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Soirée tiède pour le Bayerisches Staatsorchester au TCE

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 21-IX-2023. Richard Wagner (1813-1883) : Tristan und Isolde, Prélude. Robert Schumann (1810-1856) : Concerto pour piano en la mineur op. 54. Yefim Bronfman, piano. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie no 4 en sol majeur. Elsa Dreisig, soprano. Bayerisches Staatsorchester, direction musicale : Vladimir Jurowski

En tournée pour les 500 ans de l'institution munichoise, le et son directeur musical  viennent pour un soir à Paris avec un programme intégralement germanique, dont se démarque mieux de la symphonie mahlérienne que du concerto de Schumann.

Directeur de l'institution depuis 2021, profite des 500 ans de l'Opéra d'État de Bavière pour effectuer une longue tournée européenne, avec un soir au Théâtre des Champs-Élysées. Mais si son prédécesseur, Kirill Petrenko, maintenant à Berlin, continue à fasciner en ce début de saison, l'autre chef russe, plus intellectuel et moins attaché à la qualité plastique de sa formation, peine à se démarquer d'un concert ouvert par Wagner et refermé par Mahler.

Très classique par sa structure ouverture-concerto-symphonie, le programme présente d'abord un Prélude de Tristan und Isolde dépassionné, dans lequel Jurowski fait entrer les masses en distinguant bien les groupes, comme s'il fallait faire avancer tout le monde vers un même point, mais sans voie commune et en ramenant régulièrement certaines individualités dans les rangs. Dans cette démarche typique du chef, où la lecture se veut plus cérébrale que vivante, apparaît aussi un orchestre sans couleur, qui va devenir encore plus monochrome en formation réduite pour le concerto. Artiste de la tournée, continue à proposer dans Schumann ce qu'il propose depuis des décennies, mais à soixante-cinq ans, le jeu n'est plus aussi précis, et la subtilité du doigté procure surtout un rendu incolore, dont le manque de contraste est suivi par l'accompagnement. Sans flamme, le Concerto pour piano glisse lentement vers l'ennui, jusqu'à des applaudissements suffisamment importants pour tout de même donner lieu à un bis, le Nocturne n°2 de l'opus 27 de Chopin.

Intégralement dévolue à la Symphonie n°4 de Mahler, la seconde partie fait réapparaître la formation bavaroise plus fournie, même si cette partition est dépourvue de tuba ou trombone et nécessite nettement moins de cordes que la n°3 entendue une semaine auparavant à la Philharmonie. Pour cet ouvrage, montre qu'il n'a rien modifié de son approche depuis l'enregistrement de 2019 avec le London Philharmonic Orchestra. Le premier mouvement est donc très structuré, loin des sonorités éthérées d'un Abbado ou d'une vision ample et mature comme celle de Bychkov. Ici, le chef use de glissandi très marqués et fait ressortir chaque phrase et intention mahlériennes, notamment aux bois. Sans trop ressortir ni se montrer trop caricaturale, cette approche manque cependant de substance comme de profondeur, de même que le violon bien désaccordé de Markus Wolf au scherzo, trop délié et trop grinçant, sans pour autant convier à une véritable vision diabolique.

Très lent, le Ruhevoll se développe avec les mêmes biais, toujours très accentués dans les premières notes de chaque mesure, sans surtout rechercher aucune émotion, avec des cordes qui ne sont pas particulièrement délicates. Sans pathos ni chaleur, sans oser une lecture froide et clinique, le résultat apparaît finalement juste tiède, seulement relevé par la voix au finale. Entrée discrètement par la droite, peut alors débuter sans partition un lied du Knaben Wunderhorn qu'elle connait par cœur. L'accent reste français, mais les mots allemands sont bien prononcés et la ligne de chant très haute comme le timbre s'y adaptent parfaitement, si tant est que l'on n'y attend pas un style plus enfantin. Là encore, quelques effets, surprennent, comme cette sorte de glissandi vocal très long sur « dazu lacht », l'on se rappelle alors que la soprano avait déjà fait exactement la même chose dans ce passage il y a quelques années. Très applaudie, Dreisig parvient à faire oublier les cinquante minutes précédentes de la symphonie et à inciter le public à demander un bis, « trop célèbre pour être nommé » d'après le chef, puisqu'il s'agit de l'Air de la 3ème Suite Orchestrale de Bach, ici donné dans la transcription de Mahler, pour mettre une dernière fois en avant les cordes.

Crédits photographiques : © ResMusica

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Paris. Théâtre des Champs-Élysées. 21-IX-2023. Richard Wagner (1813-1883) : Tristan und Isolde, Prélude. Robert Schumann (1810-1856) : Concerto pour piano en la mineur op. 54. Yefim Bronfman, piano. Gustav Mahler (1860-1911) : Symphonie no 4 en sol majeur. Elsa Dreisig, soprano. Bayerisches Staatsorchester, direction musicale : Vladimir Jurowski

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