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Usines Fagor, Lyon. 24-IX-23. Dans le cadre de la Biennale de la danse de Lyon. Tanztheater Wuppertal / terrain : Liberté Cathédrale. Chorégraphie : Boris Charmatz. Avec l’Ensemble du Tanztheater Wuppertal, et les invité·e·s* : Régis Badel*, Emma Barrowman, Dean Biosca, Naomi Brito, Emily Castelli, Ashley Chen*, Maria Giovanna Delle Donne, Taylor Drury, Çağdaş Ermiş, Julien Ferranti*, Julien Gallée-Ferré*, Letizia Galloni, Tatiana Julien*, Milan Nowoitnick Kampfer, Simon Le Borgne, Reginald Lefebvre, Johanna Elisa Lemke*, Alexander López Guerra, Nicholas Losada, Julian Stierle, Michael Strecker, Christopher Tandy, Tsai-Wei Tien, Aida Vainieri, Solène Wachter*, Frank Willens. Assistante chorégraphique : Magali Caillet Gajan. Organiste : Jean-Baptiste Monnot. Lumières : Yves Godin. Costumes : Florence Samain. Régie générale : Fabrice Le Fur. Matériaux sonores : Ludwig van Beethoven, Olivier Renouf, Peaches, Phill Niblock. Travail vocal : Dalila Khatir.
Aux Usines Fagor, à Lyon, Boris Charmatz a trouvé l'espace brut dont il rêvait pour Liberté Cathédrale, sa première pièce en quatre actes pour les danseurs du Tanztheater Wuppertal et de sa compagnie terrain. Le spectacle était présenté en première française à la Biennale de la danse de Lyon, avant Lille en décembre et Paris en avril.
Acte 1 – Le chant
L'acoustique des Usines Fagor se rapproche-t-elle de celle de la cathédrale brutaliste Mariendom à Neviges, près de Wuppertal où Boris Charmatz a créé Liberté Cathédrale le 8 septembre dernier, inaugurant ainsi sa nouvelle direction de la compagnie fondée par Pina Bausch ? Il le vérifie en tout cas en confiant aux danseurs le soin de chanter a cappella (et à l'unisson) le deuxième mouvement de l'Opus 111 de Beethoven (Sonate pour piano n°32), tout en s'appropriant, avec 10 000 gestes (évoquant ainsi son dernier spectacle grand format), le quadrilatère de béton. La clameur semble parfois émaner d'un groupe de supporters de rugby, comme on en voit aujourd'hui dans les rues et les stades de Paris, Marseille, Lyon ou Bordeaux – Coupe du monde de rugby oblige.
Acte 2 – Les cloches
Les cloches prennent ensuite le relais, évoquant le souvenir du jeune Boris Charmatz, lorsqu'il vivait à Lyon, en face de l'église Saint-Jean. Il y a une affinité certaine entre le mouvement des cloches et de leur battant avec celui – lourd, régulier, instable, des danseurs qui se répartissent à nouveau dans l'espace. Ensemble, mais séparément, ils éprouvent le balancement de la fonte, l'écho dans leur corps de ce son si familier et enveloppant. Carillon et orgue prennent le dessus des bourdons après une vingtaine de minutes. Au lieu d'apporter de l'apaisement, c'est une forme de fureur qui se déclenche dans les tuyaux, joués à distance par Jean-Baptiste Monnot. Épuisés, défaits, les danseurs ne réagissent plus, ou à peine.
Acte 3 – Le cri et la parole
Des bouches grandes ouvertes sort un cri sans son. Ces gorges empêchées sont muettes et le son s'épaissit dans la densité du silence. Une forme de protestation nait de cette manifestation silencieuse, mais le concept est plus ténu que pour les deux actes précédents. La partie sans parole ne dure d'ailleurs qu'un quart d'heure, suivie d'une interaction tactile et individuelle de chaque danseur avec des spectateurs, qui les amène dans une ronde mystique. « From Whom The Bell Tolls » murmure l'un des danseurs, tandis que l'autre énonce « Fuck The Pain Away ».
Acte 4 – L'orgue
Retour de l'orgue en majesté, pour un puissant et bouleversant final, conjugaison de force et de résistance, construction audacieuse et antagoniste, éloge de la lenteur et du lien. L'orgue contemporain en liberté, orchestré par Phill Niblock, résume à lui seul l'ambition panthéiste, quasi mystique de Liberté Cathédrale. Dans ces corps pesants, soulevés à plusieurs mains, on retrouve alors le travail sur le toucher et l'abandon mené dans la pièce enfant.
Si le concept de Liberté Cathédrale est intéressant par ses résonances, qui se déploient dans un grand espace dans un dispositif quadrifrontal, nous aurions aimé que la disponibilité de ces danseurs d'un très haut niveau, qu'ils soient danseurs historiques du Tanztheater Wuppertal, collaborateurs de terrain ou artistes invités, permette à Boris Charmatz de faire émerger une écriture plus ambitieuse et un dessein chorégraphique qui dépasse le niveau de l'individu et le stade du collage, pour former un véritable Ensemble.
Crédit photographiques : © César Vayssié
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Usines Fagor, Lyon. 24-IX-23. Dans le cadre de la Biennale de la danse de Lyon. Tanztheater Wuppertal / terrain : Liberté Cathédrale. Chorégraphie : Boris Charmatz. Avec l’Ensemble du Tanztheater Wuppertal, et les invité·e·s* : Régis Badel*, Emma Barrowman, Dean Biosca, Naomi Brito, Emily Castelli, Ashley Chen*, Maria Giovanna Delle Donne, Taylor Drury, Çağdaş Ermiş, Julien Ferranti*, Julien Gallée-Ferré*, Letizia Galloni, Tatiana Julien*, Milan Nowoitnick Kampfer, Simon Le Borgne, Reginald Lefebvre, Johanna Elisa Lemke*, Alexander López Guerra, Nicholas Losada, Julian Stierle, Michael Strecker, Christopher Tandy, Tsai-Wei Tien, Aida Vainieri, Solène Wachter*, Frank Willens. Assistante chorégraphique : Magali Caillet Gajan. Organiste : Jean-Baptiste Monnot. Lumières : Yves Godin. Costumes : Florence Samain. Régie générale : Fabrice Le Fur. Matériaux sonores : Ludwig van Beethoven, Olivier Renouf, Peaches, Phill Niblock. Travail vocal : Dalila Khatir.