Joe Hisaishi chez Deutsche Grammophon : déjà un classique
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Joe Hisaishi (né en 1950) : Nausicaä de la Vallée du vent ; Kiki la petite sorcière ; Princesse Mononoké ; Le Vent se lève ; Ponyo sur la falaise ; Le Château dans le ciel ; Porco Rosso ; Le Château ambulant ; Le Voyage de Chihiro ; Mon Voisin Totoro. Stephen Morris, violon ; Grace Davidson, soprano ; Mai Fujisawa, soprano ; Phil Cobb, trompette ; The Bach Choir (chef de chœur : Mark Austin) ; The Tiffin Choirs (chef de chœur : James Day) ; Royal Philharmonic Orchestra, direction : Joe Hisaishi. 1 CD Deutsche Grammophon. Enregistré à Saint Giles Cripplegate Church. Notice de 20 pages en anglais. Durée : 80:37
Deutsche GrammophonAvec A Symphonic Celebration, Deutsche Grammophon déroule le tapis rouge du Royal Philharmonic Orchestra à Joe Hisaishi, immense compositeur pour le cinéma, dont les partitions regorgent de références classiques.
Joe Hisaishi et Hayao Miyazaki sont, à l'instar de quelques aînés célèbres et aujourd'hui célébrés partout (Leone/Morricone, Demy/Legrand, Fellini/Rota, Hitchcock/Hermann), un des trois tandems actuels indiscutables du Septième Art, auxquels il convient d'adjoindre Reggio/Glass, Chazelle/Hurwitz. Hayao Miyazaki et Joe Hisaishi (de son vrai nom : Mamoru Fujisawa) ont mis fin aux décennies de sucreries visuelles et musicales de l'empire Disney dans le domaine spécifique du dessin animé. Lequel, peu rancunier mais surtout très avisé, s'est empressé de récupérer pour le Nouveau Monde le génie japonais, non sans demander toutefois au compositeur de revoir sa copie du Château dans le ciel, arguant du fait que le public américain ne peut supporter trop longtemps le silence au cinéma : les fans d'Hisaishi peuvent dorénavant goûter une copieuse et magnifique nouvelle partition, proposée sur le DVD du film en sus de l'originale.
Quel plaisir, pour tous ceux qui, dès la sortie française, en 1995, de Porco Rosso, premier abordage européen d'un film d'Hayao Miyazaki, avaient vibré d'emblée au talent de Joe Hisaishi, de voir aujourd'hui le patronyme du compositeur japonais imprimé sous la mythique étiquette jaune ! Après Porco, il y eut Totoro, Mononoké, Chihiro, Kiki, Nausicaä, Ponyo, les deux Châteaux (dans le ciel, ambulant) et enfin Le Vent se lève. Sortis sans ordre chronologique, les voici pour la première fois tous réunis pour les forces cinémascopiques du Royal Philharmonic Orchestra dans une version spécifiquement réorchestrée par leur auteur, Hisaishi étant, c'est assez rare dans le domaine spécifique de la musique de film, son propre arrangeur. L'on ne se plaindra pas que la mariée orchestrale soit luxueuse. On est très loin des synthétiseurs des débuts (Nausicaä) et plus encore des Image Albums, ces disques où Hisaishi gravait au piano les thèmes (très vite des tubes dans toutes les cours de récré japonaises) que ses conversations avec Miyazaki lui avaient inspirés avant que l'imagination de ce dernier ainsi aiguillonnée ne mît en branle les pinceaux de son Studio Ghibli, et avant que l'orchestration ne vînt parachever l'ensemble. Le Royal Philharmonic rutile autour du piano griffé Hisaishi (bien que non crédité, on imagine que le compositeur, comme à son habitude, est au clavier), autour de la mandoline (Le Vent se lève), autour des chœurs (Bach Choir et Tiffin Choir). Les voix de Grace Davidson et Mai Fujisawa mettent toute la pureté enfantine de leurs timbres respectifs au service des mélodies graciles de Mononoké, Ponyo et Chihiro.
On déplorera la brièveté de la nouvelle version (5 minutes seulement) du Château dans le ciel, d'autant qu'y fait son effet maximal la ligne sublime, aussi lacrymale que dénuée de toute mièvrerie, rajoutée aux ténors, sur le thème le plus inspiré de son auteur, dont l'on pourra prendre la pleine mesure dans le grand concert des 25 ans à Tokyo, disponible en ligne. On y pourra mieux entendre aussi ce que la première (et très inspirée) collaboration des deux artistes, Nausicaä de la Vallée du vent, devait à Haendel et Brahms, la sixième, Princesse Mononoké, à Weber, Stravinski, Glass, la pénultième à ce jour, Ponyo sur la falaise, à Ravel et Wagner, et l'antépénultième, Le Château ambulant, à Chostakovitch. Et l'on contestera vraiment l'incongruité de la langue (l'anglais !) utilisée pour le générique de début de Mon voisin Totoro (qui n'avait appris là ses premiers mots de japonais ?), comme pour le livret, rédigé exclusivement en anglais, curieusement oublieux que la ferveur internationale pour Miyazaki et Hisaishi est d'abord venue du Vieux Continent, et principalement de France.
Animées de ce vibrant œcuménisme musical, les partitions de Joe Hisaishi sont de plus en plus jouées, attirant des publics de tous âges, de toutes nationalités. Avec ce fil tendu entre l'Orient et l'Occident, le compositeur japonais a aujourd'hui le statut d'un Ennio Morricone. À l'instar de ce dernier, il a commencé à promener son œuvre de par le monde. L'on attend ardemment une suite au triomphal concert donné en 2019 à la Philharmonie de Paris.
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Joe Hisaishi (né en 1950) : Nausicaä de la Vallée du vent ; Kiki la petite sorcière ; Princesse Mononoké ; Le Vent se lève ; Ponyo sur la falaise ; Le Château dans le ciel ; Porco Rosso ; Le Château ambulant ; Le Voyage de Chihiro ; Mon Voisin Totoro. Stephen Morris, violon ; Grace Davidson, soprano ; Mai Fujisawa, soprano ; Phil Cobb, trompette ; The Bach Choir (chef de chœur : Mark Austin) ; The Tiffin Choirs (chef de chœur : James Day) ; Royal Philharmonic Orchestra, direction : Joe Hisaishi. 1 CD Deutsche Grammophon. Enregistré à Saint Giles Cripplegate Church. Notice de 20 pages en anglais. Durée : 80:37
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