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Gymnase Japy, Paris. 17-IX -23. Ballet de l’Opéra national du Rhin : Comédie des Petits-Champs : On achève bien les chevaux. Adaptation, mise en scène et chorégraphie : Bruno Bouché, Clément Hervieu-Léger et Daniel San Pedro. Assistant mise en scène et dramaturgie : Aurélien Hamard-Padis. Costumes : Caroline de Vivaise. Scénographie : Aurélie Maestre, Bogna G. Jaroslawski. Lumières : Alban Sauvé. Son : Nicolas Lespagnol-Rizzi. Coach Vocal : Ana Karina Rossi. Comédiens : Louis Berthélémy, Luca Besse, Clémence Boué, Stéphane Facco, Josua Hoffalt, Juliette Léger, Muriel Zusperreguy, Claude Agrafeil, Daniel San Pedro. Musiciens : M’hamed El Menjra, David Paycha, Noé Codjia, Maxime Georges. Ballet de l’Opéra national du Rhin
Au Gymnase Japy, lieu historique du 11e arrondissement de Paris, l'adaptation d'On achève bien les chevaux trouve un cadre idéal, réunissant 45 danseurs, comédiens et musiciens du CCN – Ballet de l'Opéra national du Rhin et de la Compagnie des Petits Champs.
Après la crise de 1929, les marathons de danse, où l'on devait danser jusqu'à rester le dernier sur la piste, était un moyen de subsistance pour beaucoup de jeunes couples à New York, Londres, Paris ou Berlin. « Repas et lits gratuit tant qu'on tient le coup et 10 000 $ de récompense », souligne une participante, incarnée par l'une des comédiennes de la Compagnie des Petits Champs, qui constitue, avec les danseurs du CCN – Ballet de l'Opéra national du Rhin et les musiciens de Daniel San Pedro, la troupe d'une cinquantaine de danseurs-acteurs et musiciens, dont font partie Muriel Zusperreguy et Josua Hoffalt, anciens danseurs du Ballet de l'Opéra de Paris.
Le trio Bruno Bouché, Clément Hervieu-Léger et Daniel San Pedro qui signe cette première adaptation pour la scène du célèbre roman noir d'Horace McCoy, porté à l'écran par Sydney Pollack en 1969, transpose l'action dans les années 1980 dans un gymnase new-yorkais qui n'est pas sans rappeler le décor de Wellfare, la mise en scène par Julie Deliquet du film éponyme de Frédéric Wiseman présentée en ouverture du Festival d'Avignon cet été. Le choix pour ces deux dates parisiennes, programmées par le Carreau du Temple dans le cadre de l'Olympiade culturelle et des Journées européennes du patrimoine, semble alors idéal, avant la poursuite d'une tournée qui passera en novembre par Lyon, en février à Caen et au printemps par Mulhouse, Strasbourg et Amiens.
La musique enchaîne les tubes de rock mainstream des années 80 et la danse n'obéit à aucun style particulier. Elle ne brille que lorsque les danseurs se dégagent de temps à autre de la masse informe des concurrents pour s'avancer vers l'avant-scène, prétexte à des épisodes théâtraux incarnés par les comédiens.
Au début, tout va bien, les couples dansent avec enthousiasme. Toutes les deux heures, dix minutes de pause permettent aux concurrents de se restaurer, des intermèdes qui devraient être mis à profit par une dramaturgie renforcée et un travail plus intense sur les personnages. À la reprise, le chorégraphe Bruno Bouché, directeur du Ballet du Rhin, a ménagé un effet « corps de ballet » avec des duos à l'unisson. Les tensions naissent entre les danseurs, l'organisateur du marathon imagine de nouvelles épreuves pour pimenter la performance et attirer le public. L'une d'elles, le derby, fait basculer le marathon dans un concours d'athlétisme où tous les coups sont permis pour passer devant. L'épuisement se lit sur les visages défaits et la pause est bienvenue pour les danseurs, qui en profitent pour se raser, se coiffer ou se brosser les dents.
Créé en juillet au Festival d'été de Châteauvallon, puis au festival Le Temps d'aimer, sur la côte basque, le ballet, de plus d'une heure vingt, adopte un rythme souvent languissant, où la danse, paradoxalement, dispose de la portion congrue. En effet, la danse et la musique ne parviennent pas toujours à masquer les baisses de rythme, dans lesquels s'infiltrent cependant quelques incursions poétiques, comme la variation de Giselle dansé par une jeune femme en tutu d'un blanc sale. Les ellipses temporelles sont assurées par le bruit d'un métro aérien, passant à proximité.
L'épreuve devient de plus en plus inhumaine au fur et à mesure que les heures et les jours passent. « Manège de chevaux de bois », où les drames se succèdent, cette micro-société est aussi un lieu où des liens se créent, se renforcent ou se défont, le tout soigneusement mis en scène par le patron de l'établissement, Cox, qui va jusqu'à organiser un mariage sponsorisé par des enseignes locales. Cox et ses deux acolytes, Rollo et Rocky, se révèlent être d'ailleurs des danseurs plus authentiques que certains des concurrents.
Alors que plus de 40 jours de danse interrompue ont épuisé les danseurs, la « Ligue des mères pour le relèvement de la moralité publique » fait soudain irruption, demandant l'arrêt du marathon, une affaire prestement, prise en main par Cox. Cette affaire signe le glas de la compétition, qui s'achève comme le roman d'Horace McCoy dans le désenchantement, et sans le moindre message d'espoir.
Crédits photographiques : © Agathe Poupeney / Opéra national du Rhin et © Parisot / Opéra national du Rhin
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Gymnase Japy, Paris. 17-IX -23. Ballet de l’Opéra national du Rhin : Comédie des Petits-Champs : On achève bien les chevaux. Adaptation, mise en scène et chorégraphie : Bruno Bouché, Clément Hervieu-Léger et Daniel San Pedro. Assistant mise en scène et dramaturgie : Aurélien Hamard-Padis. Costumes : Caroline de Vivaise. Scénographie : Aurélie Maestre, Bogna G. Jaroslawski. Lumières : Alban Sauvé. Son : Nicolas Lespagnol-Rizzi. Coach Vocal : Ana Karina Rossi. Comédiens : Louis Berthélémy, Luca Besse, Clémence Boué, Stéphane Facco, Josua Hoffalt, Juliette Léger, Muriel Zusperreguy, Claude Agrafeil, Daniel San Pedro. Musiciens : M’hamed El Menjra, David Paycha, Noé Codjia, Maxime Georges. Ballet de l’Opéra national du Rhin