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Napoli. Teatro di San Carlo. 23-IX-2023. Vincenzo Bellini (1801-1835) : Beatrice di Tenda, Tragedia lirica en deux actes sur un livret de Felice Romani. Avec : Andrzej Filonczyk, Filippo ; Jessica Pratt, Beatrice ; Chiara Polese, Agnese ; Matthew Polenzani, Orombello ; Li Danyang, Anichino ; Sun Tianxuefei, Rizzardo. Coro del Teatro di San Carlo (chef de Chœur : Vincenzo Caruso). Orchestra del Teatro di San Carlo, direction musicale : Giacomo Sagripanti
Dernier opéra italien de Bellini avant l'ultime Les Puritains pour Paris, Beatrice di Tenda était donné pour un soir cette saison en version de concert au San Carlo de Naples, avec une superbe distribution dominée par Jessica Pratt et Matthew Polenzani.
Moins connu qu'Il Pirata, I Capuleti e Montecchi ou surtout Norma, Beatrice di Tenda est écrit par Vincenzo Bellini pour Venise en 1833, juste avant son départ pour Paris, où il mourra deux ans plus tard. Monté cette saison à l'Opéra de Paris pour répondre à un projet de Peter Sellars, l'ouvrage est interprété occasionnellement en Italie, où il est présenté une seule soirée en ce début d'automne au Teatro di San Carlo de Naples, avec Jessica Pratt dans le rôle-titre, avant d'être repris en 2024 à La Fenice, avec Angela Meade. Basée sur un livret de Felice Romani d'après une pièce de Fores, l'action se situe à Milan en 1418, l'époque et le lieu servant simplement à délimiter un quadrilatère amoureux où Filippo, Duc de Milan, a épousé Beatrice di Tenda, elle-même éprise d'Orombello, seigneur de Vintimille, qui attire pour sa part Agnese, maîtresse de Filippo.
Dirigée par un chef spécialiste du répertoire bel cantiste, le même qui accompagnait déjà Pratt au TCE en avril pour I Puritani, la partition orchestrale se voit toujours dynamisée par la baguette de Giacomo Sagripanti, sans que celui-ci puisse toutefois profiter à plein d'une formation napolitaine meilleure aux violons qu'aux cuivres. Soucieux de livrer la partition la plus complète possible, il n'a pratiquement rien coupé et propose donc l'ouvrage en plus de deux heures quarante, dans une mouture quasi identique à celle de Bonynge avec Joan Sutherland (pour Decca). Préparé par Vincenzo Caruso mais avec un changement récent de direction, le Coro del Teatro di San Carlo tient ses parties avec luminosité et une véritable italianità, mais n'expose pas toujours une parfaite justesse, notamment chez les femmes lorsqu'elles chantent seules en Demoiselles d'Honneur.
Malgré ces quelques réserves, l'impression globale reste celle de forces impliquées et naturellement à l'aise avec cette musique, d'une souplesse et de timbres parfaitement adaptés au bel canto, auquel s'accorde une magnifique distribution. Parmi les meilleures sopranos d'agilité sur la scène mondiale actuelle, Jessica Pratt aborde l'œuvre avec un éclat auquel il faut juste quelques mesures pour gagner en naturel, son entrée sur Respiro io qui étalant déjà toute sa tenue de note et la splendeur d'un aigu étincelant dans les deux dernières octaves. Parfaitement en voix pour le premier duo avec Filippo, elle est ensuite remarquable d'habileté jusqu'au dernier air, en plus de toujours ressortir des ensembles par le timbre comme par la puissance.
À ses côtés, l'Agnese de Chiara Polese, issue de l'Académie du San Carlo, est une très belle découverte, subtilement nuancée pour sa Romance à l'Acte I, à laquelle elle offre une rare agilité de mezzo. Sensible pendant ses scènes, qu'elle joue presque malgré la version de concert, elle ressort elle aussi régulièrement des ensembles et séduit par la pureté de son médium ainsi que par sa capacité à monter haut dans le spectre. Le Filippo d'Andrzej Filończyk trouve un baryton moins précis sur le texte italien que le reste de la distribution, mais il est lui aussi très bien adapté à son rôle et impactant par son caractère pour les airs et duos, tandis que Matthew Polenzani offre à Orombello une diction et un raffinement en accord avec un timbre clair et un aigu radieux. Réduit à une phrase, puisque son premier duo avec Filippo écrit dans le livret n'a semble-t-il jamais été mis en musique, le rôle de Rizzardo ne peut donner beaucoup de visibilité à Sun Tianxuefei, là où l'Anichino met plus en valeur le chant de Li Danyang, sans cependant le faire ressortir des parties avec le chœur. Il reste maintenant à espérer un niveau musical équivalent en février 2024 à Paris.
Crédits photographiques : © L.Romano/Teatro di San Carlo di Napoli
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Napoli. Teatro di San Carlo. 23-IX-2023. Vincenzo Bellini (1801-1835) : Beatrice di Tenda, Tragedia lirica en deux actes sur un livret de Felice Romani. Avec : Andrzej Filonczyk, Filippo ; Jessica Pratt, Beatrice ; Chiara Polese, Agnese ; Matthew Polenzani, Orombello ; Li Danyang, Anichino ; Sun Tianxuefei, Rizzardo. Coro del Teatro di San Carlo (chef de Chœur : Vincenzo Caruso). Orchestra del Teatro di San Carlo, direction musicale : Giacomo Sagripanti