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Danse et couleurs pour Les Pêcheurs de perles du Capitole

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Toulouse. Théâtre national du Capitole. 1-X-2023. Georges Bizet (1838-1875) : Les Pêcheurs de perles, opéra en 3 actes sur un livret d’Eugène Cormon et Michel Carré. Mise en scène et chorégraphie : Thomas Lebrun. Décors : Antoine Fontaine. Costumes : David Belugou. Lumières : Patrick Méeüs. Avec : Anne-Catherine Gillet, Leïla ; Mathias Vidal, Nadir ; Alexandre Duhamel, Zurga ; Jean-Fernand Setti, Nourabad. Chœur de l’Opéra national du Capitole (chef de chœur : Gabriel Bourgoin). Ballet de l’Opéra national du Capitole (directrice de la danse : Beate Vollack). Orchestre national du Capitole, direction : Victorien Vanoosten

À travers la danse et des costumes flamboyants, la mise en scène de ne prend nullement le pas sur une approche musicale animée et un plateau vocal à son affaire dans le chant de Bizet.


Le Théâtre national du Capitole a proposé au public une représentation complémentaire aux six initiales de cette nouvelle production des Pêcheurs de perles, toutes affichant malgré cela complet. Cet enthousiasme se comprend aisément à la sortie du spectacle : une mise en scène respectueuse de l'ouvrage tout autant que sublime dans un esprit désuet et ludique ; une direction musicale naturelle et vivante qui ne choisit aucunement la facilité ; un quatuor vocal mettant en exergue le verbe et se révélant charmant dans sa distance presque amusée d'un livret sans emphase composé de protagonistes avec peu de substances, hormis le personnage de Zurga.

La première vision du plateau fait sensation avec ces costumes folkloriques sri-lankais bigarrés et son décor en bambou permettant de répartir en hauteur et en profondeur cette multitude de couleurs. Alors, quand le grand prêtre Nourabad fait son apparition dans son costume rose majestueux et son visage entièrement maquillé en vert agrémenté d'une barbe imposante, l'effet est de mise au sein de ces tableaux savamment surannés, questionnant le spectateur sur la représentation de cet ouvrage de jeunesse de Bizet à l'époque de sa création.

Dans cet Orient fantasmé tout droit sorti d'un conte, choisit judicieusement (et logiquement en qualité d'actuel directeur du Centre chorégraphique national de Tours) d'intégrer largement la danse à cette nouvelle production. C'est avec beaucoup d'humilité et de respect envers le plateau vocal, chœur compris, que le metteur en scène intègre sa vision de l'ouvrage. Le mouvement est principalement orienté vers les danseurs plutôt que vers les chanteurs qui sont disposés face au public avec la volonté constante de mettre en valeur leur chant et faciliter la projection nécessaire à l'appréciation de leur voix. Il est étonnant de constater qu'une direction d'acteurs kitch fonctionne, le spectateur cernant facilement la distance assumée face à cet exotisme de pacotille typique de l'époque. De même, les chorégraphies mêlent les références traditionnelles, qu'elles soient sri-lankaises ou spécifiquement de la danse classique occidentale, tout comme des styles tout aussi hétéroclites que les couleurs des superbes costumes de David Belugou : de Bollywood au french-cancan, il n'y a apparemment qu'un pas que le metteur en scène-chorégraphe franchit avec un naturel désarmant.

On pourrait penser à ce stade que le plateau vocal se perd facilement au sein de cette multitude d'éléments scéniques. C'est vite oublier le talent de la distribution choisie ! Nous voici face à un pleinement engagé dans son interprétation de Zurga, personnage que le baryton sait dépeindre avec la complexité qui honore ce héros, entre autorité et jalousie, entre amour et rédemption. Le chanteur est porté par une attention continue du mot, de son sens, de son expressivité, construisant ainsi une ligne de chant idoine tout comme des nuances et une subtilité touchant en plein cœur.

La clarté du ténor de en Nadir est en cohérence avec la délicatesse de ses piani et la fragilité de ce héros amoureux. Tout comme le reste de la distribution des voix solistes, la projection vocale et la diction de la langue sont impeccables à l'instar du robuste , dans le rôle de Nourabad, qui en impose autant par sa prestance tranquille que par la puissance de son baryton-basse.

Le vibrato serré d' révèle toute l'élégance un peu désuète du chant de Leïla. La chaleur de son timbre et l'engagement dramatique de la soprano traduisent une héroïne pleine de raffinement et de grâce que ses voiles subliment dans ce costume merveilleux tout droit sorti d'un rêve marin. On regrette la faiblesse des pupitres féminins du Chœur de l'Opéra national du Capitole dans la sauvagerie des rythmes et des harmonies du premier chœur qui n'est portée ni par une diction intelligible, ni par une projection suffisamment soutenue pour convaincre. Heureusement, les pupitres masculins remplissent leur rôle avec conviction et vigueur tout au long de la représentation.

En fosse, pour une première au Capitole, livre une direction tout aussi colorée que le plateau, mêlant interventions solistes aussi prenantes que des interventions vocales, avec des tutti dynamiques et énergiques. L'Orchestre national du Capitole trouve sa place avec aisance et équilibre, autant entre les pupitres qu'avec les chanteurs sur scène. La fluidité et le naturel sont de mises, dans la délicatesse tout autant que l'apparat grandiloquent d'une belle soirée d'opéra.

Crédits photographiques : © Mirco Magliocca

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Toulouse. Théâtre national du Capitole. 1-X-2023. Georges Bizet (1838-1875) : Les Pêcheurs de perles, opéra en 3 actes sur un livret d’Eugène Cormon et Michel Carré. Mise en scène et chorégraphie : Thomas Lebrun. Décors : Antoine Fontaine. Costumes : David Belugou. Lumières : Patrick Méeüs. Avec : Anne-Catherine Gillet, Leïla ; Mathias Vidal, Nadir ; Alexandre Duhamel, Zurga ; Jean-Fernand Setti, Nourabad. Chœur de l’Opéra national du Capitole (chef de chœur : Gabriel Bourgoin). Ballet de l’Opéra national du Capitole (directrice de la danse : Beate Vollack). Orchestre national du Capitole, direction : Victorien Vanoosten

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