Patientia avec Philip Glass, Kjetil Bjerkestrand et Sara Övinge
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Philip Glass (né en 1937) : Concerto pour violon n° 2 The Four American Seasons. Kjetil Bjerkestrand (né en 1955) : Concerto pour violon n° 1 Patientia. Sara Övinge, violon ; Norvegian Chamber Orchestra, direction : Edward Gardner. 1 CD Lawo. Enregistré du 2 au 6 août 2021 à l’Église Sofienberg. Notice de présentation en anglais. Durée : 72:00
LawoLa jeune violoniste Sara Övinge est à l'origine de ce beau disque venu du froid qui n'ambitionne rien moins que de mettre en miroir le passé et le futur de la musique. En compagnie de Philip Glass et Kjetil Bjerkestrand.
The American Four Seasons, le Concerto pour violon n° 2 de Philip Glass, avait été commandé au compositeur par le violoniste Robert McDuffie, lequel souhaitait offrir au cours d'un même concert, un pendant aux Quatre saisons de Vivaldi. De cette invite au dialogue avec le passé de la musique, Glass ne garda que le squelette vivaldien : la durée (environ 40 minutes), l'effectif (des cordes), le continuo (un clavecin) ainsi que la structure en quatre mouvements (sans titres), assez développés, et aussi éloignés que possible de tout dessein pictural, précédés d'un Prologue et séparés par trois songs faisant office de cadences. Plus inhabituel, le compositeur américain délivra même un curieux blanc-seing à ses futurs interprètes comme à leurs auditeurs : libre aux uns comme aux autres d'intervertir l'ordre des mouvements, comme de leur attribuer une saison particulière : le superbe Movement II pourra aussi bien être celui de la glaciation de l'hiver que celui de la torpeur immobile de l'été. Sara Övinge, entrée dans le monde du violon dès l'âge de quatre ans, actuellement membre du Norvegian Chamber Orchestra et de l'ensemble de musique contemporaine Cikada, a sauté sur une autre occasion d'exercer sa liberté créative : la permissive partition de Glass mentionnant un clavier, elle remplace le clavecin de la création de The American Four Seasons (2009) par son avatar contemporain : le synthétiseur.
Un instrument qu'utilise aussi beaucoup le Norvégien Kjetil Bjerkestrand, né en 1955, arrangeur et compositeur pour le cinéma, comme pour nombre d'artistes et de groupes (Ray Charles, Ute Lemper, Dee Dee Bridgewater…), auquel la violoniste suédoise passe commande d'un concerto pour violon, qu'elle met à son tour en miroir avec celui de Glass. Est né Patientia, écrit pour deux violons, un alto, un violoncelle et deux synthétiseurs. Avec sa dépaysante variété d'atmosphères, d'abord mystérieuse et suspendue, la partition de trente minutes capte d'emblée. De ses six numéros émergent plus particulièrement Seven (où Kraftwerk fait jerker un thème célèbre du répertoire classique) et, claudiquant sur la sublime D 959 de Schubert, la spectrale passacaille conclusive (la future basse obstinée de toute la musique populaire actuelle ne pouvait pas ne pas être invitée dans le disque) qui donne son titre à l'album : Patientia.
La prise de son capte avec beaucoup de relief les sonorités très pures du violon de Sara Övinge, du Norvegian Chamber Orchestra dirigé avec un beau sens du recueillement par Edward Gardner, comme les moindres détails de ces deux partitions hypnotiques. Patientia, le disque, est bien sûr une pierre lancée dans le jardin des luttes intestines entre frères ennemis (instruments acoustiques versus instruments électroniques), illustrant au-delà de l'inespéré ce bon mot de Philip Glass : « Le passé est réinventé et devient le futur. »
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Philip Glass (né en 1937) : Concerto pour violon n° 2 The Four American Seasons. Kjetil Bjerkestrand (né en 1955) : Concerto pour violon n° 1 Patientia. Sara Övinge, violon ; Norvegian Chamber Orchestra, direction : Edward Gardner. 1 CD Lawo. Enregistré du 2 au 6 août 2021 à l’Église Sofienberg. Notice de présentation en anglais. Durée : 72:00
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