La Messe en si de Bach par Herreweghe à la Philharmonie de Berlin
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Berlin. Philharmonie. 13-IX-2023. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Messe en si mineur BWV 232. Dorothee Mields, soprano I ; Margot Oitzinger, soprano II ; Alex Potter, alto ; Guy Cutting, ténor ; Peter Kooij, baryton ; Collegium Vocale Gent, direction : Philippe Herreweghe
Un chœur sublime ne compense pas entièrement une approche qui manque un peu d'ampleur et d'engagement.
Herreweghe et Bach, Herreweghe et la Messe en si : la Musikfest Berlin n'a pas fait le choix de l'originalité pour ce concert, mais entendre une fois encore un grand musicien remettre sur le métier une œuvre qui lui est aussi étroitement associée, ce n'est jamais du temps perdu. Pour ce concert dans un espace qui n'est pas tout à fait idéal pour cette musique, Herreweghe choisit une interprétation étonnamment chambriste, qui oblige à une écoute attentive, là où on pourrait s'attendre à un peu plus d'austère grandeur.
La distribution vocale est un peu inégale pour ce concert : fidèle de Herreweghe depuis des décennies, Peter Kooij est désormais un peu fatigué dans une œuvre où ses qualités de diseur trouvent moins à s'employer que dans d'autres grandes œuvres de Bach, et le ténor Guy Cutting manque de cette sorte d'aura prophétique que Bach confie volontiers à cette tessiture. De même, la mezzo Margot Oitzinger reste un peu trop réservée dans le Laudamus te qui demande un peu plus de rayonnement. Dorothee Mields est un peu plus lumineuse, mais c'est le contre-ténor Alex Potter, avec son timbre ferme et lumineux, sa diction efficace et sa probité stylistique qui donne les plus grandes satisfactions de la soirée.
Herreweghe dirige ici un orchestre de haute qualité, dominé par des solistes au plus haut niveau ; la flûte de Patrick Beuckels en particulier fait merveille dans les deux mouvements où il est soliste, fluide et éloquente. La gestuelle de Herreweghe est comme toujours d'une grande sobriété ; le manque d'ampleur des passages les plus proprement orchestraux de la partition ne sont cependant pas le résultat de ce paramètre visuel, mais celui d'un choix esthétique un peu frustrant qui avait déjà été noté lors de la parution de son troisième et, à ce jour, dernier enregistrement de la Messe en si.
Mais comme souvent avec Herreweghe, c'est le chœur qui fait l'événement : dix-huit chanteurs, y compris les cinq solistes, suffisent à conquérir tout l'espace sonore de la Philharmonie, au risque parfois de couvrir l'orchestre, mais la pure beauté du tressage des voix dans les passages où la polyphonie est la plus ambitieuse est une pure magie sonore qui fait oublier les quelques réserves suscitées par les solistes et une direction trop timide.
Crédits photographiques : © Fabian Schellhorn
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Berlin. Philharmonie. 13-IX-2023. Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Messe en si mineur BWV 232. Dorothee Mields, soprano I ; Margot Oitzinger, soprano II ; Alex Potter, alto ; Guy Cutting, ténor ; Peter Kooij, baryton ; Collegium Vocale Gent, direction : Philippe Herreweghe