. Bâle, centre Don Bosco. Musik inszeniert Musik. Simon Steen-Andersen (né en 1976) : Inszenierte Nacht pour sept instruments et électronique. Enno Poppe (né en 1969) : Fleisch pour saxophone ténor, guitare électrique, clavier et percussion. Georges Aperghis (né en 1945) : 7 Crimes de l’amour. Ensemble zone expérimentale Basel.
18h30. Saint-Louis. Sportzentrum Pfaffenholz. Play Big! Sofia Goubaïdoulina (née en 1931) : Revuemusik pour orchestre symphonique et jazz-band. Michael Wertmüller (né en 1966) : Shlimal pour orchestre symphonique et big band. Simon Steen-Andersen (né en 1976) : TRIO pour Orchestre, big band, chœur et vidéo. Basel Sinfonietta. NDR Bigband. Chorwerk Ruhr, direction : Titus Engel

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